Dimanche 10 juin 2018 succombait dans l’incendie de sa résidence à Goma, Luc Nkulula, un activiste des droits de l’homme, comme on désigne ces agitateurs anti-gouvernementaux qui se distinguent depuis quelques années par un activisme à la limite de l’anarchisme. Membre de la Lucha (Lutte pour le changement), licencié en droit de l’université de Goma, Luc vivait dans une parcelle clôturée d’un de ces quartiers populaires du chef-lieu de la province du Nord-Kivu, Himbi. La résidence, en bois comme la plupart des résidences de ces quartiers gomatraciens, était composée d’un étage et d’un rez-de-chaussée. Signe d’aisance et de confort du propriétaire dans ces milieux où tout le monde ne peut pas s’offrir un gîte du genre. Dimanche dernier peu avant minuit, l’immeuble a pris feu pour des raisons non encore élucidées. Contrairement à sa sœur qui résidait là, et avait pu échapper aux flammes mortelles, Luc Nkulula est mort, calciné.
A Goma, les incendies de ces habitations en bois sont plutôt légion. Mais celui de la nuit du 10 juin 2018 avait ravagé l’habitation d’un « activiste des droits de l’homme ». Et les soupçons sont allés droit vers le pouvoir en place, que ces activistes se donnent pour tâche de vilipender à longueur des journées.
Sur la mort de Luc Nkulula, les commentaires sont allés bon train, soupçonnant tous un incendie criminel. Sont venus conforter cette tendance à la dénonciation du sorcier, comme cela se fait en pareilles circonstances dans tous les villages rd congolais, des acteurs politiques de l’opposition, qui ont donc intérêt à voir accuser leurs adversaires au pouvoir, y ont mis du leur. Message de dénonciation des dictateurs, de soutien à la Lucha, etc., ont inondé les réseaux sociaux.
Jeudi 14 juin 2018, Luc Nkulula a bien dû être inhumé dans un cimetière de Makao dans son Goma natal. Sans que les circonstances de sa mort n’aient été vraiment élucidées. Mais des versions troublantes se font jour, qui viennent problématiser la version un peu trop facile et trop vite embouchée de l’assassinat par un pouvoir qui, par ailleurs, dispose de moyens plus discrets et plus expéditifs pour se débarrasser de ceux qui le dérangent.
On apprend ainsi, notamment, que l’activiste était loin de vivre en harmonie avec ses collègues de la Lucha, au sujet des dividendes résultants des financements des bailleurs de fonds. La résidence à étage du défunt, mais également le véhicule 4×4 qu’il venait de se procurer faisait jaser parmi ses collègues, rapportent des sources. Mais il y a mieux, ou pire, c’est selon. Pour échapper une bonne fois pour toute à la vie d’activiste à Goma, Luc se serait convaincu de se la faire belle en montant le parfait scénario de l’acharnement des pouvoirs à attenter à sa vie et à celle de sa sœur, tous deux orphelins de père et de mère.
Selon cette version de la mort de Luc, l’incendie de sa résidence, dimanche dernier, avait pour but de conforter cette thèse de l’acharnement du pouvoir contre sa vie. Avec sa sœur, Nkulula observait l’incendie de sa maison lorsque se souvenant que son ordinateur était resté dans sa chambre, l’idée lui a pris d’aller le récupérer. Ce fut le voyage sans retour.
Dans la chambre située à l’étage de l’immeuble en feu, l’activiste aurait marché sur une planche déjà rongée par les flammes qui a cédé, faisant tomber le jeune activiste au rez-de-chaussée où l’incendie consumait tout. Ainsi aurait succombé Luc Nkulula, contrairement à sa sœur restée dehors.
Constatant que son frère tardait à revenir, c’est elle qui aurait avisé la Monusco qui ne pourra le sauver, selon cette version attribuée à un camarade du défunt, membre de la Lucha.
Si elle ne peut pas parfaitement expliquer la mort dramatique de l’activiste de la Lucha, dimanche 10 juin dernier dans l’incendie de sa résidence à Goma, cette thèse a l’avantage de ramener à l’esprit que la mort de Luc Nkulula pouvait aussi être le fait d’un accident.
J.N. AVEC AGENCES