Il sera prématuré, le discours du Président de la République, Chef de l’Etat, cette année 2016. Ce sont les circonstances qui l’imposent : la situation politique du pays particulièrement marquée par surenchère autour de la fin du second et dernier mandat de Joseph Kabila à la tête de la RD Congo. Le devoir de s’adresser à la nation par le biais de ses élus est en effet une obligation constitutionnelle qui a lieu, ordinairement, le 14 décembre de chaque année. C’est conformément aux articles 77, 119, 120, et 121 de la constitution, et aux articles 1er, 2, 3, 4, 6, 7, 8 et 16 du règlement que se tient, ce mardi 15 novembre 2016, cet événement peu commun, qui le sera davantage encore cette année.
Dans la pratique, le discours du Chef de l’Etat à la Nation à la fin de chaque année est destiné à rendre compte au souverain primaire de la conduite annuelle de la nation. Et ébauche des perspectives d’avenir. Il s’agit d’une adresse qui n’appelle aucun débat, selon la Loi des lois rd congolaise.
Mais ce mardi, il devrait en aller un petit peu autrement. Parce que l’Etat de la Nation, menacé de turbulences politiques manifestement encouragées par une certaine communauté internationale, appelle une mise au point attendue depuis des lustres.
Si le Chef de l’Etat, qui s’est montré particulièrement offensif devant la délégation du Conseil de sécurité des Nations-Unies reste dans les dispositions psychologiques du week-end dernier, le message de ce jour devrait s’avérer fort percutant.
Parce qu’au plan externe, Joseph Kabila semble de plus en plus agacé par les ingérences et immixtions d’une certaine communauté internationale dans les affaires intérieures de la RD Congo. A l’adresse de la nation, un recadrement souple mais ferme des rapports qui devraient prévaloir entre un Etat indépendant membre à part entière de la communauté des nations pourrait être entendu.
Au plan interne, les tribulations autour de la mise en œuvre du processus électoral accapareront sûrement les propos du premier des citoyens de la RD Congo. Depuis plus d’un an, Joseph Kabila a convié les acteurs politiques à un dialogue pour se convenir des principes qui doivent guider le passage de flambeau entre lui-même et son éventuel successeur. Sans grand succès, puisque ce n’est qu’il y a quelques mois que ces assises cruciales ont pu se tenir sous l’égide de l’Organisation de l’Unité Africaine (UA), sans pour autant rassembler, comme on l’aurait souhaité, l’ensemble de la classe politique rd congolaise.
Malgré tout, Joseph Kabila aura joué son va-tout pour élargir l’adhésion à l’accord politique issu du dialogue politique de la Cité de l’OUA à l’opposition radicale tshisekediste-katumbiste. Au moment où Le Maximum mettait sous presse, lundi 14 novembre 2016 dans la soirée, les évêques catholiques diligentés par le Président de la République pour une énième médiation prévoyaient une rencontre mardi 15 novembre 2016 entre la majorité présidentielle et les radicaux tshisekedistes. Au sujet de ces concertations de dernière minute aussi, coincé par le calendrier et l’obligation de tenir parole, Joseph Kabila devrait trancher.
A cet égard, précisément, on aura noté, lundi dans la matinée, la démission en bonne et due forme du 1er ministre Augustin Matata Ponyo et de son gouvernement. Conformément à l’accord politique de la Cité de l’OUA qui prévoit que le futur chef de gouvernement soit issu des rangs de l’opposition. Si donc rien de concret n’aura fait bouger les lignes chez les opposants, il y a lieu de parier qu’ici aussi, Joseph Kabila lancera résolument la machine.
J.N.