Le Caire caresse Kinshasa dans le sens du poil. Que des projets d’amadouement pour près de Usd 10 millions, des villégiatures de luxe pour des officiels r-dcongolais au pays des Pharaons…dans l’espoir de conserver à l‘état des cours d’eau qui assurent près de 10% des eaux du Nil.
Le fleuve Nil, c’est 6 671 Km de longueur et un bassin versant de près de 3 millions de Km2 dont 2% de sa superficie seulement se situe en République Démocratique du Congo. Pour autant, ces 2% revêtent tout de même une importance stratégique considérable, puisqu’ils contribuent à environ 20% du débit du Nil blanc. Le fleuve Nil sans lequel l’Egypte ne serait que la continuité du vaste désert du Sahara jouit également d’un apport considérable des eaux du bassin de Shiloango, situé à l’extrême Est du pays. Les cours d’eau de la RDC assurent donc près de 10% des eaux du Nil. Pour mémoire, le traité sur le partage des eaux du Nil remonte à la période coloniale britannique, en 1929, et a été conclu exclusivement entre l’Égypte et le Soudan. Ce traité a été révisé en 1959 et attribue 55,6 milliards de mètres cubes à l’Égypte et 18,5 au Soudan. Déjà en 1891, à l’occasion du protocole de Rome signé entre l’Italie et la Grande-Bretagne sur les frontières entre l’Érythrée (territoire italien) et le Soudan (possession britannique), il a par exemple été stipulé que les autorités coloniales italiennes s’abstiendraient d’ériger une quelconque structure sur le fleuve Atbara, dernier grand affluent du Nil avant la mer Méditerranée, de manière à ne pas en diminuer le débit. Des accords comportant des dispositions similaires ont été conclus avec la Belgique au sujet des affluents du Nil au Congo (1894). Près de 130 ans après, l’Egypte, faute d’imposer le statu quo, tend plutôt la main au Congo devenu indépendant, pour une gestion concertée des eaux du Nil.
GIRE.
A travers le ministère de l’Environnement et Conservation de la nature, le Caire et Kinshasa ont convenu de la mise en place d’une GIRE, gestion intégrée des ressources en eau, à travers laquelle un centre régional ultra moderne de prévisions météorologiques, de suivi hydrologique et du changement climatique, en attendant la mise en application par la République démocratique du Congo de son projet de loi sur la gestion des ressources en eau déjà adopté par la Parlement mais en attente de promulgation. Cette loi consacre notamment la gestion des eaux au niveau des bassins et sous- bassins. Au sujet de la passionnante question de la crise mondiale en eau, une note technique du ministère de l’Environnement indique que «la gestion durable de cette ressource vitale et irremplaçable en appelle à des choix politiques fondés sur la solidarité nationale et internationale ». Comment y parvenir ? « Au moyen d’innovations techniques, de nouveaux modes de gestion plus efficaces, plus économes reposant sur d’une part, la réduction de la demande, de la consommation et d’autre part, la planification des prélèvements et l’anticipation des phénomènes tels que les étiages, les crue et autres, en vue de garantir et d’assurer la pérennité des activités économiques dans le bassin tout en réduisant au maximum les impacts écologiques », lit-on dans la note du ministère de l’Environnement.
Nouvelle culture de l’eau.
«Les défis à affronter et les réponses durables à apporter se feront par la GIRE qui sacralise l’émergence d’une nouvelle Culture de l’Eau, entendons par là une nouvelle gouvernance à l’échelle locale, régionale et mondiale», stipule ce document stratégique. Face aux allégations selon lesquelles les eaux de la RDC finiraient, à coup de traités de transfèrement, de conservation, par échapper aux R-dCongolais, les experts du ministère de l’Environnement et Conservation de la nature soutiennent plutôt que la RDC a le contrôle de tous ses eaux. Que le ministère s’emploie depuis 2013 à l’élaboration de la politique nationale de gestion durable des Ressources en eau de la RDC. Que la moyenne des ressources renouvelables est de 900 Km3 /an. Les plans d’eau de la RDC couvrent 86.080 Km2, soit 3,5 % de la superficie du territoire national, indique-t-on au ministère de l’Environnement. Les nappes phréatiques représentent presque 47 % (421 Km3 /an) des ressources hydrique renouvelables du pays. Aussi, le ministère de l’Environnement amorce-t-il un cadre favorable pour la mise en œuvre des outils de gestion de la GIRE en RDC. A titre d’exemple, il y a le projet GIRE Lukaya en collaboration avec le PNUE, il a permis d’organiser les usagers du bassin, d’installer des stations hydrométriques et météorologiques pour la collecte des données et le suivi hydrologique afin de prévenir les crues, stabiliser les berges, lutter contre la déforestation et limiter la sédimentation. Il y a aussi l’acquisition d’un outil de modélisation pour la planification de la GIRE (NBDSS), il permet notamment l’allocation de la ressources selon les priorités, le suivi du bassin versant et le contrôle environnemental.
POLD LEVI