La 10ème édition de la Conférence économique africaine, placée sous le thème «La Lutte contre la pauvreté et les inégalités dans le Programme de développement pour l’après-2015 » a réuni, du 02 au 04 novembre 2015 à Kinshasa, décideurs, praticiens du développement et chercheurs, pour discuter de politiques visant à éliminer la pauvreté et affronter les inégalités en Afrique dans le cadre des nouveaux objectifs universels de lutte contre la pauvreté.
Cette conférence annuelle, organisée par le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (UNECA), constitue un forum permettant d’explorer les cadres politiques, institutionnels et financiers nécessaires pour activer le développement équitable, inclusif et environnementale durable pour l’Afrique. Elle s’est tenue au lendemain de l’adoption, par les dirigeants du monde, du Programme de développement durable à l’horizon 2030 à New York, en septembre dernier.
«La nouvelle feuille de route pour 2030 étant désormais approuvée sous la forme des Objectifs de développement durable (ODD), cette année est déterminante pour le développement africain. Car les ODD doivent, avant tout, et surtout, bénéficier à l’Afrique», a déclaré à cet effet, Steve Kayizzi-Mugerwa, Économiste en chef et vice-Président du Groupe de la Banque africaine de Développement.
Depuis le milieu de la décennie, la croissance du PIB de l’Afrique enregistre un taux annuel moyen de 5% qui dépasse largement la moyenne mondiale de 3%, ce qui est de bon augure pour les perspectives économiques du continent. Cependant, cette croissance n’a pas été inclusive ou équitable, et n’a guère eu d’impact sur la pauvreté.
Comme le constate le Rapport 2014 sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en Afrique, le taux de pauvreté, mesuré par le pourcentage de la population vivant avec moins de 1,25 US $ par jour, a régressé de 56,5 % en 1990 à seulement 48,5 % en 2010.
Par ailleurs, la croissance n’a pas exercé un effet transformateur suffisant pour faire face aux défis entraînés par des chocs tels que la chute des cours des produits de base, une urbanisation rapide, une population toujours plus jeune et de forts taux de chômage.
«Une croissance sans redistribution ne peut venir à bout de la pauvreté ni appuyer un développement durable. La marée montante doit faire flotter tous les bateaux», a déclaré Abdoulaye Mar Dieye, Directeur du Bureau Régional pour l’Afrique du PNUD. «Ce qui signifie que nous devons mettre l’accent sur la résolution des inégalités de revenu, l’autonomisation des femmes, la réduction des écarts de traitement dans les domaines de la santé, de la nutrition et de l’éducation, et la condamnation des préjudices et des stéréotypes qui nourrissent la discrimination et la marginalisation ».
Les nouveaux ODD visent à s’attaquer aux trois éléments interconnectés du développement durable: la croissance économique, l’inclusion sociale et la durabilité environnementale. En Afrique, les efforts pour la réalisation des ODD seront alignés sur la vision d’un continent intégré, pacifique et prospère, telle qu’articulée dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine, qui appelle également à réaliser une prospérité sur la base d’un développement axé sur la personne humaine.
Les participants ont fait le point de l’impact des stratégies de croissance courantes de l’Afrique, ils ont discuté des succès et des leçons apprises et identifié les lacunes à combler, les défis à relever et les questions émergentes. Les conclusions et les recommandations de ces travaux seront communiquées aux différentes parties prenantes du développement, et diffusées dans un numéro spécial de la revue trimestrielle «African Development Review» consacrée aux politiques de développement en Afrique.
En présence du Premier Ministre congolais, M. Matata Ponyo, des membres du Gouvernement, des corps constitués, des ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques, partenaires au développement, représentants des Nations Unies et de la MONUSCO, la 10ème édition de la Conférence économique africaine a été lancée officiellement par M. Kengo wa Dondo, Président du Sénat, au nom du Chef de l’État, Joseph Kabila. Il a réaffirmé les priorités de la RDC (qui a un taux de croissance de 8,4% en 2015) pour conduire le pays sur la voie de l’émergence à savoir stabiliser le cadre macro-économique en maîtrisant le taux de change et l‘inflation; mettre en oeuvre des réformes audacieuses et cruciales sur la façon de gouverner et de produire; fournir de l’énergie car il n’y a pas de progrès ni d’industrialisation sans énergie; améliorer la gouvernance pour que les ressources collectées soient orientées vers les secteurs porteurs de croissance, ce qui permettra de lutter contre les inégalités”.
Lancée en 2006, la Conférence économique africaine a pour but d’encourager le dialogue et le partage de connaissances sur les questions économiques et les défis de l’Afrique.
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