Fin octobre à Hanoi, capitale de Vietnam, a eu lieu la rencontre annuelle des partis communistes et ouvriers dans le monde. 57 partis, parmi lesquels les PC des pays socialistes comme le Vietnam, Cuba, la Chine, le Laos, mais aussi des pays comme l’Inde, le Portugal, la France y étaient présents. Il s’agissait de la 18ième rencontre du genre. Le Parti communiste sud-africain (Sacp) y a fait une intervention remarquable. Avec ses 150.000 membres, il est le deuxième d’Afrique du Sud. L’un des trois piliers de l’ANC, il compte plusieurs ministres dans le gouvernement. L’intervention du Sacp a porté successivement sur la guerre hybride que mène l’impérialisme contre les pays émergents des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et l’Afrique du Sud). Le parti y a établi le lien entre cette guerre, la crise du capitalisme et l’offensive impérialiste. Ensuite sur la même guerre dans son déroulement en Afrique du Sud, avec toutes les faiblesses qu’elle génère, dont la corruption. Enfin sur cette guerre au travers des événements actuels en Afrique, surtout en République Démocratique du Congo et en Erythrée. Sont repris ci-dessous quelques passages importants de cette intervention.
Le Parti communiste de l’Afrique Sud-Africain a remercié le Parti communiste Vietnamien de l’accueil de cette 18ième conférence des partis communistes avec pour thème pour cette année «La crise capitaliste et l’offensive impérialiste – stratégie et tactique des partis communistes et ouvriers dans la lutte pour la paix, les droits des ouvriers et des peuples, le socialisme».
Il y a été question de formuler des réponses à cette crise et de donner des alternatives aux peuples qui souffrent du capitalisme, peuples qui regardent vers le communisme pour une meilleure qualité de vie et la construction du socialisme.
La crise du capitalisme se développe partout dans le monde. La chute des prix de matières premières cause une croissance diminuante, impactant négativement les conditions de vie de la majorité des pauvres et des travailleurs. En plus, viennent des accords commerciaux et autres négociés au profit des pays développés aux dépens des pays sous-développés, puisque le jeu de commerce déloyal et l’intimidation continuent.
La continuation d’un monde unipolaire résulte des guerres, des tragédies et d’autres conséquences négatives pour les peuples, notamment Africains, obligés de fuir vers le monde développé à la recherche du travail, de la sécurité et une vie meilleure.
Cette situation exige une unité plus grande entre les progressistes et les masses populaires ainsi qu’un débat profond dans le mouvement international communiste afin de formuler un trajet vers un développement alternatif pour le capitalisme dans des conditions qui ne sont pas dans les mains des Communistes.
LA STRATEGIE DE LA GUERRE HYBRIDE
La stratégie de l’impérialisme poussé par la crise du capitalisme est d’imposer au monde une guerre hybride. Celle-ci vise à obtenir un changement de régime dans des pays sans l’emploi classique de l’armée impérialiste mais en créant de l’instabilité, de mobiliser de larges sections de la population à travers une propagande médiatique unilatérale et en manipulant des soucis réels du peuple.
Ainsi, on voit actuellement une guerre hybride se développer à un rythme accéléré contre les pays des BRICS (les pays émergents du Sud). On a vu comment, au Brésil, a été réalisé l’objectif impérialiste via la destitution de la Présidente progressiste Dilma Rousseff.
En Afrique du Sud, comment les protestations des étudiants contre le minerval des universités – une demande pourtant légitime – ont été exploitées par des sections gauchistes et autres pour un agenda de changement du régime. Ceux qui manipulent cette lutte veulent l’abolition du minerval pour tout le monde, riches et pauvres. Or le gouvernement veut que dans une société capitaliste, ceux qui peuvent payer les études à l’université paient et non être subsidiés par les pauvres.
La tactique de la guerre hybride des impérialistes consiste donc à cultiver et à exploiter des revendications sociales du peuple et de les transformer dans des revendications politiques visant un changement de régime, notamment dans des pays qu’ils n’aiment pas. D’où la propagation de l’illusion superficielle de ‘American way of life and dream » (la façon de vivre et de rêver aux Etats-Unis).
