C’est parti ! La course pour la prochaine présidentielle rd congolaise est lancée, derechef. Si on ignore encore les vraies intentions de la Majorité Présidentielle et de son autorité morale, Joseph Kabila, à l’opposition, l’imbroglio se dessine avec plus de netteté. Après Moïse Katumbi Chapwe, qui a lancé l’idée (avantageuse pour sa personne, selon ses détracteurs dans l’opposition) d’organiser des primaires pour désigner le challenger du candidat de la Majorité Présidentielle, c’est Martin Fayulu Madidi (Ecidé) de la Dynamique de l’opposition qui annonce les couleurs. De la ville de Goma au Nord Kivu où il séjourne depuis jeudi dernier, l’élu de Kinshasa a annoncé ses ambitions à nos confrères de la Radio Kivu 1. Et s’est déclaré prêt à affronter d’autres candidats de l’opposition dans le cadre de primaires à organiser pour les départager. Voilà qui ne va pas resserrer les rangs des opposants, à commencer par ceux qui tentent de se fédérer depuis peu sous la bannière de la Dynamique de l’opposition politique. Où l’on compte des leaders qui ne devraient accepter de s’en laisser compter, comme Vital Kamehre, Joseph Olenghankoy, et autres. A Kinshasa, l’opinion n’a pas encore oublié le bras de fer mémorable qui opposa Kamerhe et Fayulu autour de l’organisation des désormais tristement célèbres manifestations de janvier 2015. Reprochant à Vital Kamerhe d’accaparer les devants de l’opposition politique à son seul profit dans le cadre de la plate-forme dénommée Forces Acquises au Changement (FAC), Martin Fayulu tenta d’organiser sa propre marche sur le Palais du Peuple, qui tourna en eau de boudin faute de sympathisants. On peut s’attendre à de chaudes empoignades entre les acteurs politiques de l’opposition.
Vieilles ambitions déçues
On notera néanmoins que d’ambitions politiques, Martin Fayulu n’en a jamais manqué. Economiste de formation (Université de Paris XII, entre autres), le patron de l’Ecidé commence une carrière discrète dans le pétrole. De 1984 à 2003, il est cadre à Exxon Mobil en même qu’il lance ses propres affaires, dans la restauration et l’hôtellerie.
La carrière politique de Martin Fayulu commence à la Conférence Nationale Souveraine où il siège au nom du Forum pour la Démocratie et le Développement (FDD), un parti politique de l’opposition radicale. Au terme des législatives et des provinciales organisées en 2006, Martin Fayulu est élu député national et député provincial de Kinshasa, mais il opte pour l’assemblée provinciale, après avoir servi de financier de l’Alliance pour la Majorité Présidentielle entre le 1er et le second tour des législatives et de la présidentielle.
L’homme qui intègre l’assemblée provinciale est donc membre de la famille politique présidentielle. Mais il n’en mènera pas moins une lutte farouche contre le MLC Roger Nsingi qui préside la chambre parlementaire provinciale, et surtout contre le patron de l’exécutif provincial, André Kimbuta Yango, son ancien ami intime, susurrent les kinois. Objectif visé : défenestrer l’un ou l’autre de ces acteurs politiques. Mais l’affaire a échoué et Fayulu s’est radicalisé. Peu avant les élections de 2011, en 2009, il crée un nouveau parti politique, l’Ecidé (Engagement pour la Citoyenneté et le développement). Il se fait de nouveau élire député à Kinshasa, et recrute un ou deux autres élus qui remplissent les rangs de son parti politique à l’assemblée nationale.
Avant d’atterrir à la Dynamique de l’opposition, Martin Fayulu a fait partie d’au moins deux plates-formes, les Forces Acquises au Changement (FAC) et la Dynamique Sauvons le Congo. Preuve s’il en est que faute l’homme est à la recherche d’une assise politique beaucoup plus crédible que son petit parti politique. Le nouveau candidat président de la République n’a, en réalité, jamais réussi à faire élire quiconque en dehors de lui-même sur les listes de l’Ecidé, son parti politique. Ce serait un miracle si aux prochaines élections, Martin Fayulu réussissait à placer plus d’une dizaine d’élu à Kinshasa où ailleurs en RD Congo. Mais n’empêche pas l’homme d’affaires d’afficher des ambitions qui, à coup sûr, fragiliseront l’opposition dont il se réclame.
J.N.