Comble de ridicule, l’UDPS prétend se remémorer, en cette date du 17 mai 2017, une prétendue « régression de la démocratie », alors que l’histoire retient que ce parti et ses animateurs, dont Etienne Tshisekedi wa Mulumba, avaient, pendant près de 20 ans, accompagné Mobutu durant toutes ses années de confiscation du pouvoir. Sans états d’âme. En effet, ce n’est qu’en 1982 que révoltés par l’accumulation de tous les pouvoirs entre les mains du dictateur, ils se décidèrent à exiger de lui, non pas la déconstruction du système mis en place en 1965 mais une redistribution plus « équitable » des rôles avec lui dans ce qui n’était rien moins qu’une révolution de palais.
En 2006, dix ans après la chute du régime, due à l’action déterminée de l’Alliance des forces pour la démocratie et la libération (AFDL) de Mzee Laurent Désiré Kabila et cinq ans après l’assassinat de ce dernier, Tshisekedi et ses partisans ont refusé de participer au référendum qui a permis de doter le pays de sa constitution actuellement en vigueur et de participer aux toutes premières élections démocratiques jamais organisées dans le pays, depuis celles de 1960 par lesquelles le peuple congolais avaient mis en place des animateurs d’institutions choisis par lui. Après sa disparition début février 2017 qui a déclenché une véritable saignée des cadres, l’UDPS semble s’engouffrer dans la vrille vertigineuse de la disparition tel qu’on le voit très souvent avec nombre de partis politiques ou de groupes musicaux congolais après la disparition de leurs patrons. A l’analyse, ces différents groupes sont victimes d’une triste réalité de leur absence de vision à long terme et au-delà de leurs fondateurs-propriétaires.
Rares sont à ce jour les formations politiques rd congolaises pouvant se targuer de pratiquer ce qu’elles clament et revendiquent à longueur des journées comme projet de société. L’UDPS du défunt Etienne Tshisekedi ne fait pas exception. Pour preuve, en plus de 35 ans d’existence, ce parti n’a tenu qu’un seul congrès qui a eu pour seul résultat de renforcer les pouvoirs de celui qui passait pour son « propriétaire ». Il était donc prévisible, selon nombre d’observateurs, que Tshisekedi mort, le parti se délite et s’en aille littéralement à vau-l’eau.
Fonctionnement antidémocratique à l’Udps
Pour n’avoir pas organisé sa succession du simple fait de l’absence de démocratie que consacre l’alternance, ses survivants se disputent aujourd’hui le leadership d’un parti qui n’est plus qu’une coquille vide. Sans idée, l’Udps a perdu toute initiative et se retrouve à la traine des événements pour jouer aux improvisations afin d’espérer se maintenir dans l’actualité.
La trouvaille ‘post mortem’ de son héritier, Félix Tshilombo Tshisekedi, d’instrumentaliser la date du 17 mai qui rappelle l’instauration du nouvel ordre politique qui a tiré un trait sur la Deuxième République de Mobutu, pour caresser dans le sens du poil les nostalgiques (il n’en manque pas) de ce dernier qui est pourtant un des pires dictateurs que le pays et le continent africain aient connus, révèle une réelle perte de repères.
Pour le vingtième anniversaire de la libération de la RD CONGO du joug de la dictature mobutiste, l’UDPS a donc choisi d’organiser une matinée politique pour dénoncer cet événement qu’elle présente contre toute évidence comme « une régression de la démocratie ». Tout observateur averti ne peut que s’étonner face à cette définition négationniste et révisionniste de la situation. L’histoire retient, en effet, qu’avant le 17 mai 1997, le Zaïre de Mobutu Sese Seko a vécu tout sauf une démocratie. Depuis les ouvertures dites démocratiques faites par le Maréchal au début des années ’90, le pays avait sombré dans une spirale d’hostilités entre Mobutu et ceux avec qui il avait perpétré, à deux reprises, des coups d’Etat, respectivement le 14 septembre 1960 contre le gouvernement de Patrice Lumumba et les 24 novembre 1965 contre le président Joseph Kasavubu. C’est de ce dernier épisode que date justement la régression démocratique après les élections qui avaient vu le pays se doter d’institutions dignes d’un Etat et d’animateurs choisis par le peuple.
Tshisekedi parmi les premières élites proches de Mobutu
Entre 1960 et 1982, le président Mobutu s’était entouré de certains membres de l’élite congolaise, parmi lesquels M. Etienne Tshisekedi qui fut l’un de ses collaborateurs les plus proches.
