300 femmes soumises à l’esclavage sexuel dans un ou des villages dans les provinces kasaiennes de la RD Congo. Tels sont les crimes d’abus sexuels mises sur le dos des milices dits « Bana Mura », présentés par les enquêteurs onusiens comme proches des FARDC. « Bana Mura », du nom de « Mura », un centre de formation FARDC de l’ex province du Katanga, semble collé à cette milice en conformité avec des insinuations relatives au déploiement de la Garde Républicaine pour enrayer les milices Kamwina Nsapu dans les régions kasaiennes en 2017. 300 femmes soumises à l’esclavage sexuel par les « Bana Mura », cela veut dire que des éléments armés plus ou moins contrôlés par les technostructures officielles se rendent coupables d’atteintes aux droits de l’homme. L’accusation, cyclique et insistante, a été répétée par les experts dépêchés par la Commission des droits de l’homme de l’ONU pour enquêter sur les crimes commis dans les provinces kasaiennes. C’en était trop pour les autorités rd congolaises qui avaient déjà dénoncé la légèreté des conclusions rendues publiques il y a quelques mois. Marie-Ange Mushobekwa, la ministre en charge des Droits humains, a dénoncé le fake news onusien la semaine dernière. Il trahit l’ignorance parfaite des réalités du terrain, notamment : 300 femmes dans un village ? Cela ne passe pas inaperçu. C’est impossible, les experts onusiens n’ont pas grande idée du nombre d’habitants par village dans ces régions, cela saute aux yeux. L’information est fausse et écorne l’image de la RD Congo, peste Marie-Ange Mushobekwa, qui dénonce « une fausse rumeur amplifiée par la MONUSCO ».
Services de renseignements, civils et militaires ont été mis à contribution pour établir les faits allégués par la commission Bacre Ndiaye, du nom du chef de la mission d’experts onusiens qui ont enquêté sur le phénomène Kamwina Nsapu dans les provinces kasaiennes. Ou, plus exactement, qui s’étaient rendus à deux ou trois reprises sur le terrain des opérations, avant de pondre un rapport sous-traité avec les mouvements citoyens et Ong de défense des droits humains plus ou moins affiliés au Bureau Conjoint des Nations-Unies pour les Droits de l’Homme (BCNUDH). Mais aucune trace d’autant de femmes soumises à l’esclavage sexuel n’a été trouvée.
Invités avec insistance à indiquer les lieux de séquestration de ces esclaves (des fermes, selon les experts onusiens), aussi bien le BCNUDH que le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Droits de l’Homme fournir une localisation exacte. Encore une de ces accusations générique, mal et pas documentée, dont sont friands les préposés onusiens en RD Congo. Le 31 juillet 2018, Florence Marshall, la porte-parole de la mission onusienne en RD Congo, s’est fendue d’une communication à la presse sur le sujet. Elle ramène le nombre de prétendues esclaves sexuelles de 300 à 60 victimes, et même moins. Mais n’indique toujours pas où gitent les victimes. « Suite à une enquête effectuée en décembre 2017, la Mission avait pu confirmer l’enlèvement de 66 personnes dont 2 femmes, 49 filles et 15 garçons. Depuis lors, certains de ces otages ont été relâchés », écrit-elle dans une note à la presse. Le gouvernement avait été alerté afin de faciliter la libération des otages, explique-t-elle, sans indiquer où elles se trouvent !
Ce qui conforte l’opinion, de plus en plus admise, que la mission onusienne déstabilise plus qu’elle ne stabilise en RD Congo. Mouvements dits citoyens et Ong de tous acabits, les uns et les autres plus ou moins subventionnés par des institutions onusiennes ou internationales, se sont emparées de l’affaire des 300 esclaves sexuelles du Kasai. Lundi 30 juillet 2018, Eccha, un de ses mouvements, organisait une manifestation à Kinshasa pour dénoncer l’esclavage sexuel dont sont victimes les filles mineures au Kasai. Et c’est parti pour la gloire : il ne s’agit plus de 300 femmes mais des filles mineures au Kasai. Eccha conviait « … les mouvements citoyens, la société civile, la population kinoise en général et les femmes (commerçantes, ménagères, étudiantes, jeunes filles, fonctionnaires, journalistes et autres) en particulier à se joindre à ladite marche pour revendiquer la libération des filles mineures esclaves sexuelles à Kamonia dans le Kasai et exiger que réparation soit faite ».
Non autorisée, la marche d’Eccha a été dispersée par la police et les activistes interpellés avant d’être relaxés le lendemain. Mais le mal est fait, sous la forme d’une cascade mise en branle par la Monusco : la mission onusienne lance une rumeur non vérifiée qui entraîne des réactions en chaine qui elles-mêmes provoquent l’intervention des forces de police pour préserver l’ordre public avant que la même Monusco ne publie des rapports sur les entraves aux libertés publiques de manifestants nourris de fake news. Et le tout est joué. Cela dure depuis que les onusiens ont mis les pieds en RD Congo en 1999.
J.N.