Ça a tiré de 1 h à 3 h 30’ environ, dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 oct. 16, à Masina III, dans la commune du même nom. Le quartier Masina III, c’est sur la route de l’aéroport international de Ndjili, après la commune de Masina (Masina II) et avant l’entrée vers les entrepôts Transco dans la même commune.
A l’origine du grabuge, rapporté par des témoins obligés de se terrer chez eux, une cérémonie funéraire qui serait passée inaperçue si le défunt n’était pas un « Wewa », un taxi-moto, donc. L’homme avait été victime d’un accident de circulation il y a un mois, mais c’est seulement samedi dernier que la levée du corps de la morgue a pu avoir lieu, faute de moyens. Les collègues du taxi-motocycliste qui s’étaient cotisés pour inhumer leur collègue, ont eu l’idée, déplorable aujourd’hui, d’organiser ses obsèques dans l’une de leurs principales stations de chargement de clients : devant la succursale de « Solidair », une institution de transfert de cash sur le boulevard Lumumba. Faute de moyens pour louer un espace funéraire sans doute.
Samedi, jusqu’à la tombée du soleil, tout s’est bien déroulé en ce lieu funéraire improvisé au nez et à la barbe d’une police kinoise débonnaire : les Wewa ont combiné boulot (transport des clients) et deuil (honorer le défunt, la bouteille de bière ou d’alcool frelaté à portée de main). Jusqu’autour de minuit, lorsqu’il leur est venue l’idée de se rendre au quartier d’en face, à Kingasani, où était organisé le deuil de l’épouse d’un autre de leurs collègues, décédé quelques jours auparavant.
Passblement éméchés, les Wewa de Masina ont provoqué des troubles aux obsèques de leur collègue de Kingasani. Les témoins interrogés par Le Maximum parlent de tentatives de pillages, et de destructions de biens de particuliers aux alentours. La visite de consolation a été perçue comme une offense par les motards de Kingasani qui ont aussitôt appelé à la vendetta. Ils n’ont pas été chercher loin pour trouver du secours à leur ouvrage : les shégués, ou kulunas du quartier, communément appelés « la police des Maîtres », ont été conviés à une expédition punitive vers la station « Solidair ». Armés de machettes et autres objets contondants, ils ont attaqué, contraignant les Wewa de Solidair à faire recours, eux aussi, des shégués de Masina, les « Jamaïques ».
Les affrontements de samedi dernier devant le siège de la succursale Solidair ont duré plusieurs heures et viraient au pillage de l’institution bancaire lorsque, sortant enfin de sa torpeur, la police a été obligée d’intervenir. Sans grand succès, selon les témoins. Dans les sous-commissariats de police de proximité, « le nombre d’armes dotées de munitions ne dépasse jamais 5 », confie au Maximum une barbouze communale. Une précaution imaginée par les chefs de la police dissuadés de faire régner fermement l’ordre et la loi depuis que pour un oui ou un non l’administration Obama distribue des sanctions à leurs chefs depuis la lointaine Amérique. Ce n’est pas assez pour dissuader foule. Des renforts ont été requis, de l’aéroport international de Ndjili, non loin de là, qui n’ont pu que constater les dégâts : 1 mort et 3 blessés.
Pour mettre fin au grabuge ainsi créé, les autorités municipales de Masina et de Kimbanseke ont obligé les familles éprouvées à enterrer leurs morts au plus tard à 6 h 00, dimanche 2 octobre 2016. Mieux préparés, les Wewa de Kingasani ont inhumé l’épouse de leur collège au cimetière réputé désaffecté de Tshwenge, non loin de l’aéroport international de Ndjili. Tandis que ceux de Masina-Solidair ont attendu le milieu de l’après-midi, le même dimanche, pour porter en terre le corps de leur collègue, au même lieu.
J.N.