On le sait, toute révolution dépourvue vision mange toujours ses propres enfants. Le poulailler de la Deuxième République qui n’avait qu’un coq dominant, Mobutu, finira par frapper d’éloignement tous les cadres autour de lui qui pouvaient être considérés, à tort ou à raison, comme susceptibles de lui faire ombrage. Ministre de la justice puis de l’Intérieur, Etienne Tshisekedi fera les frais de ce nettoyage des écuries et sera envoyé en une sorte de villégiature à l’ambassade du Zaïre à Rabbat (Maroc) avant de revenir ronger son frein au bureau du parlement (Conseil législatif) en qualité de deuxième vice-président. C’est alors que, piqué au vif dans son orgueil, le défunt ‘lider maximo’ qui, avant cette série d’humiliations, poussait la fidélité jusqu’à étrenner les mêmes costumes ‘abacost’ que son chef, a entamé sa lutte politique pour la “démocratie”.
A cette époque de la guerre froide, il ne rencontra point d’oreilles attentives en Occident alors que le Maréchal Mobutu collectionnait de puissants alliés décidés à contrer les tentatives de l’URSS de prendre pied sur le continent africain, notamment en Afrique australe.
Lorsque s’amorcent donc les ouvertures démocratiques des années ’90, le pays sombre à nouveau dans une querelle de factions sous le prétexte de vivifier une démocratie déjà prise en otage par des rancoeurs interindividuelles du passé dictatorial construit avec le concours, entre autres, de celui-là même qui présentait son UDPS comme « la fille aînée de l’opposition », au grand dam d’Antoine Gizenga et son Parti Lumumbiste Unifié (PALU) qui battait les records de longévité dans la résistance à la dictature.
Lutte stérile rythmée de négociations et de conciliabules
Alors que d’aucuns pensaient que l’UDPS allait se constituer en en fer de lance aiguisé comme l’ANC d’après l’apartheid, il va choisir de participer, sept années durant, au jeu éreintant des négociations et des conciliabules contre nature avec le pouvoir finissant de Mobutu qui aboutira à de multiples et interminables transitions. Un jeu propre à une synarchie au pouvoir obscur, et qui ne profitait qu’aux joueurs pendant que le bon peuple broyait du noir.
L’on ne peut dès lors que s’étonner que ce soit cette formation politique qui se met à discréditer la révolution-pardon du 17 mai 1997. C’est une insulte à l’histoire congolaise au regard de la libération effectuée ce jour d’un ordre politique cloisonné par une partition de fait entre, d’une part, le Maréchal-Président Mobutu calfeutré à Gbadolite et le reste de la classe politique, en ce compris l’UDPS de M. Tshisekedi qui, de leur côté, se déchiraient à belles dents dans la capitale Kinshasa.
Il n’est inutile de rappeler qu’en fait de régression, depuis le 17 mai 1997, l’UDPS, conduite d’une main de fer par Etienne Tshisekedi, a brillé par moult contradictions. Ainsi, prenant le contrepied de la résilience des Congolaises et des Congolais face aux velléités de balkanisation de leur pays, ce parti s’est retrouvé en alliance avec les agresseurs rwandais. Plus tard, en 2005, il lancera un mot d’ordre de boycott du référendum constitutionnel de décembre 2005 avant de s’autoproclamer champion toutes catégories de la défense de la constitution qui fut adoptée en la circonstance…
Aujourd’hui, l’UDPS a pris la responsabilité de servir délibérément de cheval de Troie aux forces du mal qui sont à la manœuvre pour mettre à mal le processus politique devant conduire le pays à des élections transparentes et apaisées au profit de groupes putschistes sans foi ni lois et de leurs mentors néocolonialistes étrangers.
Cette réminiscence historique amène à considérer l’UDPS de Félix Tshilombo Tshisekedi comme un conglomérat d’acteurs politiques amnésiques, ignorants ou dénués de tout sens patriotiques. Les faits, dit-on, sont sacrés, et ceux évoqués ci-haut sont et demeurent immuables. S’ils avaient un peu de respect pour leurs compatriotes, les sociétaires de l’UDPS auraient fait profil bas en ce 17 mai 2017 au lieu de distraire l’opinion avec des postures révisionnistes et négationnistes qui ne les honorent guère.
PDM avec Le Maximum