Depuis que les agents et cadres de la Bralima ont réclamé et obtenu le départ d’un certain Caldini, un haut cadre français de la compagnie qui aurait déclaré que les rd Congolais ont des insuffisances congénitales, un problème dans leur ADN, Heineken, le firme-mère, aurait organisé des représailles, redoute ce syndicaliste sous couvert de l’anonymat.
En l’espace de quelques mois, tous les postes-clés ou presque de la Bralima sont occupés par des expatriés après remerciement des rd congolais sous prétexte que la compagnie brassicole croule sous la pression fiscale de l’Etat. Curieusement, déplore ce syndicaliste, des Nigérians et des Indiens ont repris l’un après l’autre les postes laissés vacants par les rd congolais. Ils bénéficient de gros salaires, sont logés, véhiculés et la scolarité de leurs enfants pris en charge par la brasserie. «Faites un tour à la Tasok, vous verrez combien il y a des enfants des agents nigérians de la Bralima. Alors que les rd congolais ne perçoivent que 90.000 FC au titre de frais de scolarisation, les Nigérians bénéficieraient de quelque 1.700 euros, poursuit le syndicaliste qui se fonde, dit-il, sur les frais de scolarité exigés à l’école anglophone Tasok.
A la Bralima, le nouveau directeur technique de la brasserie est un Nigérian. Depuis, l’on assiste à un véritable exode des jeunes, visiblement venus droit non pas de Lagos ou d’Abuja mais des villages du diable vauvert nigérian, note le syndicaliste. Il a suffi d’une altercation entre eux pour qu’on comprenne qu’il en est qui ont une certaine parenté avec les nouveaux chefs de l’entreprise. «Dans les jours qui viennent, la langue du travail à la Bralima sera l’anglais… On aura des camionneurs et distributeurs de boissons étrangers à la Bralima», redoute ce chauffeur par nous contacté. Pour lui, c’est une «décongolisation de la Bralima qui a pris d’ailleurs sa vitesse de croisière».
A la Boukin, Bouteillerie de Kinshasa, une filiale de la Bralima, ce sont des Indiens qui règnent en maîtres. «Ils sont hautains, méprisants vis-à-vis des rd congolais comme leurs frères magasiniers de l’avenue du Commerce», renchérit cet agent dont l’emploi est menacé. Son seul crime : être un rd congolais qu’un Indien doit remplacer dans les prochains jours. L’astuce est toute simple, l’on vous gratifie d’un congé à brûle-pourpoint et à votre retour, vous n’avez plus de poste…puis le licenciement, a-t-on appris.
Pis, le centre médical de la Bralima pourrait aussi fermer après des suppressions des postes à la queue leu leu. Selon un médecin du centre Le Diamant contacté par le hasard de réseaux sociaux, Bralima négocierait par l’entremise d’une ancienne haut-cadre un contrat de sous-traitance avec Diamant. Une information que la mouvance syndicale ne confirme pas encore pour l’instant. «Ce serait une catastrophe…du suicide collectif », réagit ce syndicaliste sous couvert de l’anonymat. A la Bralima, comme pour effrayer les travailleurs rd congolais, les nouveaux maîtres nigérians et indiens, sous la bénédiction, sans doute, de Heineken, ont commencé par décapiter la mouvance syndicale. «Même du temps de la colonisation, dans les années 1923, les travailleurs indigènes ne subissaient pas des actes d’humiliation que nous essuyons tous les jours des chefs nigérians», confie ce cadre, rencontré en catimini, aux alentours de la brasserie.
Dans son discours sur l’Etat de la Nation, Joseph Kabila a, fulminé contre ce type de discrimination, le 5 avril 2016 devant le Congrès : «notre pays ne saurait plus indéfiniment être ce grand marché offrant l’opportunité d’affaires et d’emplois aux peuples des pays tiers, au détriment de sa propre population et de son économie».
POLD LEVI M.