21 candidats à la présidentielle du 23 décembre 2018. Au moins 20 parmi eux ont vanté des budgets gouvernementaux mirifiques. Souvent pour se comparer aux Etats voisins, comme l’Angola et le Congo-Brazzaville, pays producteurs de pétrole, qui affichent des chiffres annuels fort impressionnants et fascinants, sans pour autant être comptés parmi les mieux lotis en matière de développement et de bien-être social. Ni sur le continent, ni à travers le monde très capitaliste qui accapare les rênes du devenir de tous.
Jeudi 19 novembre 2018, un candidat à la présidentielle est sorti du lot des « marchands d’illusions », sur lesquels, du reste, les RD Congolais ne se font guère d’illusions. Emmanuel Ramazani Shadary, le candidat du Front Commun pour le Congo (FCC), la méga plateforme électorale kabiliste, a présenté son programme de gouvernance. Le projet derrière lequel le successeur du Chef de l’Etat en place, Joseph Kabila Kabange, entend entraîner quelque 40 millions d’électeurs.
La cérémonie de présentation du programme Shadary s’est tenue au Salon Congo du Pullman Hôtel Kinshasa, qui a refusé du monde, comme toutes les manifestations politiques organisées par le FCC jusque-là. Autour de 16 h 30’, c’est bien laborieusement que celui que l’on désigne du surnom de « Dauphin » de Joseph Kabila s’est frayé le chemin qui donne accès à l’immense salle hôtelière, pleine comme un œuf. De représentants de la presse, de membres du gouvernement et des cadres du FCC. Pour une séance qui s’est voulue sélect, sans succès.
2 heures pour décliner un programme pragmatique
Au Pullman Hôtel, jeudi après-midi, Emmanuel Shadary a mis quelque 2 heures à décliner son plan d’action pour le Congo. Deux heures qui ont révélé à ceux qui en doutaient encore, l’extraordinaire résilience de l’homme choisi par Joseph Kabila et le FCC. Shadary, c’est un scientifique, un homme de terrain, qui expose ses idées avec passion. Suffisamment de passion pour s’interrompre plus d’une fois, malgré les caméras de télévisions nationales et étrangères, et débarrasser le texte de quelque 40 pages lues pour la circonstance de l’une ou l’autre coquille. Et l’entrecouper de mimiques insistances et empreintes de détermination : l’homme est un pragmatique fort rodé à l’ouvrage, à n’en pas douter.
Du programme du candidat proprement dit, il a révélé que la tâche sera rude dans les jours et semaines à venir. Pour tous ceux qui, comme atteints de cécité, ne sont pas rendus compte que les RD Congolais ont suffisamment évolué pour ne plus soutenir n’importe quel mirage économique et financier. «C’est le programme réparateur du domicilié qui connaît les failles de la toiture », explique au Maximum un ancien ministre arrivé en retard à la cérémonie, qui s’est égaré dans les travées réservées aux médias au Salon Congo du Pullman Hôtel. Shadary, il ne s’est pas égaré dans les projections populistes pour proposer ses solutions pour le Congo, son Congo.
86 milliards USD, pas des chiffres en l’air
86 milliards USD, a-t-il proposé de rassembler pour consolider les acquis de deux législatures kabilistes qui ont permis de construire les fondements du décollage. De cela, peu parmi les candidats en parlent. Il faut partir de quelque part, et les chiffres brandis devant les RD Congolais ébahis ne peuvent tomber du ciel. « De 2001 à 2017, grâce à une réelle volonté politique, et sur fond de réformes multisectorielles, la RDC a, non sans peine, mais avec beaucoup de détermination retrouvé la stabilité politique. Le travail abattu, plus particulièrement depuis 2001, peut se résumer en trois mots : Réunifier, rassembler, Rebâtir. Aujourd’hui le territoire national est réunifié ; l’administration publique est une, l’armée est une ; la monnaie nationale est une. L’époque des territoires administratives éclatés, des espaces monétaires autonomes et des forces armées et de sécurité sous plusieurs commandements appartiennent à ce passé douloureux qu’on ne souhaiterait plus revivre. Le peuple congolais est de nouveau rassemblé », rappelle cet ancien vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur. Dont on peut tout dire, sauf qu’il ne sait pas de quoi il parle. Shadary avance des chiffres, comme tout le monde, mais il indique surtout comment il les réunira. 86 milliards USD sur 5 ans, ce sont bel et bien quelque 17 milliards USD qu’il faut réunir annuellement. C’est faisable, selon le candidat FCC à la présidentielle du 23 décembre 2018 : il suffit d’améliorer la mobilisation des recettes et la création des richesses.
Redonner sa fierté au Congolais
Pour y parvenir, Emmanuel Ramazani Shadary compte redonner sa fierté au RD Congolais à travers quelques axes principaux de l’action gouvernementale, à mettre en œuvre dès janvier 2019 : le renforcement de l’autorité de l’Etat ; la construction d’une économie diversifiée et compétitive ; la lutte contre la corruption et l’accès aux services sociaux de base ; le renforcement du rôle géostratégique de la RD Congo. « Je fonde la vison qui porte mon action sur la valorisation de l’homme Congolais, de sa fierté, de sa dignité tributaire essentiellement de quatre axes », explique Shadary, entre deux gorgées d’eau servi par la seconde de ses filles, un ingénieur formé à l’Université de Kinshasa. Et non pas dans une université étrangère : Shadary, c’est l’homme du made in DRC, même s’il ne l’a pas expressément affirmé. Ses adversaires politiques, qui vantent formation universitaire étrangère et relations extraverties dont on ne peut s’assurer qu’elles profitent à la Nation, devraient avoir fort à faire dans les prochaines semaines.
Le Congo qui m’a tout donné … pas l’étranger …
Cris de cœur : Je m’engage … « pour ce Congo que j’aime tant, ce Congo qui m’a tout donné, ce Congo qui m’a tout appris … », scande le candidat du FCC qui assure cheminer vers la présidence de la République. A coup sûr. Son projet de société, Shadary l’articule également sur 4 piliers qui seront déclinés par le gouvernement issu des scrutins de décembre 2018 : l’assurance de la protection du citoyen et de ses biens par l’Etat ; la garantie de l’emploi et des revenus suffisants pour couvrir les besoins de base de tous les Congolais ; la garantie de l’accès aux services publics de l’Etat ; la démonstration de l’importance de la position géostratégique de la RDC. « La tâche qui incombe à notre peuple tout entier à l’heure actuelle est d’élever notre détermination à gagner le pari du développement et de la dignité du Congolais en consolidant la marche vers l’émergence de la RD Congo, amorcée par le refondateur de l’Etat congolais, … le Camarade Joseph Kabila Kabange », ponctue le candidat du FCC à la prochaine présidentielle. « Maintenant que nous avons réunifié, rassemblé et assemblé les matériaux pour bâtir, mon programme des cinq prochaines années pour le mandat que je sollicite se fonde justement sur les atouts majeurs que la RDC possède sur les plans politique, économique et social », peut-il conclure. Et ça convainc plus d’un. Peut-être parce que c’est finalement plus réaliste.
J.N.