En RD Congo, le processus qui mène vers la tenue des élections législatives nationales et provinciale et la présidentielle en décembre 2018 ne s’est jamais aussi bien porté. A la différence des scrutins précédents, particulièrement ceux de décembre 2011, l’administration électorale semble satisfaite du respect du calendrier des opérations électorales dont dépendent les joutes de décembre prochain. Le financement, assuré par le gouvernement, ne pose aucun problème jusque-là, permettant à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) de poursuivre le travail de fiabilisation du fichier électoral et la sensibilisation autour de la machine à voter, cette nouveauté technologique qui répond à l’objectif de rationalisation du processus en vue de respecter des échéances imposées par les parties prenantes à l’accord du 31 décembre 2016 qui ont exigé mordicus l’organisation des élections au plus tard à fin décembre 2018.
Si le gouvernement semble satisfait de ces progrès réalisés par la CENI, la frange radicale de l’opposition semble davantage occupée à rechercher la petite bête qui compromettrait tout le processus en multipliant des procès d’intention. Le dernier en date porte sur … la machine à voter. Sur cette innovation technologique soumise par la CENI à l’appréciation de la classe politique toutes tendances confondues, aucune objection scientifiquement valable n’a été émise. L’engin fabriqué en Corée du Sud n’induit pas un vote électronique et n’exclut pas le comptage manuel auquel il est complémentaire. Il permet simplement de contourner l’équation des bulletins de vote kilométriques qui ont donné tant de migraines aussi bien aux électeurs, et de réduire les coûts et le temps inhérents à la fabrication des bulletins vote, a-t-on expliqué. A cela, aucun acteur politique n’a trouvé à objecter qui soit pertinent. Mais une sorte d’opprobre est jeté sur cette innovation qui a pourtant l’avantage de raccourcir les délais calendaires, comme si on le lui reprochait, précisément car cela ôte aux protagonistes les prétextes liés aux soupçons de prolongation des mandats électoraux.
Au début de la semaine qui tire vers sa fin, les adversaires de la machine à voter, et pour tout dire, du processus électoral, se sont bruyamment manifesté. L’ambassade de la Corée du Sud en RD Congo s’est fendue d’une curieuse correspondance à la CENI qui fera tâche d’huile dans les annales des échanges commerciaux et des relations diplomatiques à travers le monde. En décourageant l’importation d’une technologie produite par une entreprise… Sud-Coréenne, c’est-à-dire, en faisant une contre-promotion d’un produit technologique national. « Cela ne s’est jamais vu nulle part au monde. Une représentation diplomatique, est aussi vouée à la promotion des produits du pays représenté. De nos jours, même des chefs d’Etat se chargent de promouvoir les exportations de leurs entreprises à travers le monde », explique ce diplomate à la retraite interloqué par la démarche de Séoul. « Ce courrier de l’ambassade Sud-Coréenne, c’est comme si la représentation diplomatique française en Chine décourageait l’importation des avions Airbus par la compagnie China Air ! », explique-t-il. Une véritable aberration.
Mais ce qui a pu paraître aux yeux des observateurs comme une hérésie diplomatique monumentale n’en est peut-être pas une. Le courrier de l’ambassade Sud-Coréenne en RD Congo se garde bien de critiquer les performances technologiques produites par Miru Systems, l’entreprise qui fournit les machines à voter à la CENI. « Exporter ces machines au Congo pourrait donner au gouvernement congolais un prétexte pour (obtenir) des résultats indésirables liés aux élections, notamment (un) retard additionnel (à leur) tenue », lit-on sur ce courriel rendu public par nos confrères de Jeune Afrique. Les arguments avancés sont strictement politiques, en fait. C’est du copier-coller des mêmes hantises injustifiées des radicaux de l’opposition qui aurait été distribué par un diplomate en place à Kinshasa. « Et fuités aussitôt dans la presse », selon une source bien informée à Kinshasa, qui explique au Maximum qu’en fait certaines capitales occidentales sont derrière cette nouvelle saillie contre des élections organisées sans le concours financier des puissances de l’hémisphère Nord qui prétendent régenter la planète et particulièrement les pays africains.
L’auteur du communiqué de l’ambassade Sud-Coréenne semble, en plus, avoir menti en faisant croire que ces machines n’avaient jamais été utilisées nulle part ailleurs au monde. Selon Jean-Pierre Kalamba, le rapporteur/UDPS de la CENI, Mirus Systems a déjà fourni à l’Etat Sud-Coréen lui-même des machines pour l’élection à l’usage de 40 millions d’électeurs. « A ce stade, ce qui compte le plus pour les Congolais, c’est la publication des listes électorales par circonscription. Ce qui va nous conduire à la loi de répartition. Deuxièmement, s’impliquer dans la sensibilisation avec des machines qui se trouvent déjà à l’intérieur de notre pays. Ce qui se fait sur le plan diplomatique et politique n’a rien à avoir avec la technologie», a déclaré le rapporteur de la centrale électorale à nos confrères de la radio onusienne Okapi. Avant d’ajouter l’argument massue qui disqualifie le fameux communiqué : « Avec Miru Systems, la CENI a signé un contrat qui n’engage pas l’Etat coréen », a-t-il encore soutenu.
L’affaire du courrier de l’ambassade Sud-Coréenne en RD Congo apparaît donc à la lumière de ces explications comme une nouvelle campagne contre l’organisation des élections en décembre prochain. Et le financement des élections par le gouvernement rd congolais qui entend, 58 ans après l’indépendance du pays, préserver la souveraineté nationale dont les élections demeurent une des manifestations les plus intangibles.
J.N.