Fils aîné de papa Jean Kabambare et de maman Henriette Ngali Biki, Jean Munsi Kwamy Lingele dit « Lasitura » est né à Kinshasa le 9 novembre 1939. Il aurait donc, s’il vivait encore, totalisé ce jeudi 9 novembre 2017, soixante-dix-huit (78) ans, s’il n’était pas passé de vie à trépas un certain 2 mars 1982. Le chanteur 2ème voix « de velours » totalise, en effet, 35 ans depuis son décès à Kinshasa. Kwamy a grandi sur l’avenue Kingabwa dans la commune de Nigiri-Ngiri, à côté de la paroisse catholique Saint Pie X. Durant sa jeunesse, comme tous ses amis de ce quartier, Kwamy s’adonnait aux activités sportives et de loisirs sur le terrain de football de l’avenue Bondo, dénommé « Terrain Bondo ».
Ses études primaires terminées à l’école de l’Armée du Salut (salle centrale sise avenue Kasaï dans la commune de Barumbu), Kwamy s’inscrira à l’Athénée officiel de Ngiri-Ngiri pour des études secondaires qu’il terminera avec l’obtention un diplôme d’instituteur à l’approche de l’indépendance de notre pays. Dominé par la passion à la musique, Kwamy, bon chanteur et auteur-compositeur dynamique, optera pour le cumul. Le jour, il allait enseigner tandis pendant ses heures libres, il s’occupait de la musique. De 1959-1961, il évolue au sein de l’orchestre Vedette Jazz de Bandalungwa Synkin où il a partagé la scène avec le chanteur Mujos Mulamba (avec lequel ils évolueront de nouveau au sein dans l’O.K. Jazz après le départ de Vicky Longombe à Bruxelles avec Kallé Jeff et l’African Jazz lors de la Table Ronde) et le bassiste Mpudi Decca qui vers ‘75 a aussi intégré l’orchestre de Franco.
Le séjour de Kwamy dans l’OK Jazz est empli des bons souvenirs, au-delà de quelques points sombres à oublier. Cet enfant teke a marqué d’une pierre blanche son premier concert au Parc de Boeck (espace culturel aménagé dans l’enceinte du jardin botanique), à côté du grand marché central de Léopoldville, avec une chanson nécrologique : « Liwa ya Wetshi » dont il est l’auteur, et qu’il dédie au défenseur central de l’A.S. V.Club décédé à la suite d’un accident de circulation à Kinshasa. Faisant preuve d’une prolifique inspiration dans le domaine de la composition d’œuvres chantées, Kwamy n’a pas tardé à larguer à profusion des tubes successifs qui lui ont consacré sa notoriété indiscutable dans le giron musical des années ‘60 et ‘70. Des œuvres comme « Bolingo ya bougie », « Jalousie à bas », « Ngai nakoyokaka yo na sango », « Mbanda succès eleki nga », « Camarade » et autres ont récolté des succès indéniables.
Influencé en avril 1967 par un Officier de l’Armée nationale, Kwamy et ses collègues Mujos, Michel Boyibanda, Isaac Musekiwa, Brazzos Armando, Tshamala Piccolo, Dessouin Bosuma, Simon le marcasite quittent en bloc l’O.K. Jazz pour créer l’orchestre Révolution qui, juste après la sortie des premiers 45 Tours, se disloquera. Beaucoup de ses co-dissidents préférant retourner chez Luambo Franco et son Ok Jazz.
En 1968, toujours insatisfait, Lasitura se retrouve dans African Fiesta de Rochereau et Nico. Lors de sa sortie officielle avec cet ensemble musical, Kwamy explose avec sa chanson : « Belinda ndeko ya Nana ». L’artiste est immédiatement adopté par les mélomanes fanatiques du clan Fiesta, généralement opposés à l’OK Jazz et Franco. Occasion pour Kwamy de lancer piques et quolibets à l’encontre du patron de l’O.K. Jazz à travers les chansons comme « Millionnaire ya sango », « Libata ameli nguma ».
Mais, comme il fallait s’y attendre, une telle provocation ouverte fera l’objet d’une riposte percutante de de Franco à travers « Obomi miziki ya bato na lokoso nayo ya camion », « Course au pouvoir », « Chicotte ». Kwamy capitule ! Mais pas pour longtemps. L’artiste largue « Elodie », « Nakobanga mangungu te », « Camarade ya Kinshasa » …
En 1970, Kwamy Lasitura traverse le pool Malebo pour intégrer l’orchestre Bantou de la Capitale. Il y compose plusieurs chansons, notamment, « Nono tomeseni mingi » et autres qui récoltent un succès remarquable sur le marché. Un an après, il se met ensemble avec Michel Boyibanda et Youlou Mabiala (ses anciens collègues de l’O.K. Jazz) pour larguer « Kamalandua ». Pigeon voyageur infatigable, Lasitura s’envolera en 1972 vers Europe où il sortira un album personnel. En 1973, il est avec Grand Kallé, Mujos, le cubain Gonzales, le Congolais de Brazzaville Essous. Il se signale sur le marché avec des chansons comme « kokoko qui est là ? », « Tozongela bilanga ».
En 1974, l’auteur de « Bolingo ya bougie » s’associe avec le chanteur Youlou Mabiala qui venait de quitter Lovy du ZaÏre de Vicky Longomba pour une carrière en duo. Mais les temps, qui ne sont plus les mêmes, s’avèrent durs. Kwamy et Youlou conviennent de réintégrer l’O.K. Jazz. L’ancien garçon de Ngiringiri s’avère aussi intarissable que par le passé en matière de composition d’œuvres chantées.
En 1979, Kwamy finira par quitter son ami Franco pour aller frapper à la porte de Verckys Kiamuangana (orchestre Vévé) où il sortira « Vivita », « Jean Munsi étoile ya sika », etc. En 1980, il fera un passage éclair dans l’Afrisa de Rochereau. Sa chanson « Linda soleil » sortira sur le marché, 15 ans après, sous le label Afrisa.
Jeans Munsi Kwamy Lasitura est mort à Kinshasa le 2 mars 1982 et enterré au cimetière de Kintambo. Comme tout « Mwana Léo » digne de ce nom. Que son âme repose en paix !
Zenga Ntu