Jean-Marc Kabund, le tonitruant secrétaire général de l’aile katumbiste de l’UDPS, rattrapé par ses turpitudes politiques ? Il y a tout lieu de le croire, à en juger par les informations parvenues au Maximum au lendemain de l’ouverture à Kinshasa du procès des auteurs des violences qui ont secoué Kinshasa entre mai et août 2017.
En effet, deux jours avant l’ouverture de ce procès à la Haut Cour Militaire (HCM), mercredi 22 novembre 2017, Jean-Marc Kabund avait été empêché de voyager par les préposés de la Direction Générales de Migrations (DGM) à l’aéroport international de Ndjili, et son passeport confisqué. L’UDPS/Limete que pilote Félix Tshisekedi a tout de suite dénoncé ce qu’elle présente comme une sanction politique assortie de « la disparition » de deux autres de ses combattants dont elle ignorerait la destination : un certain James Katshingu, membre du cabinet privé de Félix Tshilombo, et Christian Lumu Lukuasa de la Ligue des jeunes du même parti, selon Abraham Luakabuanga le porte-parole.
Jusque vendredi dernier dans la matinée, c’est cette version qui met en avant la persécution et l’entrave aux libertés dont feraient objet les membres de l’UDPS/Fatshi qui a circulé dans les médias. D’autant plus que Félix Tshilombo Tshisekedi, le président du Rassemblement des Forces politiques et sociales acquises au changement/aile Limete, rendait publique une déclaration condamnant la confiscation du passeport du secrétaire général de son parti politique et en exigeant la restitution inconditionnelle. «Je dénonce et condamne avec véhémence cette énième exaction qui ne vise que les leaders et militants de l’opposition ainsi que les activistes de la société civile. J’exige la restitution inconditionnelle et sans délai, par les services concernés, du passeport à son porteur et l’arrêt des tracasseries aéroportuaires », a déclaré Félix Tshisekedi, dans ce qui ressemble bien à une sorte de fuite en avant.
Une affaire judiciaire, pas politique
D’après les informations obtenues de source sûre dans les couloirs de la Haute Cour Militaire où le procès des auteurs présumés des violences enregistrées à Kinshasa depuis l’attaque de l’ex prison de Makala le 17 mai dernier, c’est la justice militaire qui a « prié le secrétaire général de l’UDPS/Limete de ne pas s’éloigner de la ville en attendant la fin de l’instruction d’une affaire dans laquelle il est cité » par des prévenus. Le 28 juillet dernier, des personnes accusées d’avoir attaqué l’ex prison de Makala et le Grand-Marché de Kinshasa, entre autres, avaient été présentées au public par la Police Nationale Congolaise avant d’être transférés à la prison militaire de Ndolo et présentés au ministère public. Il s’agirait, selon les investigations préliminaires entreprises par les enquêteurs de la police, d’une branche kinoise du mouvement Kamwina Nsapu de triste mémoire. Un certain Ben Tshimanga wa Tshimanga, combattant de l’UDPS/Limete, avait même été présenté comme le cerveau organisateur des attaques qui avaient provoqué morts d’hommes à Kinshasa. Ben Tshimanga et certains prévenus dans cette affaire auraient affirmé avoir été recrutés au siège du parti de Limete par Jean-Marc Kabund.
Des affirmations qui, si elles se vérifiaient au cours de l’instruction publique de l’affaire entamée vendredi dernier, pourraient entraîner une confrontation entre le secrétaire général du parti de Tshisekedi junior et les prévenus qui assurent qu’il les a recrutés, explique-t-on de source judiciaire.
Kabund se savait interdit de sortie
Jean-Marc Kabund et l’UDPS/Limete avaient été bel et bien informés de cette disposition qui contraint cette personnalité suspecte d’intelligence avec les terroristes comparaissant devant la justice de demeurer dans la capitale, à la disposition des magistrats qui peut avoir besoin de lui à tout moment. La tentative de voyage de mercredi n’était donc qu’un « test du sérieux des technostructures de l’Etat », selon cette autre source du Maximum dans les services du ministère de l’Intérieur et Sécurité. « Certains dirigeants des partis politiques, surtout de l’opposition, se croient au-dessus de la loi. Ils se trompent parce qu’on ne peut pas politiser jusqu’à la mort d’êtres humains », poursuit-elle.
On rappelle en effet que parmi les faits reprochés aux personnes poursuivies dans le cadre de ce procès figurent les assassins de Mme Mboyo, une juriste qui était administrateur du Grand-Marché de Kinshasa, brutalement arrachée à l’affection des siens il y a quelques mois. Mais également de quelques éléments des forces de police.
La seconde audience dans le cadre du procès des présumés auteurs des violences kinoises de mai à juillet dernier se tiendra le 8 décembre prochain. Vendredi dernier, le tribunal militaire de garnison de la Gombe avait consacré son audience à l’identification des 36 prévenus et à la vérification de la saisine.
J.N.