En moins de cinq ans, le président national de l’Udps se sera distingué par quatre exploits voulus à chaque fois retentissants, mais souvent pour rien. Primo : l’homme s’est proclamé Président de la République le 6 novembre 2011, avant même la tenue de la présidentielle qui n’a eu lieu que le 28 novembre de la même année. Secundo : s’auto-investir Président de la République le 23 décembre 2011 en sa résidence privée de la commune de Limete, en l’absence stupéfiante de la Cour suprême de justice faisant office de Cour constitutionnelle. Tertio : se faire proclamer le 10 juin 2016, à Bruxelles, leader charismatique de l’opposition politique. Quarto : s’annoncer président de la République pour une transition dont il reconnaît finalement l’inéluctabilité de l’avènement en raison de l’impossibilité technique d’organiser la présidentielle à échéance due. Bref, il s’installe dans la logique de la liquidation de la Constitution actuelle et multiplie des exigences avec pour finalité de faire constater à « son peuple » le refus du panel «Onu-Ue-Ua-Oif et Etats-Unis » de le suivre dans la voie de l’illégalité et de l’arbitraire qu’il s’est choisie …
Peu importe les conditions dans lesquelles la première interview post-Bruxelles Genval du lider maximo a été recueillie : le style est bien le sien, la marque quasiment déposée aussi.
Parmi les questions posées par le journaliste du quotidien Français «Le Monde», trois sont intéressantes pour cette analyse. La première consiste à savoir si Etienne Tshisekedi s’imagine en Président d’une éventuelle transition. Réponse nette et claire du lider maximo de l’UDPS : «C’est ce que je suis, oui». Exactement comme Jésus-Christ répondit devant Ponce Pilate. La deuxième est savoir s’il pense en avoir les moyens. Réponse tout aussi claire que nette : «Absolument, absolument. Je suis prêt, je me suis apprêté à ça». A la dernière, consistant à savoir s’il pense le moment venu d’exercer la fonction présidentielle, il affirme : «Absolument, absolument, absolument. Le peuple est mûr et tout est prêt. Il n’y a pas de problème. Je vous fais savoir que Kabila a volé ma victoire, le 28 décembre 2011. Il n’était rien, il n’était rien ! Il a des militaires, c’est comme ça qu’il a fait».
Le décor est ainsi planté.
S’il se trouve d’emblée une observation à faire à ce stade, c’est que c’est seulement aujourd’hui que le patron de l’UDPS se convainc de la maturité du peuple congolais. Il n’y a pas meilleure façon d’insinuer qu’en avril 1990, lorsque le Maréchal Mobutu décrétait sa démocratisation, le congolais n’était donc pas encore mur. Tout comme il ne l’était pas encore pendant la Cns entre 1991 et 1992. Ni, non plus pendant la guerre de l’Afdl entre octobre 1996 et mai 1997. Et encore moins en août 1998 lors de la guerre d’agression et, surtout pas, entre la tenue du Dialogue intercongolais et la conférence de Bruxelles-Genval, soit de 2002 à 2016, période instaurant le « 1+4 », le référendum constitutionnel ainsi que le premier et le deuxième cycles électoraux. En fait, c’est Etienne Tshisekedi qui dispose du droit quasi divin de décréter ou non la maturité des Congolais par rapport à tel enjeu, ou tel autre.
Autant dire la perfection du « Parti-Etat »
Dans cet exercice nombriliste, déjà auto-positionné président de la République pour la Transition, Etienne Tshisekedi fait une fleur à son fils pour la direction de l’Udps. En effet, à la question de savoir s’il compte léguer le parti à Félix Tshisekedi, il répond : «Je préside un parti qui est tout à fait démocratique. Je disparais et il y a des délais pour organiser un congrès. Si jamais les Congolais pensent que c’est à Félix de me succéder, il me succédera». Le démocrate qu’il prétend être ne fait même pas la distinction entre le peuple congolais et les membres de l’Udps, quand bien même ceux-ci feraient partie intégrante de son parti politique. Pourtant, le bons de l’Udps n’est pas sans savoir qu’un congrès, fut-il celui de l’UDPS, est réservé exclusivement aux Udépésiens en règle et non à la population congolaise.
En vérité, il n’y a rien de surprenant dans le discours d’Etienne. L’esprit «Parti-Etat» ne l’a jamais véritablement quitté, et il est peu sûr qu’il en ait été sevré.
Observons d’emblée que la spontanéité de la réponse favorable à Félix contraste avec la réserve émise quant à la candidature de Moïse Katumbi. Au journaliste qui lui demande si ce dernier « ferait un bon candidat pour la présidentielle », Etienne Tshisekedi se lâche : «Je me réserve. C’est une question pour le futur ».
Cette réponse évasive, il la donne en présence de Raphaël Katebe Katoto, demi-frère du dernier gouverneur de l’ex-Katanga.
Le décor à se planter est donc celui du père Etienne Tshisekedi se positionnant en président de la République et du fils Félix Tshisekedi positionné président de l’Udps.
C’est le parti-Etat au sommet de sa perfection. De quoi faire se retourner le Maréchal dans sa sépulture marocaine.
Le Maximum avec Omer Nsongo die Lema