L’Etat rd congolais a renoncé à percevoir des cautions sur des comptoirs des pierres de couleur. Et pourtant, au premier trimestre 2017, du temps du gouvernement Badibanga, le Trésor public avait perçu plus de 36,2 millions de FC (36.274.311 FC) de caution alors que les prévisions n’étaient que de 22,5 millions de FC (22.558.252FC). La DGRAD a donc noté un taux de réalisation de 160,8%. En 2016, la caution a été perçue avec un taux de réalisation de 195%, soit quasiment 188 millions de FC de recettes sur des assignations de 90,2 millions de FC (90.233.008FC). En 2015, les comptoirs ont payé près de 213 millions de FC (212 808 287 FC) de caution alors que les assignations du ministère des Mines n’étaient que de 89,6 millions de FC (89.670.500FC).
Par ailleurs, la quotité de la taxe ad valorem à payer à chaque exportation des pierres de couleur de production artisanale pour le Trésor public n’a plus jamais été perçue depuis des lustres. En tout cas, les statistiques du ministère des Mines sous couvertes par la DGRAD affichent 00 FC au cours de quatre derniers exercices. D’ailleurs, fin 2016, la Cellule Technique de Coordination et de Planification Minière (CTCPM), qui dépend du ministère national des Mines, avait officiellement répertorié 10 comptoirs d’achat et de vente des pierres de couleur, dont trois à Kinshasa et cinq au Nord-Kivu. Le plus grand comptoir se trouve dans la province du Haut-Katanga à Lubumbashi. ICAM, International China Africa Mining Group Sarl), puisque c’est de cette entreprise qu’il s’agit, serait elle-même passée dans la phase de production. Hélas, le ministère des Mines ne dispose pas de statistiques ni de production, ni d’achat, ni de vente des comptoirs des pierres de couleur.
Mineurs indépendants
Selon des experts, les entreprises des pierres précieuses de couleur sont complètement différentes de celles de diamant ou d’or. Les pierres de couleur, contrairement aux diamants, sont la plupart du temps extraites par des mineurs indépendants, des petits exploitants miniers, qui travaillent dans des pays comme la Colombie, la Bolivie, le Sri Lanka, la Birmanie, le Pakistan, Madagascar, la Tanzanie, le Kenya. Il sied de relever que la RD Congo n’est pas comptée parmi les pays producteurs de pierres de couleur. L’extraction s’effectue à la pioche et à la pelle, et rarement avec des équipements lourds, font savoir les experts de Gemselect, une des grandes firmes mondiales d’achat et de vente de pierres de couleur.
La Chine se présente depuis 2010 comme le partenaire privilégié de nombre de pays extracteurs. Si la Zambie s’est hissée dans le peloton mondial des producteurs des pierres de couleur. La RD Congo ne figure ni sur la liste des pays commerçants ni sur celle des pays consommateurs des pierres de couleur. Pourtant, le code minier met en exergue les pierres précieuses qu’il définit comme des substances minérales précieuses constituées d’un ou de plusieurs éléments chimiques et possédant les propriétés particulières qui leur donnent ainsi une valeur marchande élevée. Le code minier en compte six, à savoir, le diamant, l’émeraude, le rubis, le saphir, le chrysobéryl et la topaze.
Pour des pratiques dites mystiques
Tous les types des pierres de couleur extraites en RD Congo servent, selon des experts, à des pratiques mystiques. Proche du rubis, le saphir – dont le nom viendrait de l’hébreu sappir signifiant « la plus belle chose » – est issu de la famille des corindons et composé d’alumine. Une large gamme de saphir est utilisée dans l’Asie Pacifique (Myanmar, Sri Lanka, Thaïlande) ou en Australie, mais aussi au Brésil et en Afrique (Kenya, Nigéria, Tanzanie…). Le saphir est considéré par plusieurs civilisations de ces régions dominées par l’islam comme un talisman, source de paix pour son propriétaire.
Le rubis appelé notamment sang de pigeon ou encore ratnaraj, dans la langue sanscrite, aurait des vertus de courage et de victoire, d’amour et de passion. Le rubis est aussi associé à la puissance et au pouvoir. Le caractère mystique de l’émeraude remonte du temps de l’ancien Zaïre, renseigne-t-on, avec les adeptes de la «Prima curia», une loge considérée comme mobutiste selon les dénonciations d’un de ses proches, Denis Sakombi Inongo. Autres pierres de couleur très prisées par des mystiques, des experts citent l’œil de chat, l’œil de tigre, l’œil de tigre matrice, le topaze mystique et la serpentine.
Des recettes qui en proviennent, le gouvernement du 1er ministre Bruno Tshibala Nzenzhe ne veut manifestement pas.
POLD LEVI.