L’homme est demeuré plus que jamais égal à lui-même. Etienne Tshisekedi, le vieil opposant rd congolais s’est révélé tel qu’on le connaît : la démocratie, l’Etat, c’est lui. Le reste, élection, dialogue, ne compte pas en dehors de sa personne. Même si la prestation de celui qu’on a appelé dénommé jusque-là « sphinx de Limete » a révélé un homme plus entamé par la maladie et l’âge que jamais. Expression hésitante et hachée, à la limite de l’incohérence, répétition automatique de phrases et d’expressions ressassées depuis une vingtaine d’années. Pas besoin d’être médecin pour comprendre que cet homme-là est, à l’évidence, manipulé : le discours de dimanche dernier sur le boulevard Triomphal fut celui d’un acteur de théâtre qui avait oublié son texte et dépendait de souffleurs. Sur tout ce qui fait appel à la mémoire, Etienne Tshisekedi a failli, se trompant de dates, d’échéances politiques et d’événements. Il n’y avait pas de quoi être fier de l’homme qui avait si brillamment combattu la dictature du Maréchal Mobutu il y a quelques décennies.
Dimanche à Kinshasa, Etienne Tshisekedi n’a pas seulement confirmé le désaveu du facilitateur du dialogue désigné par l’Union Africaine, traité de « traître » et de « kabiliste » (sic !), tout comme le comité élargi qui l’accompagne. Le patron de l’Udps a décrété que la population l’avait plébiscité mieux que quelque élection que ce soit. Plus besoin d’élections, a-t-il lancé à la foule amassée devant lui dans un langage hésitant et hoquetant. Il ne resterait à Joseph Kabila qu’à… faire ses valises et quitter la présidence de la République, a déclaré Etienne Tshisekedi, invitant la population à « se prendre en charge » sans attendre quelque médiation que ce soit : un appel à la guerre civile à peine voilé.
La Ceni doit, selon le leader de l’Udps qui semble se considérer comme le référentiel absolu, voire le propriétaire de la maison RDC convoquer l’électorat pour la présidentielle seulement. Il a rappelé le schéma qui se dessine selon lui : il est déjà le prochain Chef de l’Etat, qui se chargera de l’organisation de la suite des scrutins. Aussi simple que cela apparaît la démocratisation selon l’ancien adversaire du Maréchal Mobutu n’est pas celle à laquelle les Congolais s’attendent.
A l’évidence, Etienne Tshisekedi est manipulé. Reste à savoir qui tirent les ficelles derrière le vieil opposant et à quelle fin, dans sa famille biologique, dans la classe politique et dans la communauté internationale.
J.N.