Le groupe français Necotrans qui avait racheté la société Mining Company Katanga, MCK de Moïse Katumbi a fait faillite, moins de 20 mois après le deal resté secret à ce jour. Mais des langues commencent à se délier. D’aucuns entraperçoivent la silhouette de Katumbi.
Nombre d’anciens salariés de Necotrans considèrent, en effet, le PDG Grégory Quérel comme le fossoyeur du groupe créé à Kinshasa en 1985. Pour mémoire, en novembre 2015, Grégory Quérel qui se félicitait du rachat par Necotrans de l’entreprise MCK, Mining Company Katanga, propriété de l’ancien gouverneur du Katanga – en conflit ouvert avec Kinshasa et candidat déclaré à la prochaine présidentielle depuis son exil occidental- alors que le deal était en réalité couvert d’épais nuages. Quérel que l’on dit depuis proche de l’ex-Gouv, a, en effet, fait un secret d’Etat de la question inhérente au coût de l’achat du MCK. Quoique le PDG…sortant de Necotrans eut assuré en son temps que « l’opération s’est faite sans hâte, en prenant le temps d’étudier en profondeur les comptes et la situation de l’entreprise. Les deux parties n’étaient pressées ni de vendre ni d’acheter». D’aucuns se demandaient déjà pourquoi Necotrans prenait autant de risques en achetant une entreprise dont le propriétaire, en froid avec le pouvoir en place, tentait manifestement de bazarder des affaires dont l’acquisition pourrait poser problème. A moins qu’il ne s’agisse d’un simulacre de vente et de rachat dans lequel Necotrans n’aura servi que de paravent. L’explication courante selon laquelle Necotrans aurait exigé à Moïse Katumbi de se retirer du capital de MCK avant toute transaction ne convainc guère, en effet, selon des experts.
Necotrans a, en effet, tout repris de MCK, passifs comme actifs dont une flotte de 500 engins et camions et 1900 agents, sans en licencier un seul. A l’image de l’équipe du TP Mazembe, MCK repose sur un melting-pot de nationalités. La filiale de Necotrans compte des cadres sud-africains, ghanéens et naturellement rd congolais. Le plus curieux dans ce dossier est que le fisc rd congolais n’a officiellement nullement tiré profit de cette transaction. Et nul ne s’en est plaint. Pourtant, à l’époque, Jean-Claude Muyambo, avocat d’affaires alors en conflit ouvert avec le puissant Gouv du Katanga, nourrissait la presse locale avec des tribunes libres sous forme des lettres ouvertes à Katumbi. Qui assurent que MCK s’est constituée à coups de fraude fiscale et douanière. Une enquête initiée à l’époque de ces allégations par le PGR fut promptement interrompue, et les limiers dépêchés de Kinshasa proprement éconduits de Lubumbashi, quasiment, manu militari. Dossier classé. Comme au vieux temps de la camorra sicilienne en Italie des années 1990.
Le ministre des Finances, Henri Yav Mulang, l’a aussi appris à ses dépens. L’homme a abattu un travail de fourmis et de fouine avant de présenter à l’Autorité de régulation des marchés publics toutes les preuves des irrégularités de la cession, négociée en 2011 au nom de la RD Congo par l’ancien tout puissant Gouv, du poste frontalier de Kasumbalesa, pendant 30 ans, à la firme KBP, Katanga Border Post. Le régulateur des marchés publics fera comprendre, fin 2017 au ministre des Finances son incompétence pour résilier ce marché, lui conseillant de saisir les cours et tribunaux.
L’Etat se retrouve ainsi affublée d’une dette de 30 millions de dollars sans compter les intérêts pour un marché que l’ARMP avait pourtant jugé fondé sur la violation de la loi sur les marchés publics et le manuel des procédures de passation du marché public. Voilà qui rappelle comment la Gécamines, par un jeu de passe-passe des contrats miniers, est devenue redevable à MCK, en termes des dizaines des millions de dollars. Insolvable, la Gécamines a dû céder trois de ses précieux gisements (Kinsevere, Tshilufia et Nambulwa) à MCK qui, par la suite, obtient une amodiation de 25 ans. Le moins que l’on puisse dire est que la Katumbi connection, s’il elle existe toujours, entretient des ramifications dans tout l’appareil de l’Etat.
POLD LEVI