Une vive polémique sur la pénurie des produits pétroliers a gagné Kinshasa depuis le week-end dernier. Si, selon certains médias, SEP aurait démenti Les allégations de rupture de stock de carburant, une lettre de deux hauts cadres du Service des Entreprises pétrolières appelle le ministre des Hydrocarbures à agir.
Dans une correspondance référencée DEXDIR/0183/18-MV/maga datée du 11 septembre 2018, adressée au ministre des Hydrocarbures, Aimé Ngoy Mukena, dont une copie a été transmise au Chef l’Etat, Joseph Kabila, et au Premier ministre, Bruno Tshibala, l’administrateur directeur général adjoint de SEP, Jean Madebu Bunga Madrandele et le directeur du département d’exploitation, Célestin Beya redoutent que « cette situation va rapidement se traduire par la rupture des produits pétroliers dans les stations-services vraisemblablement d’ici la fin de la semaine, si les stocks ne sont pas reconstitués». Les stocks des sociétés commerciales tant en essence qu’en gazole sont, en effet, en-deçà de 30 % du stock, apprend-on. En d’autres termes, la RDC ne disposera même plus du stock stratégique que doivent obligatoirement conserver les entreprises commerciales. « Nous les avons mis en demeure de reconstituer urgemment leurs stocks, sans actions de leur part », poursuivent l’administrateur directeur général adjoint de SEP, Jean Madebu Bunga Madrandele et le directeur du département d’exploitation, Célestin Beya dans leur correspondance au ministre de tutelle. Les réfractaires, s’il faut les désigner ainsi, sont Engen, Total, Aristea, bref, les entreprises étrangères qui détiennent l’actionnariat majoritaire à SEP Congo. La Société nationale des hydrocarbures, Sonahydroc SA ex-Cohydro, représente les intérêts de l’Etat avec 36 % d’actions, selon nos sources. Actionnaire minoritaire, l’Etat a été contraint depuis des lustres à céder le poste du numéro un de SEP. Il est à ce jour occupé par Marc Voillard, qui n’a pas apposé sa signature dans la correspondance adressée aux autorités r-dcongolaises…signe d’un malaise plutôt en profondeur au sein de SEP.
Et les deux hauts cadres de poursuivre« SEP Congo SA gère les stocks disponibles en tolérant ponctuellement un stock négatif pour une Socom [Société commerciale, Ndlr] sous réserve que le stock disponible globale de toutes les Socoms soit positif, et ce, pour ne pas perturber la distribution nationale en produits pétroliers. Or cette tolérance ne saurait s’appliquer dès que le stock disponible de toutes les Socoms devient négatif ». En tout cas lundi 17 septembre 2018, les stations-services ont normalement vendu du carburant. Depuis le début de l’année, le prix du litre à la pompe a déjà augmenté à trois reprises. Le prix du litre du carburant a augmenté de 4,62 %, soit 80 FC à la pompe, passant ainsi de 1 730 FC à 1 810 CDF pour l’essence et de 1 720 FC à 1 800 FC. Chaque fois le ministre de l’Economie, Joseph Kapika, justifiait la hausse à la pompe du fait de l’augmentation du prix du baril de pétrole sur le marché international, celui du PMF, prix moyen frontière commercial ainsi que l’écart du taux change appliqué dans la structure des prix du carburant en RDC avec la réalité du marché de change. Pourtant des analystes pressentaient déjà un malaise qui couvait au sein de SEP. Il y a encore quelques mois, l’ex-directeur général du Service des entreprises pétrolières, François Créma Deillis, estimait que SEP vivait peut-être ses derniers jours alors que le PCA Tunda ya Kasende (représentant l’Etat au sein de l’établissement public) soutenait le contraire.
POLD LEVI MAWEJA