Jusqu’à hier lundi 9 novembre, date butoir pour les soumissions, la ministre du Portefeuille, Louise Munga, n’avait pas retiré son appel d’offre, lancé le 7 octobre 2015, pour la cession aux privés de la gestion partielle des ports de Matadi et Boma ainsi que le chemin de fer, propriétés de la SCTP ex-ONATRA.
Pourtant, de l’avis du banc syndical de la Société congolaise des transports et des ports, le dossier d’appel d’offre a tout faux. A commencer par le capital social de 949. 930. 000.000 FC, les actifs immobilisés en 2014, 639.379. 343. 937FC ou encore les actifs circulants, 639.379.343.937FC. Toutes ces données ne sont pas fiables, foi du banc syndical de l’ex-ONATRA, du fait que les actifs de la SCTP n’ont pas été inventoriés normalement pour permettre de fixer le capital réel de l’entreprise. Les actifs de la SCPT ont donc été sous-évalués. Le Comité de pilotage de la réforme des entreprises du portefeuille de l’État (COPIREP) en charge du dossier, est devenu la cible des attaques des agents de la SCTP. A la presse, le secrétaire exécutif de cet établissement public, Alex N’Kusu Ndongala Siya, confie que «l’évaluation du patrimoine des entreprises publiques fait partie du processus de leur transformation en sociétés commerciales. Ce processus de transformation a deux volets. La transformation juridique, ainsi que la transformation financière et comptable pour doter l’entreprise de tous ses instruments de gestion. La phase juridique menée par le COPIREP s’est achevée. La phase financière et comptable est de la responsabilité des gestionnaires des entreprises. Cette phase s’est heurtée à des nombreuses difficultés, notamment l’inventaire de la situation patrimoniale. En principe, le management des entreprises doit tenir à jour sa situation patrimoniale. Cela n’a pas été le cas pour la quasi-totalité des entreprises publiques. Dans la plupart des cas, la comptabilité n’était pas à jour, et le patrimoine notamment immobilier, lorsqu’il était connu, n’était certifié par aucun titre de propriété». A la SCTP, l’on estime que Louise Munga a mené une démarche unilatérale dans un dossier où l’implication mieux l’association des partenaires sociaux dont le bureau syndical est indispensable. En outre, de l’avis des délégués syndicaux, il y a vice de procédure dans la démarche entreprise par le ministère du Portefeuille. Le partenariat public-privé devrait formellement s’établir sur base d’une loi qui fait encore défaut. Pour le secrétaire exécutif du COPIREP, «la loi du 7 juillet 2008 portant dispositions générales relatives au désengagement de l’État des entreprises du Portefeuille précise les conditions dans lesquelles le partenariat public-privé doit se réaliser dans ce cas d’espèce». La loi portant dispositions générales relatives au désengagement de l’État des entreprises publiques stipule que la réforme de dites entreprises s’effectuent à travers les organes statutaires de ces entreprises, explique-t-on à la SCTP. Les pourparlers engagés depuis le 22 octobre 2015, entre les délégués de la SCTP et ceux du gouvernement, à ce jour actionnaire unique de l’ex-ONATRA semblent s’enliser. Aucun compromis n’a été trouvé à la date-butoir de la soumission sur l’appel d’offre controversé. Toutefois les syndicalistes ex-ONATRA font leur la recommandation du cabinet international Canadian Pacific Consulting Services (CPCS) recruté par le COPIREP pour réaliser l’étude de mise en œuvre du partenariat public-privé. Ce cabinet avait, en effet, recommandé d’accorder à la SCTP une période de trois ans en vue de la viabilisation de cette entreprise. « Ce délai nous paraît nécessaire pour la remise à niveau des infrastructures d’exploitation de la SCTP. Les travailleurs demandent que ce moratoire soit respecté de manière à permettre à l’entreprise de mettre en application son plan d’urgence avec le comité de gestion en poste et de procéder à l’évaluation au bout de trois ans. L’exécution de ce plan requiert 40 millions de dollars et cet argent nous l’avons grâce à la redevance logistique terrestre. Donc, nous pouvons, nous-mêmes, redresser notre société avec cet argent », a fait comprendre à la presse Lambert Osango, haut cadre de la SCTP et leader de l’Eveil de la conscience ouvrière. Pourtant depuis l’avènement en mars 2015 de la nouvelle équipe dirigeante à l’ex-ONATRA (PCA Vicky Katumwa, DG Kimbembe Mazunga), la SCTP réalise entre 10 et 11 millions de dollars mensuel, grâce essentiellement aux activités portuaires à Matadi. Et à la suite de la reprise du trafic ferroviaire, le train Express a déjà permis d’engranger cinq millions de dollars. «La SCTP n’est pas un canard boiteux, comme certains rapports fantaisistes le soulignent. Nous avons les moyens de redresser notre entreprise en vue de lui permettre de bien fonctionner. La mise en concession intégrée que le COPIREP envisage pour notre société est un danger pour le pays», fait remarquer Lambert Osango.
POLD LEVI