Elle n’est pas close, la cause Samy Badibanga, le 1er ministre issu de l’accord politique du 18 octobre dernier. Loin s’en faut. Le groupe d’acteurs politiques opposés à l’accord de la Saint Sylvestre qui accorde la primature au Rassop s’élargit sans désemparer. Outre l’Abako de Anatole Matusila, qui s’est prononcé sans ambages sur la question, dénonçant l’accord intervenu au Centre interdiocésain de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, et l’opposition nationaliste du Justin Bitakwira qui a pris le courage de dire niet aux calottes sacrées catholiques, une plateforme a été créée pour soutenir le PM et l’accord du 18 octobre. L’affaire était encore entourée de quelque discrétion, jeudi 5 janvier 2017, mais pas assez pour que des fins limiers de la presse ne découvre le pot aux roses. Badibanga Samy, ce sont bien quelque 106 députés qui se fédèrent au sein d’une plateforme qui devrait voir le jour dans les heures qui suivent. 106, c’est de loin plus de voix à la chambre basse du parlement que la quarantaine d’élus qui soutiennent encore le Rassop et l’accord qui leur accorde la primature. Ajoutés à cette centaine de députés les quelques 300 autres de la majorité présidentielle, on obtient une configuration fidèle des rapports de forces à l’hémicylcle. Et au plan institutionnel et constitutionnel.
Car, le respect de la constitution, c’est le fin mot de l’affaire. A la Cité de l’OUA, en octobre dernier, comme au Centre interdiocésain au mois de décembre, les acteurs politiques rd congolais ont prioritairement convenu de ne guère toucher à la Constitution de février 2006. Le texte fondamental édicte les conditions de changement de 1er ministre (lire également en page 3) : la défiance par la plénière de l’assemblée nationale et la démission. Procéder autrement, c’est violer la constitution. BDB et ses amis en ont pris conscience et semblent décidés à camper dans la stricte légalité pour s’opposer à l’accord qui les défenestre de la primature. Par la force de la loi. Simplement.
A la plateforme des parties prenantes/Opposition de l’accord du 18 octobre dernier, il faut ajouter l’Hôtel de Ville de Kinshasa, emmené le même jeudi chez le PM par André Kimbuta Yango, le Gouverville, flanqué d’un nombre important de collaborateurs. Kin ne manque pas de mémoire, et s’est souvenu que le nouveau PM, né et grandi dans la capitale, compte parmi ses illustres fils. C’est la première fois que la Ville Province est honoré à ce niveau de responsabilité, c’est écrié le gouverneur PPRD de la capitale, qui a promis le soutien de la mégapole de quelque 10 millions d’âmes au nouveau locataire de l’Hôtel du Gouvernement. Ce n’est pas rien.
En face, les défenseurs de l’accord de la Saint Sylvestre ne désarment pas, eux non plus. jeudi 5 janvier 2017, le Front pour la défense de la constitution piloté par le MLC a subi les assauts réglementaires de la délégation de la CENCO (lire aussi en page 2), du Rassop et des ambassadeurs des Etats-Unis et de l’Union Européenne. Objectif des opérations de charme : convaincre bembistes et alliés de rallier le camp du Centre interdiocésain en signant l’accord politique intervenu in extremis le 31 décembre dernier. Dont on sait que l’application ne pourra pas ne pas heurter la constitution, sur la question de la primature, notamment. Mais sur d’autres aussi. Eve Bazaiba a promis de signer le document au nom du parti et de la plateforme devant la presse. Tout en signant, tard dans la soirée, un communiqué plus nuancé qui énonce que le front étudiera la question.
J.N. & H.O.
SAMY BDB : Une plateforme politique en soutien au PM
