Trois jours de deuil national. Rien de moins. C’est ce que M. Etienne Tshisekedi et son Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement a décrété, pour pleurer les cents morts comptés par ses membres à la suite des graves violences qui ont endeuillé la capitale à la suite d’une manifestation « pacifique » appelé par ses membres. Trois jours de deuil qui devaient courir du lundi 26 septembre au mercredi donc. Mais qui n’ont été observé par personne à Kinshasa. Le nouveau décret de trop, semblait viser particulièrement les écoliers, déjà privés de cours depuis le mouvement insurrectionnel du 19 septembre dernier. En décidant l’observation de 3 jours de deuil, les Tshisekedistes-Katumbistes tentaient sans nul doute de prolonger l’inactivité dans la capitale, mais rien n’y a fait. Sans violences, Kinshasa n’a pas obtempéré aux mots d’ordre de l’opposition radicale, à en juger par l’allure prise par la reprise des activités dans la capitale. D’autant plus que sur les bilans des manifestations du 19 au 20 septembre 2016, les chiffres divergent énormément. Selon les données amplement documentées fournies par la police, en deux jours d’émeutes, 32 personnes, dont des policiers en service, ont trouvé la mort, sans compter d’importants dégâts. Là où l’opposition vante une centaine de tués et autant de blessés. Chez les tshisekedistes, c’est Joseph Olenghankoy des Fonus qui s’est précipité d’annoncer, lundi 19 au soir, une cinquantaine de morts. Le 20 septembre, dans un message diffusé sur les antennes de la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF), Etienne Tshisekedi clamait quant à lui le chiffre de 100 morts, suivi 24 heures plus tard par son nouveau secrétaire général, Jean-Marc Kabund, qui a confirmé le chiffre de 100 personnes tuées, lui aussi.
Seulement, cette prose dénonciatrice voire, calomnieuse, ne fonctionne plus comme par le passé. Lorsqu’il suffisait d’accuser le pouvoir de massacre pour voir la communauté internationale « couper ses vivres au gouvernement voyou et assassin ». L’épopée des désormais célèbres faux massacres des étudiants de Lubumbashi est demeurée fraîche dans les mémoires : personne n’a jamais su apporter la preuve que plus d’un seul étudiant du campus universitaire de Lubumbashi avaient été tués en masse, plus de 20 ans après les incidents de la Kasapa à Lubumbashi.
L’opinion attend donc, une semaine après les manifestations du 19 et 20 septembre 2016, qu’Etienne Tshisekedi et ses hommes apportent les preuves de leurs accusations : qui sont les 100 morts annoncés et où sont les corps ? La police a avancé des chiffres assorti de l’identité des victimes là cela était possible. Elle présentera les corps à l’occasion de cérémonies funéraires à programmer bientôt. On attend non sans intérêt que les Katumbistes présentent leurs listes assorties d’éléments d’identification des victimes, c’est la moindre des choses. Mais l’affaire traîne, et les jours passent, qui peuvent entraîner la perte des traces.
Selon la plupart des chroniqueurs de la presse nationale, avant de décréter des jours de deuil, l’opposition aurait fait œuvre sensée en publiant préalablement la liste des personnes dont elle déplore la disparition brutale. Pour ne pas donner l’impression de larmoyer et de faire larmoyer sur des morts fictives.
J.N.