La BAD a fait girouette. Elle n’apporte plus son appui au budget révisé de la RDC. Par ailleurs, les réserves de change de la RDC se sont érodées de plus de 300 millions de dollars en l’espace de près de six mois, passant de 1.32 milliard de dollars en février 2016 à 1.006 milliard à fin juillet 2016. Ce qui ne vaut que 4.45 semaines d’importations des biens et services contre la moyenne régionale SADC de 12 semaines. C’est la conséquence, entre autres, d’amortissement de la dette extérieure, selon la Troïka stratégique du gouvernement.
Le solde des opérations financières de l’Etat, au 29 juillet 2016, accuse, en effet, un déficit de 55,653 milliards CDF, contre un excédent projeté de 39,346 milliards CDF. Cet état résulte des recettes de 320,960 milliards de CDF contre des dépenses de 376,614 milliards CDF (104% d’exécution).
Nul doute, par souci de se montrer bon élève devant les institutions de Bretton Woods, Matata Ponyo tient, en dépit de la crise financière liée à la dégringolade continue des cours mondiaux des matières premières, à honorer ses engagements vis-à-vis des partenaires extérieurs.
En dépit de la crise dans le secteur des mines et du pétrole d’où la RDC tire l’essentiel de ses recettes, le gouvernement décaisse des dizaines des milliers des dollars pour vider son stock de dette extérieure. En 2014, plus 175 milliards de CDF, précisément 178.382.619.000 CDF soit près de 195 millions de dollars ont été versés. Et en 2015, plus de 150 milliards de CDF (nettement 151.806.650.000 CDF) soit plus de 165 millions de dollars. Pour l’exercice 2016, le gouvernement a alloué 147, 1 milliards de CDF soit un peu moins de 160 millions de dollars. Le gouvernement, paient, en outre, des intérêts sur la dette extérieure: 95 millions de dollars (environ) en 2014, 85 millions de dollars en 2015. Et pour 2016, une enveloppe de près de 90 millions de dollars est prévue au titre de paiement de l’intérêt sur la dette extérieure.
La réduction de la dette du Congo était la résultante des efforts considérables dans le cadre du programme économique appuyé non seulement par les institutions de Bretton Wood, mais aussi par les partenaires bilatéraux (Belgique, France, Grande-Bretagne, Japon, États-Unis…) Le Congo avait accédé au point d’achèvement de l’Initiative pays pauvres très endettés (IPPTE) en décembre 2003. Il avait été atteint en juin 2010 grâce à la discipline budgétaire et à des réformes structurelles. La dette extérieure qui s’élevait à quelque 13,7 milliards de dollars, avait été alors ramenée à 2,97 milliards après le satisfecit des institutions de Bretton Woods sur le respect de l’ensemble des conditionnalités.
L’allègement de la dette due aux Club de Paris et de Londres devait être suivi par des négociations bilatérales pour chiffrer la hauteur des réductions. La Belgique avait été la première à annuler la dette (près de 773 millions de dollars) du Congo. Son élan avait été suivi par la France (près d’un milliard), la Suède (158 millions), le Brésil (900 millions pour 12 pays africains), le Japon (plus d’un milliard). Mais aussi par les États-Unis, l’Autriche, l’Italie, les Pays-Bas qui avaient effacé tout ou partie de la dette dans le cadre de la coopération bilatérale. Le processus des réformes recommandées était destiné à faire éviter au pays le retour à la dette extérieure. Il était fondé sur les neuf exigences de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) en vue de l’amélioration de la gouvernance économique et de la transparence. La remise de dette était une panacée parce qu’elle a permis de réaffecter les ressources, jadis destinées au service de la dette, à l’amélioration des services dans les secteurs prioritaires : santé, éducation, eau, assainissement, agriculture, développement rural et infrastructures. Elle a également contribué à assainir les comptes publics, rétablir la capacité d’endettement et rouvrir les portes des marchés financiers. Mais attention. « La capacité d’endettement retrouvée ne devrait en aucune manière être comprise comme une licence à s’endetter à nouveau de manière inconsidérée », prévenait le président Joseph Kabila dans un discours sur l’état de la Nation. A la faveur d’un vaste programme de reconstruction nationale dénommé « Les Cinq chantiers de la République », puis «révolution de la modernité», la Chine a consenti à contribuer à hauteur de quelque 9 milliards USD à la construction d’infrastructures en RD Congo. En échange d’exploitations minières d’une contre-valeur de plus moins 14 milliards USD en produits miniers, à travers une entreprise créée à cette fin, Sicomines. C’est qui avait été qualifié de contrat gagnant-gagnant, à la limite du troc, matières premières rd congolais contre capitaux frais chinois. Les puissances occidentales sont passées par là et ont imposé une sorte de véto, avec la complicité d’acteurs politiques rd congolais. Sous la pression des institutions de Bretton Woods (Banque Mondiale et FMI), alléguant que la RD Congo ne pouvait s’endetter à cette hauteur avant d’avoir épongé sa dette extérieure. Le montant initial convenu avec les chinois fut ramené à 6 milliards USD, dont il ne semble pas que la moitié n’ait jamais été décaissée. Les milliards de l’Empire du Soleil levant ne sont pas venus aussi massivement qu’on aurait pu s’y attendre. Hélas.
Pold LEVI Maweja