C’est avéré depuis plusieurs jours, l’épidémie de choléra qui a déjà gagné au moins 20 des 26 provinces de la RD Congo, et donc la plupart des agglomérations urbaines que compte le pays, n’a pas épargné la capitale, Kinshasa. Certaines zones de santé sont déjà atteint par l’épidémie diarrhéique, notamment, Pakadjuma, un quartier hautement promiscuitaire situé au bord du Fleuve Congo dans la commune de Limete.
Mercredi 13 septembre 2017, Oly Ilunga, le ministre Thibala de la santé a mis en place, avec l’aide des partenaires, un plan de renforcement de la riposte à l’épidémie qui s’est déclarée. Sept commissions ont été mises en place pour renforcer cette réponse au niveau national, la même structuration se retrouvant au niveau des provinces pour la mise ne place des ressources en eau, en assainissement et en matière de mobilisation de la communauté dans l’observation et l’application des règles d’hygiène, notamment, le lavage des mains et le traitement de l’eau avant consommation. L’objectif est d’enrayer à court terme les foyers épidémiques et d’engager les actions nécessaires à moyen et long terme pour l’élimination du choléra.
Pakadjuma, capitale de la promiscuité
A Kinshasa, particulièrement, des centres de prise en charge ont été installés à Pakadjuma, mais aussi au camp militaire Kokolo (un centre de transit). « Nous travaillons dans toutes les aires de santé pour renforcer ces cas. Kinshasa fait partie des zones affectées. C’est vrai qu’actuellement il y a moins de cas mais nous avons un centre de prise en charge à Pakajuma, un centre transitoire au Camp Kokolo, mais aussi ces zones que je viens de citer font partie des zones qui sont ciblées. Une notification journalière est mise en place pour savoir lorsqu’un cas nouveau apparaît, il s’en suit une investigation de laboratoire et une prise en charge subséquente », a expliqué à la presse le Chef de l’équipe des urgences en santé de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Dr Ernest Dabiré, au cours de la conférence de presse hebdomadaire de la MONUSCO, mercredi 13 septembre 2017. Le médecin préconise la surveillance permanente de l’épidémie pour détecter d’éventuels cas suspects : « Il faut dire que la surveillance est renforcée à tous les niveaux. Kingabwa a fait l’objet d’une vaccination l’année dernière et elle est parmi les cinq aires de santé les plus à risque sur la base d’une évaluation des risques, elle reste donc une zone à surveiller. Et la suspicion des cas est une démarche de surveillance épidémiologique qui permet devant tout symptôme pouvant évoquer la diarrhée ou le choléra qu’on fasse une investigation. Et c’est d’autant plus intéressant de savoir qu’on arrive à détecter des cas suspects quitte à les confirmer ou à les infirmer », a-t-il ajouté. Il est vrai que l’OM s’inquiète de l’extrême rapidité de propagation de cette épidémie. Jusqu’au 2 septembre, 24.217 cas suspects ave 528 décès avaient été recensés. C’est désormais 20 provinces sur 26 qui sont touchées par la maladie, dont certaines zones de santé à Kinshasa. La maladie touche déjà de grandes villes du pays comme Bandundu-Ville, Bukavu, Goma, Manono, Malemba-Nkulu, Minova, Mokala, Kimpese, Uvira et certaines zones de santé de Kinshasa (capitale de la RDC
Pour accompagner le Ministère de la Santé Publique de la RDC dans ce processus, l’OMS a élevé l’épidémie au grade 2 du cadre de la réponse d’urgence et déployé un groupe d’experts internationaux pour appuyer l’élaboration d’un plan d’urgence pour la réponse à l’épidémie.
Expertise de l’OMS
Arrivé à Kinshasa le dimanche 3 septembre 2017, le groupe d’experts, composé des épidémiologistes et spécialistes en santé publique du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique (Dr Thierno Balde, Dr Vincent Dossou Sodjinou et Dr Guy Mbayo) a organisé des rencontres techniques avec le Représentant Résident de l’OMS en RDC et son équipe du groupe sectoriel des urgences (WHE), les autorités du Ministère de la Santé Publique ainsi qu’avec les autres partenaires techniques pour évaluer la situation et définir les objectifs consensuels pour un contrôle rapide des foyers épidémiques. ‘‘Nous devons mettre en œuvre immédiatement les actions de réponse de façon pragmatique dans les zones prioritaires et à risque pour stopper cette dissémination massive du choléra. Mais il est aussi essentiel que l’assainissement des milieux, l’hygiène individuelle et collective soient mis en pratique et que l’eau potable soit accessible aux populations les plus exposées au risque de contamination du choléra,’’ a déclaré le Dr Allarangar Yokouidé, Représentant Résident de l’OMS en RDC.
500.000 USD
‘‘L’ampleur actuelle de l’épidémie a pris une envergure alarmante et il est urgent de passer à l’action par le déploiement des équipes qualifiées et la mise à disposition de la logistique nécessaire,’’ a pour sa part indiqué le Dr Didier Bompangue, coordonnateur en charge du programme d’élimination du choléra. Fort de ces engagements, l’équipe des urgences du Bureau pays appuyée par les experts du Bureau régional de l’OMS avec les autres partenaires, s’est fortement mobilisée aux côtés du Ministère de la Santé Publique pour élaborer un plan opérationnel d’urgence de trois mois dans une perspective stratégique de lutte efficace contre le choléra. Ce plan a été validé lors de la réunion du comité national de coordination spécialement consacrée à la réponse à l’épidémie du choléra tenue le vendredi 8 septembre 2017.
L’approvisionnement en produits pharmaceutiques (kits choléra) est un enjeu crucial, y compris les coûts opérationnels de transport de ces intrants vers les zones les plus touchées. C’est dans ce contexte que l’OMS s’est engagée à donner une contribution financière immédiate de 400.000 dollars américains pour le déploiement des équipes techniques dans les zones prioritaires. De plus, des kits choléra seront mis à disposition par l’OMS et les efforts de mobilisation de ressources additionnelles vont s’accroître pour soutenir la mise en œuvre du plan d’urgence. La lutte engagée pour contenir rapidement le choléra en RDC entre donc dans une nouvelle phase avec le niveau d’engagement du gouvernement, de l’OMS et des autres partenaires.
MIKA LUSAMBA