Après les manifestations violentes des 19 et 20 septembre 2016 à Kinshasa, qui ont entrainé la mort d’une quarantaine de personnes dont au moins 3 agents de police, selon les chiffres du gouvernement que personne ne parvient vraiment à démentir à ce jour (l’ONU fait état d’une cinquantaine de morts, mais ça doit se prouver documenté), l’opposition tshisekediste-katumbiste a récidivé. En appelant les rd congolais à l’observation d’une journée « ville morte » mercredi 19 octobre sur toute l’étendue de la République, les radicaux réunis sous la bannière du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement ont sans doute visé trop grand. L’opération s’est soldée par des résultats suffisamment mitigés pour faire dire et écrire aux médias mondiaux pourtant largement acquis à leur cause que l’appel « … à des villes mortes contre Kabila (a été) diversement suivie … ». En fait, c’est l’expression consacrée pour ne pas crier sur tous les toits que l’affaire n’a pas réussie comme on l’aurait voulu.
A Kinshasa, mégapole de quelque 10 millions d’âmes, les activités ont certes tourné au ralenti, dans la première moitié de la journée particulièrement. Avant de reprendre leur train-train normal au milieu d’un après-midi de surcroit pluvieux, manifestement parce qu’aucun incident malheureux n’avait été rapporté. Un mois après la tentative d’insurrection de septembre dernier et sa cohorte de dégâts humains et matériels, la réaction des kinois est sans nul doute attribuable à la prudence : les tracts largués par les organisateurs la veille à travers la capitale rd congolaise invitaient parents et propriétaires de véhicules de transport à garder rejetons et véhicules chez eux. Une invitation perçue comme une menace.
A Mbujimayi au Kasai Oriental, le fief électoral des Tshisekedi, cela va de soi. La journée ville morte a été parfaitement observée, selon tous les observateurs. Pour le reste des grandes villes rd congolaises, il ne semble pas que les bourgades se soient laissées tuer du tout. Surtout pas à Lubumbashi, la capitale de la province du Haut-Katanga, présentée par certains comme le fief du candidat déclaré à la prochaine présidentielle, Moise Katumbi Chapwe. « Les activités ont tourné normalement », assurent nos confrères de l’Agence France Presse.
A Goma au Nord-Kivu, les activités se sont avérées timides en début de journée et, plutôt que d’observer une ville morte au succès hypothétique, l’opposition a organisé une manifestation de dépôt de cartons jaunes au gouvernorat, qui s’est déroulée sans anicroches. Même scénario à Beni, autre grande bourgade de la même province et fief de l’opposant Antipas Mbusa Nyamuisi : un groupe de manifestants s’est rendu à la mairie locale déposer des cartes jaunes. Point à la ligne.
A Bukavu, le fief électoral de l’UNC Vital Kamerhe, où la signature de l’accord politique de la Cité de l’OUA avait été bruyamment fêtée 24 heures plus tôt, écoles et commerces ont fonctionné normalement, rapportent des sources indépendantes.
En somme, les rd congolais ont circulé mais prudemment fermé boutique, donc. Et si l’on tient compte du fait que Kinshasa et Mbujimayi sont loin de représenter toute la RD Congo, assimiler l’obéissance aux mots d’ordre de l’opposition au rejet de l’accord politique de la cité de l’OUA, du dialogue qui l’a précédé, ou simplement de la majorité au pouvoir en RD Congo, est un vaste leurre.
J.N.