Et de trois pour le Comité Laïc de Coordination (CLC). Samedi 10 février 2018, 24 heures après la seconde célébration politico-eucharistique en mémoire des victimes de la marche dite des chrétiens du 21 janvier dernier, les laïcs du cardinal Monsengwo ont rendu public un nouvel appel à manifester le 25 février courant. Pour dire non à la dictature, clament les signataires de l’appel à battre le pavé, MM. Ndaywel, Nlandu et Okana. Mais l’arnaque ne passe pas pour tout le monde. D’autant plus que le 9 février à Kinshasa, le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), Corneille Nangaa Yobeluo, assurait que les délais électoraux annoncés le 5 novembre dernier sont tenables : les premières opérations de vote peuvent avoir lieu en décembre prochain comme prévu. Le patron de l’administration électorale se prononçait à l’occasion d’une audience accordée au nouveau directeur-pays du PNUD en RD Congo avec lequel il venait d’effectuer un tour d’horizon du processus électoral à l’étape de la consolidation du fichier totalement révisé. « Etant donné que les activités du calendrier prévues pour la période écoulée ont toutes été réalisées, il y a bon espoir que la date du 23 décembre pour l’organisation des 3 élections combinées présidentielle, législatives nationales et provinciales, soit tenue », a expliqué Corneille Nangaa à son visiteur de marque. C’est donc plutôt contre la tenue des élections que le CLC appelle à manifester, ce sur quoi l’opinion est loin de se tromper à Kinshasa comme en provinces.
Rien n’indique donc que le nouvel appel à marcher récoltera plus de succès que les deux précédents. Le communiqué du CLC revendique la mobilisation de quelque 3 millions de kinois le 21 janvier dernier. « Un mensonge cousu de fil blanc », selon des sources policières qui rappellent que seulement une dizaine de paroisses avaient suivi le mot d’ordre du Cardinal et de ses hommes sur les 146 que compte l’archidiocèse de Kinshasa. 10 paroisses, ça ne fait pas 3 millions de manifestants parce qu’aucune église ne dispose d’une capacité d’accueil de 30.000 personnes en RD Congo. Le CLC de Monsengwo fait donc dans la manipulation et peine à convaincre et à susciter adhésion. Depuis notamment qu’il est de notoriété publique que ses manifestants sont en réalité dans la plupart des cas des combattants-casseurs des partis politiques de l’opposition extrémiste qui prônent une période de partage de pouvoir sans Joseph Kabila avant toute élection pour assurer la passation du pouvoir en RD Congo.
Les projets politiques du CLC et du cardinal Monsengwo à qui la structure pirate sert de paravent paraissent d’autant plus mal engagés que même au sein de l’église catholique les avis sont partagés. Vendredi dernier le CLC a certes reçu le soutien de l’abbé kinois Khonde présenté comme le « rapporteur » de tous les prêtres, religieux et religieuses de l’archidiocèse. Mais ce n’est plus qu’un secret de polichinelle : tout le monde sait que beaucoup parmi les membres du clergé n’apprécient guère les errements mondains du cardinal. « Monsengwo a été un peu trop loin en se permettant de priver les fidèles de messes dominicales et en perturbant de nombreuses activités spirituelles. Ce que Rome ne peut vraiment pas tolérer », explique ce paroissien kinois au Maximum. Le soutien à attendre des structures officielles de l’église, même dans l’archidiocèse de Kinshasa, se réduit donc comme peau de chagrin. Contrairement aux habitudes de ces dernières semaines, aucune communication officielle du CLC n’a été lue dans les paroisses de la capitale le week-end dernier. Les curés ont préféré recommander trois jours de jeûne et de prière à dater du 15 février 2018 comme recommandé par le Pape François. Des prières pour « ceux qui font souffrir les prêtres » et « pour les chrétiens persécutés » au Soudan du Sud et en RDC, certes. Mais aussi « pour la paix et la justice ».
J.N.