Le problème de la candidature unique de l’opposition politique rd congolaise à la prochaine présidentielle demeure, désespérément, un vrai problème à 12 jours de la clôture du dépôt des candidatures par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Non seulement les opposants sont loin, très loin d’avoir trouvé leur homme providentiel, mais pire, même le chronogramme des négociations sur la question est, lui aussi, plus que problématique.
Jusqu’à présent, deux initiatives ont été lancées, par la DCUD de l’ex UNC Odette Babandoa, qui coupe l’herbe aux pieds des uns et des autres en proposant une pétition en faveur de la candidature du cardinal Monsengwo ; et par un certain Fiyou Ndondoboni, qui assure dans les médias avoir pris l’initiative de contacts avec les leaders politiques de l’opposition à cet effet. Babandoa et Ndondoboni, « c’est du menu fretin incapable de fléchir de gros poissons de l’opposition », déclare au Maximum un combattant de l’UDPS/Tshilombo, interrogé sur le sujet.
L’ouverture des discussions sur le choix du candidat unique de l’opposition reste néanmoins sur toutes les bouches dans les travées de l’opposition. Mais si chacun, ici, entend et attend en prendre l’initiative, et ça part de toutes part, donc. Attendu à Kinshasa début août après 10 ans d’absence au pays, le MLC Jean-Pierre Bemba promet de prendre contact avec ses collègues de l’opposition aussitôt qu’il sera rentré. Cela suppose qu’il faudra attendre l’ancien vice-président de la République sous le régime du 1 + 4, arrivé 2ème à la présidentielle 2006. L’homme n’est pas un poids léger, si l’on en juge par le score obtenu au terme de ces élections à deux tours.
Qu’on se l’avoue ou pas, les discussions autour de la candidature unique de l’opposition paraissent dépendre plus que largement de la position du MLC. Eve Bazaïba, la secrétaire générale du parti bembiste, est d’avis qu’il faut attendre jusqu’au 8 août prochain, à la clôture des dépôts des candidatures à la présidentielle du 23 décembre 2018, pour entamer les pourparlers. « S’engager aujourd’hui dans cette voie peut faire en sorte que nous tombions dans le piège de la Majorité en cas du désistement de notre prétendant à la présidentielle pour telle ou telle autre raison. Il est mieux que nous nous réunissions entre le 8 et le 13 août prochains pour se choisir celui qui pourra répondre à tous les critères d’éligibilité à ces scrutins », explique Bazaïba, qui assure qu’on ne saura qui est candidat réellement qu’après le dépôt des candidatures. Un peu comme pour éviter de marchander dans le vide, avec des candidats fantômes, même si, prudente, la secrétaire bembiste évite de le dire clairement.
L’argument est d’autant plus massue qu’il y a lieu de douter de la capacité de tous les prétendants au ‘top job’ de rassembler le montant de la caution fixée à l’équivalent en Francs Congolais de 100.000 USD. Autant qu’il est royalement embêtant pour des acteurs politiques qui cultivent à la perfection la manie d’apparaître ce qu’ils ne peuvent être et de négocier sur cette base totalement fictive. Et des voix s’élèvent pour la contester, tout au moins une, celle du candidat Noël Tshiani Mwadiamvita. Economiste de formation et de profession, ce fonctionnaire international qui assure disposer d’un « plan Marshall pour sauver la RD Congo » est d’avis qu’il ne sera pas facile de convaincre un candidat qui a déjà payé une caution non remboursable de 100.000 USD de renoncer à sa candidature. Pas pour les beaux yeux d’un concurrent, même au nom de l’unité de l’opposition, mais cela, Tshiani Mwandiamvita ne le dit pas tout haut. Ce qui n’empêche que dans l’opinion à Kinshasa, certains se souviennent de la mésaventure Diomi Ndongala en 2006. Candidat à la présidentielle, le président de la Démocratie Chrétienne s’était précipité de verser sa caution avec tambours et trompettes. Avant de proposer au candidat Joseph Kabila de la lui restituer en échange de son désistement en sa faveur. Le futur vainqueur de la présidentielle 2006 se garda de répondre à cette proposition d’un concurrent qui ne pesait guère politiquement, au grand dam de cet ancien ministre des Mines converti depuis lors en opposant radical.
Au MLC, on en connaît un bout en matière de telles négociations politiques, sans doute.
J.N.