Près de deux semaines après son décès des suites d’une embolie pulmonaire à la Clinique Ste Elisabeth de Bruxelles, le plus vieil opposant rd congolais resté actif jusque début février 2017 fait encore parler de lui. Par sa succession biologique et politique. Mais pas seulement elles, autour de la destination à donner au capital-confiance engrangé par « le vieux » le long de dizaines d’années de combat politique, il apparaît qu’aux héritiers du sphinx de Limete se surajoutent un nombre plus ou moins considérable d’opportunistes qui ne tiennent pas à quitter la mangeoire de la 10ème rue.
C’est la conclusion à laquelle parviennent de plus en plus d’observateurs rd congolais et étrangers, qui en discutent amplement sur les réseaux sociaux ou qui s’en sont confiés au Maximum, au vu du marchandisage funéraire et funeste qui entoure la gestion des obsèques du président du conseil des sages des forces acquises politiques et sociales acquises au changement et président de l’UDPS.
Le mot d’ordre chez ses tshisekedistes semble être de tirer le maximum de bénéfice politique du décès et des funérailles d’Etienne Tshisekedi. En commençant par cette substitution de l’accord politique de la Saint Sylvestre, conclu par une brochette d’acteurs politiques de l’opposition et de la majorité et des représentants de la société civile, à la constitution adoptée par referendum par quelques dizaines de millions de rd congolais et promulgué en 2006. Un quasi coup d’Etat, en fait, annoncé la semaine dernière au cours d’un point de presse tenu à la permanence de l’UDPS à Limete par son secrétaire général, Jean-Marc Kabund. L’homme, qu’une certaine opinion présente comme « l’œil » de Moïse Katumbi (le candidat à la présidence de la République est plus que fervent apôtre du départ hic et nunc de Joseph Kabila du pouvoir) dans les instances dirigeantes de l’UDPS soutenait ainsi sans sourciller que « … le seul cadre politico-juridique qui devra régir l’espace politique congolais est l’accord de la Saint Sylvestre ». Qu’il faut urgemment mettre en œuvre, c’est-à-dire, nommer un premier ministre pour se mettre « … en conformité avec le vœu populaire qui estime que seul un gouvernement mis sur pied en application de cet accord a le droit d’accompagner le deuil de notre Cher Président ». En d’autres mots, la RD Congo devrait désormais être gérée sur la base d’un accord soutenu par un « vœu populaire » derrière lequel se dissimulent maladroitement d’opportunistes tireurs de ficelles. Qui jouent au quitte ou double, au tout tout de suite ou rien.
L’affaire de la désignation d’un fils Tshisekedi, en l’occurrence Félix Tshilombo Tshisekedi, en qualité de 1er ministre et donc, de chef du gouvernement qui « … a le droit d’accompagner le deuil … » en est une illustration. Outre qu’elle réduit le combat politique de celui que l’on présente comme une icône de la démocratisation en RD Congo en une vulgaire entreprise familiale, la proposition, pour ne pas dire l’imposition du nom de Félix Tshisekedi à la primature s’entoure de viles tricheries : depuis le week-end dernier, on sait que le défunt n’a jamais présente de candidature à la primature aux évêques de la Conférence Nationale Episcopale du Congo (CENCO) qui assurent la facilitation des négociations directes. Cela, l’abbé Donatien Nshole, dont on peut tout dire sauf qu’il éprouve la moindre sympathie par la majorité présidentielle, l’a révélé à nos confrères de POLITICO.CDDONAT NSHOLE DEMENT. Fort affaibli par la maladie lorsque la délégation cléricale lui rendu sa dernière visite peu avant son départ en Belgique, Etienne Tshisekedi n’avait même pas s’entretenir avec ses visiteurs, assure aujourd’hui, une source crédible à la 10ème rue Limete, la résidence du défunt.
C’est pourtant ce qui est ressassé à longueurs de journées par certains membres de la famille biologique d’Etienne Tshisekedi, le secrétaire général katumbiste de son parti, et un certain nombre d’acteurs politiques qui doivent leur fragile envergure au fait de se revendiquer de l’UDPS ou d’Etienne Tshisekedi lui-même pour bénéficier de faveurs populaires et électorales. Au cours de la réunion avec le gouvernement avant son voyage en Europe, Mgr Gérard Mulumba, le jeune frère du lider maximo, sans doute circonvenu par les mêmes tireurs de ficelles, a affirmé que son frère aîné avait désigné un 1er ministre qu’il convenait de nommer au plus tôt. Avant lui, ce sont des acteurs politiques kinois plus connus pour leurs exploits devant les caméras des télévisions locales que pour leurs plébiscites par le peuple qui s’activent à vulgariser ce qui est apparu comme un mensonge cousu de fil blanc. Ce sont eux, en réalité, qui mènent le baroud « tshisekediste » post mortem pour ne pas tout perdre.
Parce qu’à l’analyse, décédé, Etienne Tshisekedi n’a plus rien à perdre. Deux ans avant de rendre l’âme à Bruxelles, le patron de l’UDPS avait réalisé le rêve de tout homme politique qui entend se survivre à lui-même en dotant l’UDPS d’un siège sur le petit boulevard à Kinshasa-Limete, payé rubis sur ongle de sa propre poche. Une acquisition qui aurait coûté autour de 200 mille USD, selon les sources du Maximum, et qui pérennisera à jamais le parti politique qu’il lègue à la postérité. « Vieux azalaki na vue de loin » (i.e. « le Vieux voyait loin »), explique au Maximum un combattant qui passe le plus clair de sa journée entre les parages de la résidence du « Vieux » et le siège du parti. Même au sein du parti, beaucoup doutent que les objectifs d’un tel homme politique se soient limités au suicide et à la compromission à la tête d’une éphémère équipe gouvernementale. Ainsi que le suggèrent avec insistance, avec un peu trop d’insistance pour ne pas susciter légitime suspicion, des tireurs de ficelles au bord du désespoir politique.
Ce qui ont tout à perdre avec la disparition d’Etienne Tshisekedi, en réalité, ce sont ces petits acteurs politiques qui ne sauront plus durablement tirer bénéfice du nom du leader de l’UDPS ou de son parti politique pour se faire place au soleil. Pour eux, c’est maintenant ou jamais. Le vieux trépassé, il faut en tirer les derniers bénéfices, quitte à exercer du chantage autour de ses funérailles.
J.N.