Il a finalement été signé, l’accord politique issu des pourparlers du Centre interdiocésain de Kinshasa. Non plus vendredi, ainsi qu’en avaient décidé les évêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), mais samedi 31 décembre, peu avant minuit. Les principales questions qui fâchaient ont fini par trouver solution, grâce, rapporte-t-on, aux concessions mutuelles que sont faites les parties en présence, les signataires et les non signataires de l’accord du 18 octobre 2016.
Même si, en fait de concession, il apparaît que c’est la famille politique présidentielle qui a concédé la primature à l’opposition radicale réunie sous la bannière du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement. Compte tenu du fait que le reste des problèmes qui fâchaient trouvaient solution à travers la constitution de la République, qu’il suffisait de lire correctement.
Ainsi en est-il de la question des institutions à caractère électif, au sujet desquelles le texte fondamental stipule qu’elles ne peuvent être remplacées qu’avec l’élection de nouveaux animateurs par le peuple congolais. Il en est ainsi du Président de la République, des assemblées nationales et provinciales, des gouverneurs et vice-gouverneurs des provinces.
Sur la question du partage de responsabilité au sein du gouvernement et dans les entreprises publiques, il était déjà acquis depuis le dialogue de la Cité de l’OUA en octobre dernier, et a simplement été reconduit par les négociateurs du Centre interdiocésain.
Au chapitre de la décrispation du climat politique, quelques avancées ont été notées qui concerne l’arrêt des poursuites contre un certain nombre d’acteurs politiques, essentiellement ceux qui n’étaient poursuivis que la République, selon les explications de Lambert Mende, le ministre de la communication, au cours d’un point de presse lundi 2 janvier à Kinshasa. Antipas Mbusa Nyamuisi, Roger Lumbala, Moïse Moni Della et Floribert Anzuluni, auront été les gagnants de ces mesures de décrispation. Les autres cas emblématiques soulevés par le Rassop restent problématique : il s’agit des dossiers Moïse Katumbi, Jean-Claude Muyambo et Diomi Ndongala, qui ont été confiés à l’entregent des évêques de la CENCO.
Inclusivité partielle
Les négociations directes du Centre interdiocésain auront néanmoins achoppé sur la fameuse question de l’inclusivité, elles aussi. Le Front pour la défense de la Constitution emmené par le Mouvement de Libération du Congo de Jean-Pierre Bemba a refusé de signer l’accord conclu au motif que le départ du pouvoir de Joseph Kabila n’avait pas été acquis.
De même qu’une partie de l’opposition signataire de l’accord du 18 octobre, opposée à la cession de la primature au Rassop, et sans doute aussi à la recomposition du gouvernement qu’implique cette cession. José Makila Sumanda, Jean-Lucien Bussa et autres Samy Badibanga se sont déclarés opposés à l’accord du Centre interdiocésain. Et l’affaire paraît plus sérieuse qu’on ne veut l’admettre.
Les réfractaires à l’accord de la Saint Sylvestre sont presque tous membre des groupes parlementaires de l’opposition à l’assemblée nationale, dont le groupe parlementaire UDPS & Alliés, le plus important d’entre eux. Leur rétractation est lourde de menaces pour l’investiture du premier ministre issu du Rassop. A l’hémicycle, les groupes parlementaires de l’opposition, dont le MLC, pourraient compliquer l’investiture du prochain premier ministre. Surtout s’il faut tenir compte de la signature avec réserve émise par les délégués de la majorité présidentielle, eux aussi signataires de l’accord du 18 octobre dernier.
Tout dépendra de l’arrangement particulier
De sérieux problèmes à régler subsistent donc, malgré la signature de l’accord de la Saint Sylvestre dont la mise en application se présente comme un défi. Outre les problèmes non réglés au chapitre de la décrispation politique et le défaut d’inclusivité qui menace la pax politica arraché samedi dernier, il reste encore à décider du calendrier d’application de l’accord qui dépend largement de la mise sur pied du Conseil National de Suivi de l’Accord et du Processus électoral qui sera chapeauté par Etienne Tshisekedi. Il dépend d’une loi organique à voter par le parlement dont les forces en présences sont loin d’être acquises aux structures issues des travaux du Centre interdiocésain.
J.N.