Les importateurs des denrées alimentaires de premières nécessités (riz, poulets, poissons, sucre, huiles végétales…) bénéficieront des allégements fiscaux et douaniers ne dépassant pas 3 mois, a indiqué le 24 octobre 2016, le ministre r-dcongolais de l’Economie, Modeste Bahati Lukwebo.
La liste des heureux bénéficiaires des mesures d’exonérations fiscales et douanières de l’Etat est disponible au cabinet de Bahati. Point d’illusions, il s’agit principalement pour ne pas dire exclusivement des expats, des importateurs libanais, indopakistanais dont Sokin, Congo Futur, etc, Socimex, qui, en décembre 2015, avaient raflé le marché de 16 milliards de FC offert par le ministère du Budget pour approvisionner la RDC en surgelés et riz pour la Bonana.
Bahati Lukwebo, il sied de le mettre en exergue, parle « des mesures urgentes ». Ce qui voudrait dire qu’entre novembre 2016 et janvier 2017, le marché local devrait être inondé de produits alimentaires venus d’ailleurs. Quid donc de la production locale ? RAS, rien à signaler.
Or, avis d’experts, les festivités de fin d’année seraient le moment propice pour les unités locales, Bukanga-Lonzo en l’occurrence, d’écouler leurs productions avec l’aide du gouvernement. La campagne inhérente à consommer le made in DRC, « Lia, mela, lata RDC » n’aurait donc été qu’un creux slogan attrape-nigauds ? s’interroge-t-on dans l’opinion.
Il y a peu, le très sérieux sénateur Jacques Djoli avait soutenu sur un plateau de télé que Bukanga Lonzo vendait en réalité des produits importés. Précédemment, le numéro un du patronat national (FEC), Albert Yuma, avait pour sa part soutenu que le parc agro-industriel n’était qu’un éléphant blanc. Et selon les experts du ministère de l’Agriculture, Pêche et Elevage, le Plan national d’investissements agricoles, PNIA, couvrant la période 2013-2020, piétine alors qu’il est à mi-parcours. La relance de la BCA, Banque des crédits agricoles annoncée dans le cadre de 28 mesures urgentes prises en janvier 2016 semble être expédiée dans les longs termes.
Et pourtant, le gouvernement a déclaré, urbi et orbi, disposer d’un «plan plus ou moins clair qui puisse permettre aux opérateurs économiques r-dcongolais de participer notamment à l’approvisionnement du pays en produits alimentaires de première nécessité ». L’opinion se souviendra des assurances de l’alors ministre du Budget, le PALU Daniel Mukoko Samba, selon lesquelles le dernier trimestre de l’année serait l’occasion pour les opérateurs r-dcongolais d’écouler leurs produits de manière à ce que les festivités de fin d’année se passent dans les meilleures conditions possibles.
Soutien aux opérateurs r-dcongolais, du poisson d’avril.
Certes, l’on a vu DAIPN relooké et des initiatives privées sortir de terres, dont Kitoko Food, mais le marché alimentaire r-dconglais est demeuré largement tributaire des importations. Et voilà pratiquement 5 ans depuis la première publication du rapport MENA qui a conclu à des marges de bénéfices exorbitants que gagnent voilà des lustres des importateurs des produits vivriers de la place que le gouvernement tente sans succès d’obtenir la baisse des prix des produits de grande consommation, essentiellement alimentaires. Hélas, l’Etat s’est heurté à une fin de non-recevoir des expatriés, SOCIMEX, CONGO FUTUR, SOKIN…BELTEXCO, tous affiliés à la FEC, qui contrôlent en réalité le marché r-dcongolais. Ces derniers disposent, en outre, des droits d’exclusivité leur accordés par l’Etat sur divers produits qu’ils sont les seuls à même d’importer. L’Etat avait alors résolu de soutenir les importateurs nationaux ou encore la production locale. C’est ce cadre que s’explique la construction extrabudgétaire du parc de Bukalonzo et la réhabilitation du domaine agro-industriel présidentiel de la N’sele. Des infrastructures qui auront coûté au bas mot 200 millions de dollars. Hélas, ils ne se comptent plus que du bout de doigt ces importateurs nationaux que comptait soutenir le gouvernement Matata. Qui n’a pas dit en quoi consistait clairement ce soutien. Dans l’opinion, d’aucuns devraient se souvenir des Chez Yaya ou encore Kansebu, qui, terrorisé par le fisc et la douane, a dû jeter par-dessus bord une cargaison des riz en rade du port de Matadi. L’Etat, fait comprendre cet importateur des consommables informatiques, a sacrifié les nationaux sur l’autel des bakchichs versés par des groupes asiatiques devenus maîtres du marché et de l’économie en R-dC.
POLD LEVI