Les trois experts diligentés par le Haut-Commissariat des Nations-Unies aux de l’homme pour enquêter, de concert avec la justice rd congolaise, sur les crimes à grande échelle perpétrés dans les provinces kasaïennes en 2016 et 2017 ont rendu leur rapport. Le 26 juin 2018, l’opinion nationale et internationale a été abreuvée de déjà-entendus : « l’armée congolaise, la milice Bana Mura, considérée comme un supplétif de l’armée, et la milice Kamuina Nsapu sont renvoyées dos à dos. Toutes sont accusées de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité», balançaient nos confrères de Radio France Internationale. Qui ne se privent pas, conformément à leur ligne éditoriale du ‘Congo bashing’ d’en rajouter une couche : « La RDC n’a toujours pas réussi à former une armée professionnelle et bien organisée. Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) continuent de commettre fréquemment de graves violations des droits de l’homme contre la population civile et de vivre à ses dépens » commentent-ils avec délectation. Avant de noter que « les violences ont particulièrement affecté les enfants du Kasaï. Ces derniers ont en effet été à la fois les principales victimes et acteurs des violences. L’UNICEF a dénombré 1220 garçons et 658 filles recrutés et utilisés par la milice Kamuina Nsapu au 30 août 2017 », selon des experts qui semblaient avoir préféré réservé la primeur des conclusions de leurs « investigations » à la presse dite mondiale en lieu et place de leurs partenaires des instances judiciaires rd congolaises. Ce qui constitue en soi une violation flagrante de la mission leur confiée par le Haut commissariat aux droits de l’homme des Nations-Unies.
En réalité, « les experts onusiens n’ont rien foutu », selon une source de la justice militaire congolaise interrogée par Le Maximum, qui assure qu’on a à peine aperçu l’équipe dirigée par Bacre Waky Ndiaye dans les provinces kasaïennes écumées par des rebelles se réclamant du trône Kamwina Nsapu durant près d’un an. C’est également ce qu’assure, le plus officiellement possible et sans réserver de primeur aux médias, le gouvernement de la RD Congo.
Le 3 juillet 2018 à la 38ème session du Conseil des droits de l’homme qui s’est tenue à Genève, Marie-Ange Mushobekwa, la ministre des droits humains du gouvernement congolais n’a pas mis des gants pour dénoncer le travail « bâclé » des enquêteurs onusiens, dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils ont bouclé leurs conclusions dans une suspecte précipitation. « La collecte des informations ne s’est faite que pendant six mois au lieu des douze prévus par la Résolution 53/33 du Conseil des droits de l’homme. Et pendant ces six mois de travail, l’équipe d’experts ne sait rendue dans les provinces du Kasaï qu’à deux reprises. Et cela pour des brefs séjours. Informations, témoignages, et données collectées sur terrain ont, pour la plus part, été sous-traités », a déploré la plénipotentiaire de la RD Congo. Une source au ministère des Affaires étrangères parle de « compilation par les experts onusiens de rapports délibérément tronqués concoctés à longueur de journées par l’opposition radicale et une aile très politisée de la société civile ».
Rien de nouveau sous les tropiques, donc. Comme la plupart des rapports onusiens sur la RD Congo, les enquêteurs exploitent les travaux de pseudo-organisations de défense des droits de l’homme constituées pour les besoins de leur cause par l’opposition politique et financées par des groupes d’influence néocolonialistes occidentales dans le but inavoué de discréditer les technostructures étatiques. Et la boucle est bouclée…
C’est ainsi que le rapport publié au mois de juin ressemble à s’y méprendre à ceux que le fameux Bureau conjoint des Nations-Unies aux Droits de l’homme publie au rythme régulier d’un cycle menstruel à Kinshasa. Notamment en plaçant systématiquement sur le même pied d’égalité les forces armées nationales régulières et les forces rebelles pour émasculer l’Etat congolais, ce qui donne de la consistance aux soupçons d’une volonté radicale de balkaniser le pays de Lumumba. « On voudrait placer la RDC sous tutelle de l’ONU que l’on ne s’y prendrait pas autrement », estime un professeur des relations internationales de l’Université sous anonymat.
A Genève, le 3 juillet dernier, Marie-Ange Mushobekwa ne s’est pas montrée dupe de cette stratégie de sape systématique qui semble avoir guidé les enquêteurs cancres de l’ONU. «Nous reconnaissons qu’il y a eu (au sein des FARDC, ndlr)ceux qui se sont rendus coupables des crimes mais cela ne veut pas dire que les 100.000 hommes et femmes que compte la police congolaise sont des bandits. Nous reconnaissons également qu’il y a eu certains militaires qui ont trahi leur serment et se sont rendus coupables d’atrocités dans les Kasaï. Mais cela ne fait pas de 150.000 hommes et femmes que comptent l’armée congolaise des voyous», s’était-elle insurgée. Il est en effet curieux que Bacre W. Ndiaye et ses collègues n’aient pipé mot des procès en bonne et due forme qui ont été initiés avant même leur arrivée en RDC par les les Cours militaires supérieures de Mbuji Mayi (Kasaï Oriental) et Kananga (Kasaï Central) pour juger des militaires auteurs présumés d’actes criminels.
A force de répétition, les enquêtes onusiennes en RD Congo ont fini par révéler ce qu’elles sont. Elles poursuivent invariablement la mission de désigner à l’opinion internationale un coupable de tous les méfaits commis en RDC : l’Etat et les pouvoirs publics qui le gèrent.
J.N.