On se doit de reconnaître que les problèmes internes sont comme des points faibles dans cette guerre. Ainsi la catastrophe de corruption impunie sous le capitalisme et impliquant des gouvernements de gauche doit être une question fondamentale pour la gauche. L’ignorer revient à créer des espaces pour les forces populistes et démagogiques. C’est la raison pour laquelle on a rejoint la condamnation de l’abus du pouvoir et averti des dangers d’un élitisme prédateurs rampant.
SUR LES INTRIGUES CONTRE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Sur le continent africain et en particulier en RDC, les intrigues impérialistes se démêlent dans le report des élections qui auraient dû avoir lieu en novembre. Cet évènement prend une autre dimension comme faisant partie de la guerre hybride.
Les Etats-Unis, la France et la Belgique en particulier sont malheureux à cause du fait que le Président actuel, Joseph Kabila, restera au pouvoir jusqu’en avril 2018. Ils envisagent une autre direction du pays qui est favorable pour l’impérialisme et qui écarte la Chine.
La Chine a actuellement les plus grands investissements en RDC, pays détenant près de 60% des réserves mondiales de coltan. La Chine y développe une stratégie de lourds investissements en vue de garantir l’alimentation des minerais qui sont importants pour les marchés comme celui des GSM, des ordinateurs, des voitures électriques constituant le secteur important pour le futur de l’économie mondiale.
La Chine y a aussi acheté des mines stratégiques. Le journal sud-Africain «Mail and Guardian» écrivait en mars dernier que «la Chine est devenue le partenaire commercial le plus important, les importations et exportations entre la Chine et l’Afrique valaient plus que 220 milliards de $ en 2014. Et la Chine a repris la place de la Belgique, de l’Union Européenne et des Etats-Unis depuis 2008. Selon le Fonds Monétaire International la commerce entre la Chine et la RDC valait 4,33milliards de $, ce qui est 57% plus que la commerce entre l’Union Européenne entière et la RDC et 12 fois plus important que la part du commerce des Etats-Unis avec la RDC».
Qui a cependant ouvert grandement à la Chine les portes de la République Démocratique du Congo ? Tous les spécialistes sont unanimes : ce ne sont pas les autorités congolaises. Ce sont les capitalistes américains, français, belges, britanniques etc. qui n’ont pas accompagné les autorités congolaises aux lendemains des premières élections post-Dialogue intercongolais tenues en 2006. Ils n’ont pas réalisé les promesses faites au peuple congolais pendant la campagne électorale. Les premiers contrats entre Kinshasa et Beijing ont été envisagés en 2007 pour être signés en 2008.
POUR UNE TRAJECTOIRE ALTERNATIVE ET UNE AUTRE VOIE DE DEVELOPPEMENT
Les intrigues et les rivalités inter-impérialistes continuent à se manifester en RDC et ailleurs sur notre continent. On est par exemple très inquiet du conflit frontalier entre l’Ethiopie et l’Erythrée qui pourrait susciter une nouvelle guerre civile.
Suscitée par les Américains, l’autodétermination de l’Erythrée est aujourd’hui piégée par des sanctions unilatérales imposées par les Etats-Unis pendant de longues années. Ce pays a été trop longtemps isolé et négligé par les progressistes. Il est même exposé aux menaces islamistes. Aussi, cherche-t-il à se délier de l’impérialisme en entreprenant une trajectoire alternative de développement contenant beaucoup de caractéristiques du marché capitaliste.
On devrait exprimer ouvertement la solidarité avec son peuple résilient.
Le Sacp le fait avec tous les peuples du monde qui suivent et se battent pour une voie alternative de développement. Il reste convaincu que le socialisme est la réponse à toutes ces tragédies qui ravagent nos sociétés. La guerre n’est pas la réponse.
Le socialisme, c’est le futur de l’humanité !
LE MAXIMUM AVEC Léonard Kasimba