Le président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), Albert Yuma, a été réélu pour un cinquième mandat consécutif à la tête de la corporation, à l’issue d’un suffrage organisé jeudi dernier à Kinshasa. Le patron des patrons de la RD Congo a placé son nouveau mandat sous trois axes principaux qu’il considère comme le socle de l’action pour promouvoir une croissance inclusive et durable de l’économie nationale : l’agriculture comme priorité des priorités, la promotion de l’industrie et la promotion de l’entreprenariat des jeunes.
Selon lui, l’agriculture est à l’origine de tous les mécanismes de développement, car, a-t-il indiqué, la croissance agricole permet de réduire la pauvreté trois fois plus efficacement que la croissance des autres secteurs, soulignant que la RD Congo est un pays à vocation agricole. Toutefois, il a noté que ce secteur fait face aux contraintes de plusieurs ordres, notamment l’absence et le déficit de l’énergie électrique, l’insécurité dans les zones de production, une lourde fiscalité à la production et à l’exportation par l’Office National du Café.
S’agissant de la promotion de l’industrie, M. Yuma a fait savoir que le tissu industriel de la RD Congo se trouve dans un état de délabrement très avancé et accuse un retard en matière de développement industriel. Ce dernier, a-t-il ajouté, est fortement préjudiciable au pays qui est devenu un importateur net des biens de consommation courante alors qu’il dispose de toutes les potentialités pour devenir une grande nation industrielle en Afrique.
Albert Yuma a soutenu que l’industrialisation est un facteur clé du développement durable d’un pays, de la diversification de son économie et permet un fort entrainement des investissements utiles à l’ensemble du système. La lourde fiscalité et parafiscalité que subissent les entreprises et la concurrence déloyale des produits similaires frauduleusement importés, n’incitent guère la mise en place d’une véritable politique industrielle, impulsée et coordonnée par l’Etat, visant à protéger certaines industries naissantes, afin d’orienter la demande intérieure vers la production nationale et de favoriser la confédération des forces productives.
Evoquant le dernier axe portant sur la promotion de l’entreprenariat des jeunes, M. Yuma s’est engagé à développer les capacités de la FEC dans l’accompagnement des jeunes à la création d’entreprises dans le cadre d’un programme conjoint Bureau International du Travail et FEC en cours d’élaboration. Ce cadre aura pour objectif de promouvoir et le développer les PME des jeunes.
Le président de la FEC s’est engagé aussi à initier des mesures courageuses en vue de rendre attractif et prévisible l’environnement des affaires en RD Congo afin de permettre aux entreprises de jouer pleinement leur rôle de créatrices des richesses et d’emplois. A cet effet, la FEC se propose de déposer auprès du gouvernement un document contenant ses propositions de réforme appropriée dont, la réforme des administrations fiscales, les règles de procédures, le contrôle fiscal, les taux et modalités de paiement des pénalités, des mesures de contrainte lors de recouvrement forcé, notamment le placement des Avis à tiers détenteurs et la réforme en matière des taux des impôts et du commerce transfrontalier.
Dressant le bilan de l’exercice 2016, le président de la FEC a indiqué que la croissance du produit intérieur brut au cours de cette année se situera à 4,9% contre une estimation initiale de 2,9%, selon les prévisions de Banque Centrale du Congo (BCC).
Cette amélioration des perspectives économiques, a-t-il dit, serait portée par le niveau relativement favorable des prix des matières premières sur le marché international. Celles-ci, a-t-il dit, n’occultent en rien les difficultés auxquelles l’économie de la RD Congo devra faire face. La reprise des cours des matières premières observée depuis le mois d’août 2016 aura un faible impact sur les recettes de l’Etat à cause du paiement anticipatif de l’impôt sur les bénéfices et profits. L’année 2015 ayant été plus faste en matière de recettes que 2016, Albert Yuma a laissé entendre que le gros des recettes sur cet impôt par rapport à l’année 2016 était déjà payé en avance au titre d’acomptes provisionnels de 40% en juillet et 40% en novembre 2016 sur les revenus de 2015.
Le reliquat à payer en avril 2017 sur base des résultats de l’exercice risque d’être négatif, sinon trop faible. Il a également fait savoir que la dépréciation plus accrue du Franc congolais malgré la pertinence des mesures monétaires prises par la BCC consistant à augmenter le taux d’intérêts débiteurs restent insuffisantes et conjoncturelles.
Dans cette même perspective, le secteur bancaire devra gérer la double question critique des relations avec les banques correspondantes ayant décidé de clôturer les comptes de certaines d’entre elles dans leurs livres alors que d’autres restreignent fortement l’approvisionnement du pays en numéraires et la gouvernance des banques commerciales en matière de limitation de mandat des administrateurs.
Des spéculations consécutives aux positions divergentes de la classe politique congolaise entravent le déploiement d’une activité économique productive, durable et porteuse de croissance, a soutenu l’orateur.
POLD LEVI AVEC AGENCES