Les discussions politiques conduites par les évêques de l’église catholique romaine en RD Congo depuis quelques heures ont une particularité : elles se tiennent sous la menace d’une insurrection populaire généralisée qui replongerait le pays dans un chaos que ceux qui en brandissent suavement la menace veulent « indescriptible ». La menace est, on s’en doute, utilisée comme une véritable arme par l’opposition radicale (ou extrémiste) qui a déjà montré par le passé comment elle sait s’y prendre en la matière. Les 19 et 20 septembre 2016, à l’appel des radicaux tshisekedistes-katumbistes, une marche de protestation prétendument pacifique avait dégénéré du fait que les organisateurs avaient pris délibérément le soin de semer la confusion en entretenant plusieurs itinéraires parallèles et différents de celle qui avait été convenue avec les responsables de la sécurité de la ville de Kinshasa. Prévue pour déborder, la manifestation l’a effectivement fait : les manifestants s’étant livrés à des agressions contre tout ce qui ne manifestait pas : transporteurs en commun, agents de police, sièges des partis politiques de la majorité, édifices publics et privés, etc. Des agents de police, lynchés à mort, on perdu leurs vies. Mais aussi des civils, fauchés par des balles, des policiers en faction devant certains édifices et d’éléments incontrôlés non autrement identifiés à ce jour. Au total, plusieurs dizaines de morts ont été déplorés : une quarantaine selon les sources officielles, une cinquantaine selon les sources onusiennes. Même si les organisateurs se sont dépêchés d’annoncer le chiffre rocambolesque de plus d’une centaine de mort dont aucune identité n’a encore été fournie, trois mois après les événements.
La mobilisation flanche depuis deux mois
Après avoir vainement tenté de rééditer l’exploit macabre de septembre dernier les 19 octobre et novembre 2016, le Rassemblement tshisekediste-katumbiste promet « un véritable apocalypse » le 19 décembre prochain, date qui coïncide avec la fin constitutionnelle du mandat présidentiel. Certes, la menace d’apocalypse ne présente plus les mêmes chances de réussite qu’en septembre dernier. Assurément pas, les fiascos enregistrés en octobre et en novembre indiquent que les forces de l’ordre ont suffisamment pris la mesure du danger public et sont préparées à y faire face. Mais, surtout, les populations kinoises ne sont plus, toutes, disposées à revivre les scènes déplorées il y a près de trois mois maintenant. De partout s’élèvent des voix pour dissuader et conscientiser les écervelés généralement mis à contribution pour opérer des saccages qui n’apportent de satisfaction qu’éphémère. La mobilisation pourrait poser problème, et l’insurrection se transformer en mythe urbain.
Même si les radicaux de l’opposition peuvent espérer du secours : d’une certaine communauté internationale, essentiellement occidental. Les démocrates américains, les libéraux belges et… la gauche française essentiellement croient et exploitent, chacun à sa manière, mieux que les rd congolais eux-mêmes, le sceptre de l’apocalypse now. En réalité, et cela est connu depuis la défenestration de Blaise Compaoré au Burkina Faso : les manifestations prétendument spontanées des populations sont infestées d’éléments formés et armés pour atteindre des objectifs stratégiques préalablement définis, qui font le sale boulot sous le couvert de manifestants « pacifiques ». C’est la nouvelle forme de conquête de pouvoir « démocratique » inventée par les anciens colonisateurs des pays du contient africain, en fait.
Démocratiseurs occidentaux
Le problème qui se pose, c’est celui du rapport qu’il faut établir entre les pratiques démocratiques prônées par les mêmes occidentaux et ce qu’il faut bien considérer comme des coups d’Etats populistes. A l’évidence, ils piétinent le sacro-saint principe démocratique de l’élection, cette possibilité offerte par la plupart des constitutions africaines aux populations de participer à la vie politique nationale en portant au pouvoir les personnes de leurs choix. Le populisme qui va de pair avec les méthodes insurrectionnelles s’avère, à l’examen, on ne peut plus tricheur : puisqu’il substitue au comptage systématique des voix des estimations déraisonnables et peu fiables, en somme. Attirer 100.000 personnes dans une manifestation publique n’équivaut pas aux votes de millions des rd congolais, tout de même : les équivalences revendiquées et projetées sont douteuses au plus au point. Tout comme l’élimination par des méthodes insurrectionnelles d’un ou plusieurs candidats potentiels à une élection, avant sa tenue. Antidémocratique, le mythe de l’insurrection populaire, et tout ce qui va avec, sont assurément contraires à la démocratie.
J.N.