L’appui financier au processus électoral en RDC par la Belgique est marginale et conditionnée par des préalables et des conditionnalités qui enlèvent toute crédibilité à l’ancien colonisateur.
La Belgique conditionne son appui au processus électoral par l’application intégrale de l’Accord du 31 décembre.
« Ces conclusions soulignent la nécessité d’organiser des élections libres et crédibles en RDC et rappellent la volonté de l’UE de contribuer au processus électoral pour autant que des mesures nécessaires soient prises afin de garantir la crédibilité du processus tant sur le plan technique qu’en ce qui concerne l’ouverture de l’espace démocratique. La Belgique a décidé de réserver, dans un premier stade, 5 millions d’euros en appui aux élections, qui pourront être libérés dès que ces conditions seront réunies et elle encourage ses partenaires à agir dans le même sens, en restant très attentifs aux engagements des autorités congolaises », disent le vice-Premier ministre et ministre belge des Affaires Etrangères, Didier Reynders, et son collègue de la Coopération au Développement, Alexander De Croo, en marge de l’adoption des conclusions, ce lundi 11 décembre 2017, par le Conseil des Affaires Etrangères de l’UE concernant la RDC.
Les deux ministres sont convaincus que seules des élections libres et crédibles permettront de restaurer la confiance et de répondre aux besoins de la population qui vit des moments difficiles.
« L’UE souligne la nécessité de respecter la Constitution et l’urgence de la mise en œuvre intégrale par le gouvernement de l’ensemble des mesures de décrispation politique prévues par l’accord de la Saint-Sylvestre, nécessaires pour réunir les conditions d’élections crédibles et inclusives, rétablir la confiance entre les acteurs concernés et apaiser les tensions politiques, notamment la libération de tous les prisonniers politiques, la fin des poursuites judiciaires injustifiées, la fin de la duplication des partis politiques, la liberté de la presse et la réouverture des médias fermés. L’UE appelle aussi au respect de la liberté de réunion et de manifestation pacifique », a dit le Conseil européen dans l’une de ces conclusions.
Les élections en République Démocratique du Congo sont considérées à Bruxelles comme relevant de la politique intérieure. Cela se comprend au regard des intérêts du royaume de Philippe Ier dont la prospérité économique et la visibilité dans le concert des nations doivent beaucoup au pays de Lumumba. Ce qui est moins compréhensible, c’est la veulerie d’une certaine classe politique congolaise. On doit ainsi à certains internautes les idées les plus biscornues au sujet des élections en RD Congo « Personne ne doit sous estimer la puissance de la certification (des élections) par une autorité indépendante selon les meilleures normes au monde », écrit un certain Patou Dilondi qui semble faire peu cas des institutions congolaises et particulièrement de la Commission électorale nationale indépendante. « A mon avis une autorité indépendante crédible ou un arbitre indépendant doit faire la certification sur le respect des accords du 31 décembre 2016 », ajoute-t-il. Il ignore manifestement que les parties audit accord du 31 décembre 2016 avaient pris le soin d’instituer une Commission de suivi de l’Accord (CNSA) dans le même but.
Tout en reconnaissant par ailleurs que les élections sont avant toutes choses « un problème domestique de la RD Congo » et qu’il revient dès lors aux institutions du pays de procéder à cette certification et en appelant « tout le monde, Congolais ou étranger (à) respecter la position de la Cour Constitutionnelle de la RD Congo à cet égard », Dilondi, estime utile que « pour plus de crédibilité vu les disputes et accusations contre le pouvoir judiciaire en RD Congo (que) le pouvoir législatif établisse une cour spéciale incluant des juges internationaux pour faire une certification » à … recommander à la Cour Constitutionnelle ! Un fatras de contradictions qui ne tient compte ni du principe de la séparation des pouvoirs, ni de la plénitude des pouvoirs reconnus à la plus haute institution judiciaire congolaise par la constitution de la RDC. Mais il ne s’agit manifestement pas de ce pays car pour cet « analyste », il importe qu’en la matière, « les termes aient la même signification pour… les Belges, les Français et les Américains dans une démarche de normalisation ». Comprenne qui pourra. En se torturant un peu les méninges, on comprend que pour ce Congolais, son pays est (re)devenu la colonie internationale qu’il fut au lendemain de la fameuse conférence de Berlin…
Pince sans rire il justifie sa théorie rétrograde par « la tendance actuelle du monde (qui repose) sur l’établissement de normes internationales en ces matières dans lesquelles l’International Standards Organisation (ISO) joue un rôle important ». On nage en pleine confusion des genres.
En effet, l’ISO, une structure internationale de normalisation est une organisation internationale non gouvernementale, indépendante, dont les 162 membres sont les organismes nationaux de fixation de normes dans les matières commerciales comme l’Office congolais de contrôle (OCC). Elle réunit des experts qui mettent en commun leurs connaissances en vue d’élaborer par consensus des normes internationales pertinentes pour le marché, soutenant l’innovation et apportant des solutions d’application volontaire à des enjeux mondiaux. Sa coordination centrale est située situé à Genève, en Suisse. Rien à voir donc avec les questions électorales qui relèvent strictement de la souveraineté d’un Etat comme on l’a vu à travers la réaction brutale du gouvernement américain aux soupçons que des agents d’influence russes aient pu impacter les dernières élections au pays de l’Oncle Sam. Visiblement bien au fait de la bizarrerie de sa proposition, Dilondi estime que « ces règles (de normalisation) vont probablement s’étendre au gouvernement des pays ».
C’est l’exemple de la Côte d’Ivoire où l’on a vu un fonctionnaire des Nations Unies être élevée au rang de certificateur du résultat des élections qui semble inspirer ce compatriote. Qui oublie que cette immixtion étrangère, même par fonctionnaire international interposé, dans le processus électoral ivoirien a aggravé la crise postélectorale, ledit fonctionnaire ayant été accusé, à tort ou à raison, d’avoir été manipulé par des intérêts mercantilistes français désireux d’en découdre avec l’alors président Laurent Gbagbo, ce qui provoqua une mémorable crise avec à la clé plus de 3.000 morts…
KASONGO OROA