En RD Congo, à Kinshasa et à Gomba au Nord-Kivu particulièrement, ils sont faits connaître comme « mouvements citoyens », ces associations de jeunes qui, théoriquement, se préoccupent des problèmes de leurs sociétés. Eux, ce Filimbi et Lucha, deux mouvements anarchisants et subversifs subventionnés par des organismes internationaux et des officines basés en Afrique de l’Ouest, ce ventre mou de l’Afrique post coloniale où se fomentent des troubles sociaux en pays africains convoités comme la RDC, le Kenya ou l’Afrique du Sud, sous le sponsoring intéressé du tristement célèbre richissime sujet US, Georges Sorros.
On rappelle qu’à Kinshasa, les membres de Filimbi ont tenté de rééditer une sorte de printemps arabo-burkinabè à la congolaise en initiant des jeunes au soulèvement. Financés par l’ambassade US à Kinshasa, entre autres, le mouvement avait fait venir des « experts ès subversion et soulèvements spontanés » du Burkina Faso et du Sénégal, que les autorités de la RD Congo eurent tôt fait d’attraper et de renvoyer chez eux comme des malotrus.
Cet échec dans la capitale coïncida avec la transformation quasi concomitante à Goma, des jeunes du groupe dit Lucha dont les revendications se limitaient jusque-là à des questions relatives à la pénurie d’eau potable, d’électricité et d’entretien des routes en activistes politiques braillards et délibérément provocateurs qui ne dissimulent plus leurs destins déstabilisateurs.
Les deux regroupements, qui n’ont aucune existence légale selon les autorités de la RD Congo, ont maille à partir avec la justice de leur pays depuis quelques mois ou la loi exige de manière formelle l’enregistrement auprès de la Direction des Associations du Ministère de la Justice de toute personne morale pour des raisons évidentes.
Lucha (Lutte pour le Changement) vient de révéler ses projets politiques véritables en désignant le Dr Denis Mukwege, le médecin bien connu de Panzi au Sud Kivu, pressenti par certains milieux libéraux belges comme candidat à la prochaine élection présidentielle comme son « porte-parole ». Et Filimbi lui a emboîté les pas la semaine dernière. Un de ses animateurs, Floribert Anzuluni, non autrement connu que comme le fils d’un ancien cacique fanatique du mobutisme défunt, l’a déclaré dans une interview chez nos confrères de Jeune Afrique.
Naturellement, un peu trop naturellement même, le médecin de Panzi, que la même communauté internationale n’a eu de cesse de couvrir de prix et titres honorifiques depuis quelques années, ignorant superbement ses confrères autrement mieux qualifiés et impliqués dans le soutien aux femmes victimes de sévices sexuels, s’est empressé de déclarer qu’il acceptait cette offre d’associations en délicatesse avec les lois du pays et les pouvoirs publics. La conclusion coule donc comme de source : le médecin fistulier lutte, comme sieur Anzuluni dont il est le porte-parole, pour le départ « le plus vite possible » de Joseph Kabila et de sa majorité du pouvoir. Ce qui est sans doute son droit le plus strict. L’est moins sans nul doute, le fait de continuer à se dissimuler sous les oripeaux d’un acteur de bienfaisance alors que l’on est bel et bien un acteur politique aux ambitions avérées. Comme un certain Moïse Katumbi, candidat déclaré à la prochaine présidentielle que soutiennent des regroupements politiques comme le G7, Denis Mukwege bénéficie le plus officiellement du monde d’un comité de soutien constitué des mouvements Filimbi et Lucha depuis fin juillet 2016.
S’il est acceptable de nourrir des ambitions politiques somme toute nobles, comme celle d’aspirer à diriger son pays, se faire passer durant des années pour un praticien bienfaisant et apolitique tout en faisant de la politique sans l’avouer est moralement peu défendable. Parce qu’il y a en l’espèce tromperie sur la marchandise, quelque part.
Parce que ce n’est qu’à présent qu’on peut comprendre les prises de positions politiques du Dr Denis Mukwege. Lorsqu’il assure que la présidentielle est organisable dans les délais constitutionnels, ainsi qu’il l’a fait au terme de journées de réflexion organisées la semaine dernière à Kinshasa : l’homme qui tient aux délais constitutionnels est lui-même intéressé au plus haut point par la fonction présidentielle à dégarnir. Il ne le serait pas qu’il aurait lu la même constitution différemment, sans doute.
J.N.