C’est fait depuis le 1er novembre 2015. Le mandat de Martin Kobler, qui a dirigé plus mal que bien la mission onusienne en RD Congo durant 2 années et demi, a officiellement pris fin. Le diplomate allemand cède le flambeau, et un conflit quasiment ouvert, au Nigérien Maman Sambo Sidiku, dont la première préoccupation sera sans doute de relancer le dialogue stratégique entre le gouvernement de la RD Congo et la mission onusienne, recommandé par le conseil de sécurité. Engagé depuis plusieurs mois, les discussions entre les parties, qui achoppent entre autres sur la question du retrait du trop plein de casques bleus (un peu moins de 18.000 hommes) du territoire de la RD Congo, ont lamentablement échoué à cause du style Kobler. Sous le mandat de l’Allemand en effet, la Monusco n’a pas arrêté de multiplier des conditionnalités – qui vont de la restauration de la paix au respect de l’équilibre « mathématique » dans le temps d’antenne accordé à des personnalités de la majorité au pouvoir et à celle de l’opposition dans les médias publics par exemple – au retrait progressif des casques bleus. Plus qu’agacée, la partie rd congolaise a demandé et obtenu le remplacement de l’Allemand, dont le bilan est quasiment nul.
Avec Kobler, le blason de la mission onusienne est demeuré terni. Les faits d’armes notables de la mission de stabilisation se réduisent à sa contribution à la défaite des rebelles du M23, en décembre 2013. Encore que les FARDC doivent davantage ce succès mémorable à la brigade internationale forte de quelque 2000 combattants africains généreusement mis à contribution par les pays d’Afrique Australe. C’est à la RD Congo et aux pays membres de la SADC contributeurs de troupes combattantes et d’hélicoptères de combat que l’on doit la création de cette brigade doté d’un mandat résolument offensif par le conseil de sécurité.
Coopération FARDC-Monusco
L’autre conflit légué par Kobler, c’est l’équation de la reprise de la coopération FARDC-Monusco dans la traque des rebelles hutus rwandais des FDLR. Le gouvernement congolais a décidé de se passer du concours des forces onusiennes pour protester contre l’immixtion de Kobler dans la gestion des forces régulières congolaises dont il prétendait superviser les affectations sous le prétexte d’éviter tout contact entre ses troupes avec des officiers présumés auteurs de violations des droits de l’homme. Fin 2013, le diplomate allemand avait ainsi dénoncé avec une rare véhémence la nomination des généraux Fall Sikabwe et Bruno Mandevu à la tête de l’opération de désarmement forcé des FDLR, au motif qu’ils étaient soupçonnés de graves atteintes aux droits de l’homme.
En fait de graves atteintes aux droits de l’homme, il s’agissait de la mort des suites de blessures reçues au combat et alors qu’il tentait de se soustraire à l’engagement de déposer les armes et de rejoindre Bunia, d’un terroriste patenté et seigneur de guerre iturien Morgan Sadala. La mission onusienne aurait manifestement souhaité que cet homme, connu notamment pour le massacre de nombreux gardes de la réserve à faune Okapi d’Epulu, demeura en vie coûte que coûte. Pour justifier la présence de dizaines de milliers de casques bleus de plus en plus inutiles sur le territoire de la RD Congo selon les autorités de ce pays.
Un problème de priorités sécuritaires
Avec Martin Kobler ou Maman Sambo Sidiku, le problème fondamental réside dans les priorités militaires des troupes onusiennes. Elles ne correspondent pas toujours à celles des FARDC et du gouvernement rd congolais. Ainsi en est-il de la traque des rebelles hutu rwandais des FDLR dont la capacité de nuisance est certainement moins grande que celles des ADF qui massacrent les populations civiles dans la région de Beni depuis fin 2013. La Monusco a fait du désarmement des FDLR la raison d’être de ses 18.000 casques bleus sur le territoire de la RD Congo. Au point, parfois, de gonfler nombre de ces combattants que tous les experts chiffrent à quelque 2.000 hommes.
Selon un rapport de prétendus experts onusiens transmis au secrétaire général de l’ONU le 16 octobre dernier, la capacité de nuisance des FDLR serait restée intacte malgré les opérations de désarmement forcé menées par les Fardc.
Faux, rétorquent des sources gouvernementales et militaires rd congolaises interrogées par Le Maximum, qui revendiquent quelque 957 éléments FDLR physiquement neutralisés, capturés ou rendus sur les 1.200 chiffrés avant les seules opérations menées depuis janvier 2014. Côté rd congolais, les effectifs des FDLR sont donc réduits de plus de trois quarts. Que les experts onusiens prétendent le contraire s’explique par le besoin de justifier la présence des casques bleus sur le territoire national qui génère de juteux budgets opérationnels. No FDLR, no job !
J.N.