Joindre Matadi par train à partir de Kinshasa est une fois encore possible. Après une interruption de près de 20 ans, le train express Kin-Matadi-Kin a repris le trafic, depuis quelques semaines, pour le grand malheur des opérateurs routiers privés. Le coût du billet est quasiment identique, environ 15.000 FC. Mais à l’ex-ONATRA, l’on se targue d’une valeur ajoutée : la sécurité autant sur l’axe interprovincial que sur l’interurbain.
La Société commerciale des transports et des ports dispose, l’on sait, de sa propre police de surveillance. Mais depuis fin 2015, l’ex-ONATRA recourt également aux services de la police de police. Les effets escomptés de cette stratégie ont vite été perceptibles. Ça n’est plus que du jadis la lapidation de locomotive à laquelle se livraient, sans crainte d’être inquiétés, des hors-la-loi particulièrement près de la gare de Funa, dans le quartier coupe-gorge de Kingabwa, et vers Masina. Le chemin de fer interurbain est totalement sécurisé dans sa partie Est, qui part de la Gare centrale aux abords de l’aéroport de N’djili. «C’en est totalement fini des Kulunas, des fumeurs de chanvre ou encore des délinquants qui se plaisaient à lancer des caillasses lors du passage du train», confie Mme Annie, fonctionnaire, habitant le quartier Badara, près de l’aéroport de N‘djili. «Ça nous arrive d’être dans deux wagons différents avec ma fille qui étudie à Limete… cela ne m’inquiète plus.», poursuit-elle. Et Alino Mulumba un cireur, habitant de Masina de renchérir, «le dispositif impressionnant des policiers Ngando- crocodiles, surnom donné à la police des polices- a été déterminant pour imposer la sécurité. Aujourd’hui, tout passager paie son ticket. Vous brandissez vos 500 FC avant de passer la barrière de sécurité … sous le regard mitraillant des policiers». Et le jeune cireur de confier, «Malheur aux resquilleurs et fraudeurs…certains de mes potes qui ont tenté de se faufiler en ont eu pour leur compte. Les policiers vous contraignent à une corvée 6 heures durant…jusqu’à midi». Toutefois, rapportent d’autres passagers, il est quand même des jeunes gens qui échappent à la vigilance des agents de l’ordre en se cachant sous le train durant tout le trajet.
Autre avantage du train par rapport au transport routier public ou privé, la ponctualité, admettent des passagers du train «N’djili Aéro-Gare centrale».
Déjà à 5h, le train quitte la gare de l’aéroport, passant par les quartiers populeux (Mapela, Luasa… Bitabe) de la commune de Masina désignée à juste titre, Chine. Certes le train est toujours bondé, mais chacun sait désormais où commence et se limite sa liberté: criailler, scander des jurons grossiers, fumer du chanvre, etc., transformer le wagon en poubelle constituent des actes passibles « d’une éjection du train », pour reprendre l’expression de cet enseignant.
Serge Engbe Stagiaire IFASIC