Jeudi 17 décembre 2015. Siège du MLP (Mouvement Lumumbiste Progressiste). Au cours de la conférence de presse qu’il anime pour démontrer que le rendez-vous de « Dakar » n’est pas un complot contre la République, Franck Diongo, seul député élu de cette formation politique, met à la disposition des médias l’Invitation et le Programme émanant de la fondation Konrad Adenauer, en plus de l’Autorisation de sortie signée par le président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku Ndjalandjoko. Destination : Sénégal. Objet : « Participer à la Conférence Internationale sur ‘Les Elections et les Processus Démocratiques en Afrique Subsaharienne’ ». Durée 12 jours : du 8 au 19 décembre 2015. Pourtant, l’analyse de ces deux documents brandis par le tonitruant élu de Kinshasa « Franck Diongo confirme bien toutes les appréhensions exprimées par diverses sources sur cette réunion de Dakar.
L’invitation est ainsi formulée : « Cher (es) Participant (es), C’est avec un grand plaisir que nous vous souhaitons la bienvenue à l’Institut de Gorée pour la conférence internationale de Konrad Adenauer Stiftung qui se tiendra du 11 au 14 décembre 2015. Fiers de l’intérêt que vous portez à notre Institut, nous aurons à cœur de rendre votre séjour aussi enrichissant et bénéfique que possible. Voici ci-dessous les détails concernant votre arrivée et séjour à Gorée, Sénégal ».
Première observation : la fondation allemande Konrad Adenauer n’indique pas sur l’invitation la co-organisation de la rencontre avec la fondation sud-africaine Brenthurst du sulfureux Greg Mills. Fait curieux : de la demi-douzaine de participants congolais ayant réagi aux soupçons, seul Félix Tshisekedi a cité Brenthurst ; les autres s’étant limités à n’évoquer que la respectable Fondation Konrad Adenauer. Des deux choses l’une : ou ils étaient au courant de l’existence d’une co-organisation, ou ils ne le savaient pas. Dans la première éventualité, leur silence suscite suspicion. Car, en navigant sur le Net, Brenthurst s’affiche avec comme directeur général Greg Mills. Cet homme dont le parcours insolite ne pouvait que susciter des questionnements pour tout Congolais : avant d’être « conseiller stratégique » (sic !) du président rwandais Paul Kagame dont tout le monde connaît le rôle dans la déstabilisation de la RD Congo, il avait en plus opéré à Kaboul, en Afghanistan, comme chef de la «Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS)» d’abord en 2006, ensuite en 2012. Entre-temps, il a rejoint en 2010 « Prism groupe d’analyse stratégique».
Deuxième observation : les invitations ont été établies individuellement. La tradition veut que pour ce type de rencontre, les organisateurs fassent connaître par avance aux participants l’identité de tous les autres invités, de façon à permettre à ces derniers de réagir en conséquence ou de se préparer. C’est-à-dire d’accepter ou de décliner l’offre. Bizarrement, les organisateurs ne l’ont pas. Samy Badibanga, député de l’UDPS reconnaît que c’est seulement à son arrivée à Dakar qu’il a constaté « la présence de ses collègues députés de l’Opposition ainsi que des représentants de la société civile de la RDC ».
Du programme brandi par Frank Diongo, il ressort que le samedi 12 décembre 2015, lors de la session d’ouverture de la conférence, le premier intervenant à se charger de la « présentation des objectifs/résultats attendus et approches méthodologiques » est un de ces enragés de la diaspora rd congolaise nommé Jean-Jacques Wondo, le même qui introduira le sous-thème «RDC : des élections sur mesure ? », Or, le CV de l’intéressé révèle qu’il est « spécialiste » des questions militaires et géostratégiques, essayiste, né en 1968 à Kinshasa. Une visite sur son propre site est renseigne en outre sur l’anti-kabilisme primaire notoire du sieur Wondo. Son site, d’ailleurs, récupère tout ce qui s’écrit et se dit de mal sur le Chef de l’Etat rd congolais, sa famille politique et sa famille biologique. « Il vit actuellement en Belgique où il offre son expertise et ses analyses en matière militaire et de géostratégie notamment la sécurité dans la région des grands-lacs Africains. Il a suivi une formation d’officier à l’Ecole Royale Militaire(ERM) belge. Détenteur d’un diplôme d’officier en 1994 pour le compte des Forces Armées Zaïroises, il a une licence en criminologie de l’Université de Liège obtenue 1993 et d’un diplôme d’études complémentaires en Sociologie Politique, option relations internationales (Troisième cycle) de l’Université libre de Bruxelles obtenue 1995. Chercheur associé au GRIP (Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité) basé à Bruxelles, il anime des conférences un peu partout dans le monde sur les enjeux sécuritaires et sociopolitiques de la RD Congo, principalement. Il intervient également comme consultant et analyste pour des questions militaires et géostratégiques auprès de la Radio Okapi, la radio de la Mission de l’ONU en RD Congo (MONUSCO), de la Radio Alger III et de plusieurs médias communautaires congolais de la diaspora congolaise. Il est surtout le concepteur et responsable de Desc-Wondo une plateforme web, fonctionnant comme un think-tank, spécialisé en matière de Défense et Sécurité du Congo et de sa région. DESC vise à collectionner les données, à informer, à analyser et à développer une expertise de qualité dans le secteur stratégique de la défense et sécurité en RD Congo en particulier et en Afrique centrale en général ». C’est ce qui peut être retenu de lui sur Wikipedia.
Le même sujet sera par la suite abordé par Jean-Claude Katende de l’Asadho, une Ong qui s’exprime régulièrement, souvent à tort et à travers sur les violations réelles ou supposées des droits de l’homme en RDC et dont on ne voit aucune différence avec la frange la plus extrémiste de l’opposition à Joseph Kabila.
Muet comme une carpe
N’étant donc pas à proprement parler un expert en Questions électorales, JJ Wondo est professionnellement plus proche d’un Greg Mills, conseiller stratégique de Paul Kagame, que des activistes autoproclamés des droits de l’homme comme Jean-Claude Katende.
Autre insolite : on ne voit nulle part, dans le programme remis aux médias par Franck Diongo la moindre information sur les mouvements « Filimbi » et « Lucha », deux groupes anarchisants car non enregistrés comme associations en RDC mais présentés pourtant comme co-organisateurs de la rencontre de « Dakar ».
A l’analyse de tous ces faits, on en vient à se demander si certains Opposants n’y ont pas été entraînés par ceux qui pourraient être qualifiés d’initiés. Il est bien possible que la majorité des Opposants invités aient ignoré la vraie raison du rendez-vous. De même qu’il n’est pas exclu que le gouvernement sénégalais – qui devrait forcément avoir été mis au courant de ces assises – ait vu sa propre confiance abusée par les «organisateurs ». En définitive, trop de zones d’ombres subsistent autour de la messe basse de Gorée.
On sait seulement que l’un des invités, habitué à réagir au quart de tour, a annoncé au lendemain du message du Chef de l’Etat relatif à la convocation du Dialogue « un janvier 2016 plus violent que janvier 2015 avec ses 48 morts dans la capitale » en cas de blocage du processus électoral.
On peut le soupçonner d’avoir managé « Dakar ».
Depuis la clôture de la rencontre de Gorée, il est devenu muet comme une carpe…
LE MAXIMUM AVEC OMER NSONGO D.L.