Mercredi 19 septembre 2018, des activistes de la société dite civile, des partis politiques et des acteurs politiques, essentiellement de l’opposition, ont célébré à de degrés divers les manifestations sanglantes du 19 septembre 2016, il y a deux ans. Au cours d’échauffourées qui ont opposé les manifestants chauffés à blanc par la propagande des partis politiques de l’opposition rassemblées depuis quelques mois dans une plateforme pour « dégager » Joseph Kabila avant toute élection, le Rassemblement des Forces Politiques et Sociales acquises au changement (RASSOP), 17 personnes avaient trouvé la mort, dont 3 éléments de la police nationale. De nombreux dégâts matériels avaient également été enregistrés, notamment, l’incendie des sièges du PPRD et du CNC de Pius Muabilu. Mais aussi, l’agression et l’incendie du siège de l’UDPS par des individus non autrement identifiés, selon l’expression consacrée, dans la nuit du 19 au 20 septembre.
En principe, la manifestation populaire du 19 septembre 2016 visait les bureaux de la CENI à la Gombe, où devaient être déposé un préavis exigeant que Joseph Kabila quitte le pouvoir avant le 19 novembre de la même année. Mais la manifestation organisée à l’appel du Rassop dégénéra avant d’atteindre ses objectifs avoués et non avoués. Si, officiellement, il s’agissait selon les déclarations de Freddy Matungulu, porte-parole de la Dynamique de l’opposition à l’époque des faits, à déposer un préavis de fin de mandat présidentiel à la CENI, dans la réalité le but inavoué poursuivi par Moïse Katumbi Chapwe et le défunt Etienne Tshisekedi wa Mulumba était de provoquer une gigantesque insurrection populaire qui déstabilise les institutions en place et permette l’instauration d’une nouvelle période de transition sans Joseph Kabila.
Casseurs professionnels armés parmi les manifestants
Ainsi qu’on l’a su par la suite, la présence d’hommes en armes de guerre parmi les manifestants du 19 septembre 2016 indique que les organisateurs mettaient en œuvre le schéma de l’insurrection populaire burkinabè qui avait fait tomber Blaise Compaoré quelques temps plus tôt. On l’a également su par la suite, parmi d’innocents manifestants civils s’étaient glissés des commandos chargés de mettre le feu aux poudres à des endroits stratégiques précis, comme le parlement burkinabè. Les foules en furie stoppées à la hauteur de Limete à Kinshasa auraient atteint le Palais du Peuple qu’ils l’auraient sûrement incendié, estiment les observateurs.
L’épreuve de force engagée pour « dégager » Joseph Kabila sans autre forme de procès que la volonté de Moïse Katumbi et du défunt Etienne Tshisekedi d’emprunter le raccourci insurrectionnel pour accéder au pouvoir s’est donc soldée par un échec lamentable. Deux ans après septembre 2016, Joseph Kabila est toujours là, qui a même surpris tout le monde en respectant la constitution qui lui interdit de briguer un troisième mandat présidentiel consécutif, et les élections abhorrées, prévues le 23 décembre 2018, sont plus que jamais prêtes à se tenir.
Les manifestations qui ont marqué le deuxième anniversaire des tentatives insurrectionnelles de septembre 2016 il y a deux jours ont donc commémoré un échec politique, en réalité. Et les victimes présentées comme des martyrs ne le sont pas. Il s’agit plutôt de véritables victimes de politiques inconséquentes de leaders de l’opposition, de la chair à canon envoyé dans les rues kinoises et rd congolaises affronter les pouvoirs publics, alors que parents et proches des organisateurs de ces manifestations se la coulent douce. Aucun Tshisekedi, aucun Katumbi, aucun Matungulu, aucun Fayulu ne se hasardera jamais dans une manifestation politique publique, même organisée à l’appel de Dieu le Père. L’enfer, c’est pour les autres. Le martyr qui va avec aussi. Jamais pour soi-même et les siens.
J.N.