Seulement un peu plus d’un millier de partisans au meeting de la Dynamique de l’opposition à Kinshasa
Le 26ème anniversaire de la démocratisation mobutienne a été célébré le week-end dernier à travers toute la RD Congo, quasiment. Dans l’ensemble, tout s’est passé sans heurts, sauf à Lubumbashi, dans l’ex. province du Katanga, où le G7 a engagé un bras-de fer avec les autorités locales. Au lieu d’un meeting localisé et sous contrôle des forces de l’ordre, Moïse Katumbi et ses amis ont tenu à organiser une marche à travers la ville. Que la police a dispersé à coups de grenades lacrymogènes, selon les sources locales. L’ancien gouverneur de l’ex. Katanga, récemment passé à l’opposition et aussitôt désigné candidat à la présidentielle par le G7 n’a pas échappé au ridicule en clamant sur les antennes d’une radio périphérique avoir essuyé des tirs à balles réelles. Non seulement l’information n’est confirmée par aucune source indépendante à Lubumbashi, mais pire, elle ramène à la surface la propension de l’ancien gouverneur à forger une image de victime du pouvoir. Victime d’un accident de circulation il y a quelques mois, Moïse Katumbi a joué des pieds et des mains pour maquiller l’incident en attentat contre sa vie. Comme si pour attenter à la vie d’un homme qui circule aussi librement que le vent il fallait autant de maladresses et de ratés.
A Kinshasa, la majorité présidentielle et l’opposition ont, elles aussi, organisé des manifestations publiques à l’occasion de cet anniversaire dont on ne sait s’il faut se réjouir, à en juger par les propos d’un Lambert Mende aux partisans de son parti politique réunis à l’Hôtel Invest de la RTNC à Lingwala. L’autorité morale de la Convention des Congolais Unis ayant soutenu que le 24 avril 1990, le dictateur avait bluffé pour récupérer de la main gauche ce qu’il offrait de la main droite. Les manifestations commémorant le 26ème anniversaire de la démocratisation de 1990 se sont soldées par des fortunes diverses.
Samedi 23 avril, l’UDPS d’Etienne Tshisekedi s’est testé en rassemblant ses partisans au siège du parti à Limete. L’endroit choisi indique que le parti du lider maximo n’escomptait pas grand’monde. Ce fut manifestement le cas au cours de cette rencontre qui a permis à la direction kinoise du parti d’annoncer le retour imminent d’Etienne Tshisekedi, qui vient prendre part au dialogue suggéré par l’UDPS et convoqué par Joseph Kabila depuis des longs mois.
Dimanche 24 avril, Henri Mova Sakanyi et le PPRD ont tapé dans l’œil des observateurs en rassemblant quelques milliers de partisans à la place de l’Echangeur, à l’intersection des communes de Limete, de Lemba et de Matete. Impossible de passer inaperçu : le plus grand parti politique de la majorité présidentielle a ainsi pu passer un message centré sur la préservation des acquis de la démocratie et le respect de l’article 64 de la constitution, ainsi qu’on pouvait le lire sur les T-Shirts arborés par les participants.
Dans une salle de fête de l’Hôtel Invest de la RTNC qui a refusé du monde, Lambert Mende Omalanga et la CCU ont rassemblé près d’un millier de personnes, des jeunes essentiellement, rameutés par la très dynamique Ligue des Jeunes de Thierry Monsenempwo, un confrère de conversion politique récente et plutôt prometteuse.
C’est de la Dynamique de l’opposition, un nouveau regroupement politique qui comprend près d’une vingtaine de partis de l’opposition emmenés par l’UNC de Vital Kamerhe, le G7 de Moïse Katumbi, l’Ecidé de Martin Fayulu, les Fonus de Joseph Olenghankoy, etc, que l’on attendait un rassemblement monstre. D’autant plus que la manifestation prévue dans l’espace compris entre le stade des Martyrs de l’Indépendance et l’avenue de l’Enseignement dans la commune de Kasavubu semblait minutieusement préparée. Plusieurs semaines auparavant, les organisateurs avaient largué à travers la ville des messages de mobilisation invitant tous les kinois sans exception à se rendre au lieu de la manifestation. Il n’en a rien été, ou presque. Dimanche 24 avril, le vaste terre-plein en face du stade des Martyrs n’avait reçu qu’un public clairsemé. « Il y avait plus de drapeaux que de partisans », commentait un confrère qui avait prématurément quitté les lieux, désabusés. Moins de 2000 personnes avaient répondu à l’appel des opposants réfractaires du dialogue national (c’était l’essentiel de leur message à l’opinion). Certains observateurs, qui s’étaient amusés à compter le nombre de personnes présentes au meeting de la Dynamique de l’opposition les chiffrant à quelque 1800 participants. Quoiqu’il en soit de ses estimations plus ou moins passionnées, il reste que l’espace occupé par des manifestants agglutinés juste devant le siège du Fonus sur l’avenue de l’Enseignement est éloquemment illustratif. Rien à dire : Kinshasa n’appartient à aucun parti politique. Pas encore.
J.N.