L’échec des manifestations politiques organisées par des mouvements subversifs, cyniquement appelés « mouvements citoyens », le 15 novembre dernier à Kinshasa et dans certaines villes de la RD Congo a révélé l’une des faces les plus criminelles de cet activisme d’un genre nouveau au Congo Kinshasa : l’exploitation criminelle de catégories d’âges légalement et moralement exclues d’activités politiques qui sont des activités d’adultes. Depuis mercredi 16 novembre 2016, une image révoltante fait quasiment le buzz sur les réseaux sociaux, parce qu’elle présente une fillette, menottes aux poings derrière le dos, entourée d’une escouade de policiers qui l’escortent manifestement vers leur poste après l’avoir surprise en train de lancer des pierres sur eux. La petite Yalala, ainsi que la nomment les auteurs de l’image postée sur internet, aurait été interpellée au cours d’une manifestation politique organisée à l’appel de l’organisation dite “citoyenne” dénommée Lucha sur l’île d’Idjwi dans la province du Sud Kivu.
Agée de 12 ou 13 ans
La photo de Yalala, étonnamment sereine pour une fille à qui l’on donne l’âge de 15 ans, mais qui paraît en avoir plutôt 12 ou 13, a beaucoup ému. Plus que les multiples images autrement choquantes et quasi habituelles de corps sans vies d’éléments de la police ou des forces armées de la RD Congo régulièrement lynchés à mort par des “manifestants pacifiques” (sic!) à travers le pays. La petite Yalala menottes aux poignets, c’était, voulait-on faire admettre à une certaine opinion, la preuve des « exactions d’un pouvoir qui foulent aux pieds les droits de l’homme ». De fait, à la fin de la semaine dernière, Amnesty International, l’Ong américaine connue pour son extrême politisation des atteintes aux droits humains, s’est immédiatement saisi de la photo de la petite Yalala et ses “tortionnaires”.
Les répercussions de l’affaire Yalala ont même contraint la hiérarchie nationale de la police congolaise à publier un communiqué expliquant que la fille mineure qui avait été effectivement appréhendée pour s’être rendue coupable de voies de fait sur des agents des forces de l’ordre en mission à Idjwi avait, après avoir été identifiée au poste de police, relaxée quelques heures après son interpellation et remise à son père quelques instants après son interpellation mercredi dernier. “En cas de récidive, elle sera déférée devant le tribunal pour enfants” a précisé le communiqué de la Police Nationale Congolaise.
Il ne lui manquait que l’uniforme scolaire
Emportés par l’émotion et la révolte, peu de défenseurs des droits de l’homme en RD Congo se sont interrogés sur la présence d’une personne de cette catégorie protégée par la loi (mineur d’âge) dans une manifestation politique, “citoyenne” fût-elle. « Il ne manquait à cette gamine que l’habituel uniforme bleu et blanc », commente cet internaute dans un cybercafé de Matonge à Kinshasa, qui ne croit pas si bien dire. La petite Yalala, elle avait tout à faire, sauf à se trouver là, dans la rue, manifestant en compagnie de son opposant de père occupé aussi, semble-t-il, à molester des policiers dans le cadre d’une manifestation pour « contraindre le Président Kabila à quitter le pouvoir » qui n’est tout de même pas un lieu de rendez-vous pour des enfants de son âge dans un Etat de droit.
L’appel à battre le pavé du 15 novembre 2017 aura ainsi révélé le côté criminel de ces manifestations politiques qui usent et abusent des enfants et portent atteinte à leurs droits de la part d’activistes politiques sans foi ni lois qui les exploitent de manière éhontée, activement (cas de Yalala) ou passivement (perturbations d’activités scolaires induites par les villes mortes). A Kinshasa, il a déjà été fait état de l’horrible viol d’une fillette en uniforme scolaire au cours d’une manifestation organisée à l’appel de l’opposition politique, parce qu’elle avait osé se rendre à l’école malgré une “ville morte” décidée par un parti de l’opposition radicale, selon un rapport officiel de septembre 2016. Sans susciter la moindre condamnation des censeurs en tous genres qui s’acharnent sur les institutions rd congolaises et leurs animateurs.
Exploitation abusive de mineurs
L’affaire Yalala est signée, sans vergogne, par le mouvement dit citoyen Lucha (lutte pour le changement), que l’on sait grassement financé par des organisations subversives internationales, via des représentations diplomatiques à Kinshasa, dont celle des Etats-Unis d’Amérique. Sur les réseaux sociaux, elle s’est même fendue d’une version des faits attribuée à « la fille aux menottes » (‘Le témoignage de la petite Yalala’) : « J’ai eu peur, mais j’avais aussi mal au cœur parce que je ne voyais pas ce que mon père et les autres avaient fait de mal. Je me suis alors avancée et j’ai demandé à la police de les relâcher. Comme ils ne m’écoutaient pas, je leur ai dit que je ne partirais pas sans mon père, et que s’ils ne le relâchaient pas, ils devraient m’arrêter moi aussi. Alors sans hésiter, l’un d’eux m’a attrapée très fort par la main, il m’a frappée dans le dos avec son arme, et m’a ligoté les mains derrière le dos. J’avais très mal, je criais. Ils m’ont ensuite jetée dans le cachot avec mon père et les autres. ». Le texte transpire l’affabulation et l’excès de zèle à l’évidence. En RD Congo, à 15 ans, une fille de l’âge de Yalala, qui doit encore étudier en 2ème si pas en 3ème des humanités, ne sait pas encore rédiger aussi correctement. « Ce texte est manifestement écrit par une personne ayant un niveau universitaire, et pas n’importe lequel, parce que beaucoup de nos étudiants font de loin pire que cela », commente ce professeur de l’Université pédagogique national de Kinshasa, au milieu d’anecdotes sur ses misères dans la direction des travaux de fin d’études.
Mutisme de l’Unicef
Trop occupées à soutenir tout ce qui peut « couler » le pouvoir politique honni de Kinshasa, puissances étrangères et organisations internationales dites de défense et de protection des droits de l’homme observent un silence assourdissant sur ces atteintes flagrantes aux droits de l’enfant d’un genre nouveau. A en juger de près, pourtant, l’affaire Yalala n’est guère différente de ces incorporations d’enfants dans les groupes armés, qui ont ému le monde au point d’être érigées en crimes contre l’humanité. Ou encore de cette exploitation des mêmes enfants dans les mines, que dénonçait le week-end dernier encore, un communiqué de l’inénarrable Ong américaine Amnesty International. Yalala, c’est une « enfant-soldat » qui a été menottée à Idjwi mercredi 15 novembre dernier.
J.N.