Le doute est permis dès lors que ce parti semble n’avoir pas avisé ses partenaires de son intention de participer à l’enrôlement…
Une «première» signée Jean-Marc Kabund wa Kabund : une circulaire datée du 13 mars 2017, adressée aux combattants pour se faire enrôler, n’a été rendue publique que la veille du démarrage des opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs dans la dernière aire opérationnelle englobant notamment Kinshasa, soit le 27 mai 2017. Ainsi, depuis le 13 mars, cette circulaire est restée dans les tiroirs ou dans le signataire du secrétaire général du parti. De quoi surprendre les observateurs quand on connaît la célérité avec laquelle l’Udps alerte l’«opinion tant nationale qu’internationale» de ses bonnes intentions. En fait, le parti tshisekediste semble l’avoir antidatée…
Mais cette petite entorse aux principes admis n’a que peu d’importance, par rapport à ce qu’elle révèle : l’Udps se fend d’une action en solo au sein du Rassop/Katumbi, qui s’est gardé jusque-là d’appeler quiconque à l’enrôlement. Même dans l’ex Katanga, qui est censé être le fief du candidat du G7 à la prochaine présidentielle.
Il est vrai qu’il a fallu le débat suscité par le décès d’Etienne Tshisekedi le 1er février 2017 pour révéler au grand public le but unique pour lequel le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement avait été précipitamment créé à Bruxelles-Genval en juin 2016 : obtenir le départ de Joseph Kabila au plus tard le 19 décembre 2016 à 0h59 si la présidentielle n’était pas organisée. Le «Rassop», c’était donc tout sauf une plateforme électorale. Les faits, à cet égard, se révèlent têtus puisque l’Accord du 31 décembre 2016 se focalise sur ce processus électoral. C’est, du reste, son enjeu principal.
L’observateur avisé aura, néanmoins, eu tout le temps de constater le silence du «Rassop» sur les opérations d’identification et d’enrôlement lancées, pour rappel, le 31 juillet 2016 à partir de la ville de Gbadolite (Nord Ubangi).
Il est intéressant de rappeler que le même jour, Etienne Tshisekedi avait tenu Place Bd Triomphal à Kinshasa son premier et dernier meeting en tant que président du Conseil des sages. Il n’avait pipé mot de ces opérations, comme si cela n’était nullement une préoccupation pour lui-même, et encore moins pour ses amis politiques du moment.
On se souviendra d’ailleurs que prenant sur lui la responsabilité d’envoyer des manifestants dans la rue, le Rassop avait réclamé de la Céni la convocation d’un corps électoral qu’il savait pourtant inexistant avant les 19 et 20 septembre 2016. En effet, non seulement que le fichier électoral – sur la base duquel s’établit un corps électoral – était en pleine construction avec moins de 500.000 personnes enrôlées, et encore toutes de la même province du Nord Ubangi, mais en plus le conclave du 4 octobre 2016 avait fini par préconiser l’encadrement et l’accélération de ces opérations. Preuve, si besoin est, que les événements dramatiques de septembre auraient pu être évités.
La seule évidence à retenir est qu’ils ont été voulus pour obtenir l’essentiel : les sanctions occidentales à l’encontre des officiels en charge de l’Appareil sécuritaire national : Armée, Police, Renseignements.
Chantage de cœur ou de chair
Du 4 octobre 2016 au 27 mai 2017, le Rassop a abordé toutes les questions politico-diplomatiques, sécuritaires, économiques, sociales etc. qui se posent, sauf l’évaluation des opérations lancées par la Céni depuis le 31 juillet 2017. Les médias ne font état d’aucune déclaration ni communiqué dans ce sens. On n’a enregistré aucun appel de cette frange de l’opposition exhortant la population des aires électorales précédentes à se faire enrôler. Les 22 ou 23 millions de Congolais à s’être déplacés dans les autres aires opérationnelles ont entendu soit leur propre voix, soit celle de la Majorité Présidentielle, soit des Opposants agissant à titre personnel.
Tout s’est passé comme si le Rassop avait pris l’option «pas de primature pas d’élection », ou encore, « Pas de présidence du CNSA, pas d’élections ». C’est si évident que lors d’une intervention sur TV5 en avril 2017, Olivier Kamitatu avait plutôt pris l’option de mettre en doute la qualité du travail abattu par l’administration électorale.
On peut donc se demander ce qui explique le revirement udpsien par rapport à la ligne de conduite anti-électorale de la tendance du Rassop à laquelle elle fait partie ?
Visiblement, le parti d’Etienne Tshisekedi a lancé son mot d’ordre du «13 avril 2017» sans en référer à ses partenaires. Sa circulaire a donc tout d’un lâchage, d’une désolidarisation. Le parti laisse aux autres membres de la plateforme, notamment le G7 et l’AR pro-Katumbi, la responsabilité de se prononcer librement sur les opérations préélectorales en cours. Les prochains jours devraient en faire savoir davantage. D’autant plus que Moïse se montre peu dupe se désignant un porte-parole plutôt peu dépendant du parti tshisekediste : Olivier Kamitatu Etsu.
Survenant en plus la veille du conclave de mutation du «Rassop» en «Front de résistance pour la défense de la démocratie», l’initiative solitaire de l’Udps apparait rien moins qu’un coup dur pour la plateforme, contrainte de découvrir la fidélité de ce parti à son modus operandi institué depuis un certain 24 avril 1990 : s’allier au départ avec les autres pour engager en solo le sprint final à l’approche du point d’arrivée.
Reste à savoir si, cette fois-ci, il s’agit d’un choix de cœur ou de chair.
Omer Nsongo die Lema et Le Maximum