Ils avaient promis d’investir les paroisses catholiques pour soutenir leur point de vue, eux aussi. Ils auront tenu parole. Samedi 24 février 2018, des groupes de jeunes se revendiquant du PPRD (le parti présidentiel en RD Congo) ont envahi la cathédrale Notre Dame du Congo à Kinshasa, selon plusieurs témoignages. Habillés de T-short et coiffés de bérêts rouges, ils sont arrivés à bord de bus Transco (la compagnie publique de transport urbain), clamant leur intention de rester là jusqu’au matin pour s’opposer à la marche organisée le lendemain à l’appel du Comité Laïc Chrétien (CLC).
La veille, vendredi 23 février, des informations faisant état de réunions des jeunes catholiques au sein de toutes les paroisses de Kinshasa et de Lubumbashi pour « mettre hors d’état de nuire tous les ennemis en bérets rouges qui viendront nous infiltrer … » avaient abondamment circulé dans les réseaux sociaux. Mais jusque dimanche dans la soirée, il n’était pas fait état d’affrontements parmi les participants aux cultes.
Néanmoins, la présence de jeunes membres du PPRD à la cathédrale Notre Dame du Congo avait perturbé les activités cultuelles : la messe du soir n’avait pas été dite, rapportent des sources. Ce qui porte à 4 le nombre d’occasions où les fidèles chrétiens auront été privés de célébration eucharistique. Soit 3 fois sur ordre du « cardinal- afande » de Kinshasa qui, pour entraîner le plus de fidèles possible dans les marches contre le pouvoir en place à Kinshasa a réduit le nombre des célébrations eucharistiques dominicales à une seule le 31 décembre 2017, le 19 janvier et le 25 février 2018. Et une fois, samedi dernier, par les « intrus » du PPRD. Une politisation des lieux de culte catholique dont on n’a pas encore mesuré les conséquences pour l’avenir de la foi et de la paix dans le pays-continent qu’est la RD Congo. « Voilà les divisions politiques qui s’invitent dans nos églises », déplorait un prêtre catholique le 23 février 2018, s’interrogeant si « parmi ces bérets rouges détestés et à mettre hors d’état de nuire, il n’y avait vraiment pas de catholiques ». Et encore, si « pour être un bon catholique il faut adhérer aux injonctions du CLC et de l’opposition radicale ? ». « Nos messes, pendant lesquelles nous célébrons l’amour et la fraternité, la communion au corps du Christ, vont-elles se transformer en lieux de rassemblement et de confrontation politiques ? », s’interroge encore, écœuré, ce prêtre de l’arrière-pays de passage à Kinshasa.
J.N.
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