Les années passent et ressemble au Mouvement de Libération du Congo de Jean-Pierre Bemba Gombo. Qu’il soit derrière les barreaux ou en liberté, aucune alternative politique interne au parti n’est possible en dehors de la personne du Président du parti, Jean-Pierre Bemba Gombo. Un mode de gestion interne propre à la plupart des partis politiques en RD Congo : jamais rien sans le président, généralement fondateur du parti, autour duquel tout doit tourner jusqu’à ce qu’il tourne l’arme à gauche, comme on dit. C’est ainsi que 10 ans de détention dans les geôles de la CPI à la Haye ont vidé le plus grand politique de l’opposition en 2006 des meilleurs de cas cadres. José Makila Sumanda, François Mwamba, Olivier Kamitatu, Thomas Luhaka, Jean-Lucien Busa … tous sont partis les uns après les autres : parce qu’il n’y avait pas d’avenir ni d’alternative politique en dehors de la personne du chairman JPB.
L’affaire semble devoir se répéter. S’adressant aux militants du parti le week-end dernier, Jean-Pierre Bemba Gombo leur transmis un certain nombre de recommandations relatives au processus électoral en cours. Qui semblent rien moins que suicidaires pour tout le monde au sein du parti, sauf pour lui-même.
Certes, Jean-Pierre Bemba promet le soutien du MLC au candidat de l’opposition qui conclura des accords (de partage de pouvoir sans doute) avec le parti. Mais la question de la désignation d’un candidat commun de l’opposition demeure une équation insoluble, selon la plupart d’observateurs, et vide la promesse de collaboration de toute sa substance.
Reste les autres recommandations de JPB aux militants du parti. «Ils ont invalidé les opposants redoutables comme moi. Ils savaient que je gagnerais l’élection. Pas de problème, mais si nous allons aux élections, il faut que ça soit des élections justes et apaisées », conditionne le chairman du MLC. Par élections justes et apaisées, il faut entendre des élections qui ne débouchent sur « des faux résultats de vote ». « Nous ne devons pas accepter qu’ils nous trompent avec de faux résultats de vote. Il faut que la machine à voter soit écartée et qu’on nettoie le fichier électoral. Nous ne devons pas accepter d’aller aux élections dans ces conditions-là. Si nous y allons, soyez sur que les finaux sont déjà connus », inculque ce candidat invalidé par la CENI et la Cour constitutionnelle pour condamnation par la CPI à ses militants-combattants. C’est du cocktail molotov placé au frigo pour usage au moment opportun. « Nous ne sommes ni des vaches ni des chèvres pour cautionner les élections telles qu’elles se présentent », déclare encore JPB à ses militants ce samedi 22 septembre 2018, promettant de donner consigne au moment opportun.
Plutôt que de maximiser les chances de son parti aux prochaines élections en désignant, par exemple, un autre candidat du parti à la prochaine présidentielle que l’opposition serait conviée à soutenir, Bemba préfère tout sacrifier à son sort personnel. Pas de candidature de Jean-Pierre Bemba, pas de candidat du MLC à la présidentielle. Seulement une plus que probable contestation des résultats, qui ressemble davantage à une contestation à l’avance de l’absence de JPB à l’élection présidentielle.
J.N.