Pasteur Bokundoa-Bo-Likabe. C’est le président national de l’Eglise du Christ au Congo (ECC), l’église protestante en fait, il est donc l’équivalent du président de la Conférence Episcopale de l’église catholique romaine en RD Congo. Un peu comme le Monsengwo de l’autre côté de l’ex. avenue du 24 novembre, à son croisement avec le boulevard Triomphal, cette avenue à 8 bandes qui a attendu la venue au pouvoir des Kabila père et fils pour jaillir des entrailles de la terre.
L’homme de Dieu chez les protestants a effectué une sortie médiatique dont on peut se demander si elle fut heureuse. Au cours d’une célébration cultuelle, samedi 18 août 2018 au Stade Père Raphaël de la Kethule de Kinshasa, Bokundoa-Bo-Libake a exhorté la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) à se pencher sur les questions qui « fâchent ». Comme ses homologues de l’église catholique romaine, le patron des âmes protestantes rd congolaises a décidé de botter dans … politique politicienne. Le pasteur s’est également félicité du fait que Joseph Kabila n’ait pas brigué un mandat présidentiel supplémentaire, appelant la classe politique l’unité et à la responsabilité en cette période cruciale pour le pays.
Ce faisant, le pasteur protestant a succombé au péché du mimétisme … béat. Certes, ces pairs de l’église catholique romaine avaient beau jeu en distillant des leçons politiques à tout va sans avoir jamais osé renoncer aux avantages du pouvoir … divin et politique qu’ils ne dédaignent guère. Jusqu’à s’emmêler les pinceaux dans des contradictions inhérentes à cette gestion trop humaine des âmes de Dieu. Bokundoa a plongé dedans tête baissée. Et s’est lourdement gouré dès qu’il a ouvert la bouche.
Ce n’est pas la CENI, une institution indépendante (des églises aussi !) d’appui à la démocratie qui gère les questions qui « fâchent ». La centrale électorale s’occupe des aspects techniques d’organisation des élections. Ce sont les acteurs politiques et les parties prenantes au processus électoral (dont les églises qui, du reste, désignent le président de la CENI) qui gèrent les colères en les prévenant ou en les calmant. En s’adressant à la CENI de cette manière là, Bokundoa s’est mué en acteur politique et a affiché tons et couleurs. Ce n’est pas interdit à un homme de Dieu, certes. A la condition de ne pas se dissimuler sous la soutane, de ne pas substituer un discours politique à la prédication.
J.N.