Le président r-d congolais, Joseph Kabila, et son homologue sud-africain, Jacob Zuma, se sont félicités, au terme de la 9ème session de la grande commission mixte RDC-RSA tenue à Kinshasa du 13 au 16 octobre 2015, de la signature du protocole d’accord dans le domaine du tourisme, signé par leurs ministres sectoriels le 13 juin 2015. Le tourisme va permettre de stimuler la croissance et la création d’emplois.
Les recettes du tourisme international dans le monde ont représenté près de 220.000 dollars par seconde en 2013, soit un chiffre d’affaires de 7.000 milliards de dollars, l’équivalent de 9% du PIB mondial en employant 283 millions de personnes. Au cours de la même année 2013, la RDC a révisé son plan directeur projeté sur 15 ans avec comme objectifs d’atteindre à terme 1.146.962 touristes internationaux et des recettes de 17.300.000 dollars estimé à 10 % de la valeur du PIB congolais en 2012. Ces objectifs n’ont jamais été atteints. L’instabilité politique marquée notamment les rebellions et la guerre d’agression est passée par là, particulièrement dans l’Est où se concentre l’essentiel des parcs nationaux et réserves animalières. A ce jour, le gros des recettes du secteur du tourisme de la RDC vient du Rwanda où se sont réfugiés plus de 500 familles des gorilles. Selon les autorités de Kigali, chaque touriste paie 500 dollars américains pour visiter une famille de gorilles. Le Rwanda dit partager à parts égales entre la RDC et le Rwanda les recettes relevant de la visite de ces gorilles. Seulement le montant global de la somme rétrocédée n’a pas été révélé.
Dans son programme d’action 2012-2016, le gouvernement Matata a prévu de faire du tourisme un secteur générateur de revenus. Pour ce faire, l’Etat s’est engagé de doter le pays d’une loi- cadre du tourisme et d’en faire un véritable secteur de croissance. Il s’agit aussi de promouvoir les investissements privés ou public-privés pour redynamiser les activités touristiques, réhabiliter les sites estampillés biens du patrimoine mondial en péril, construire de nouvelles infrastructures touristiques, relancer les activités du Fonds national de promotion touristique, mettre en œuvre la réforme du cadre institutionnel de l’Office national du tourisme (ONT). Le programme gouvernemental prévoit, enfin, de renforcer les capacités institutionnelles, humaines, techniques, logistiques et financières, élaborer et mettre en œuvre le plan directeur national et intégré pour le développement du tourisme, promouvoir l’écotourisme et le tourisme des sites historiques.
L’écosystème de la RDC est fait de savane, de forêts profondes, de montagnes, de mangrove, d’un fleuve et de rivières. On y trouve plusieurs spécimens emblématiques parmi lesquels l’okapi, le bonobo, le gorille de montagne, le gorille de plaine, le paon congolais et le rhinocéros blanc. Ce formidable réservoir de faune et de flore est notamment présent au sein des huit parcs nationaux et des soixante-trois réserves et domaines naturels que comptent le pays, dont plusieurs sont inscrits sur la liste des sites mondiaux en danger de l’UNESCO. D’où l’énorme intérêt qu’il suscite, y compris sur le plan touristique. C’est dans cette optique que l’Agence pour l’assurance du commerce en Afrique (ACA) s’est engagée à couvrir les risques politiques sur des projets évalués à 300 millions de dollars. Actuellement, c’est le seul assureur multilatéral couvrant le risque politique, le conflit armé, le risque de guerre, la violence politique, le terrorisme et le sabotage afin de protéger les investissements et les échanges commerciaux en Afrique.
La plupart des investisseurs, nationaux et étrangers, considèrent encore la RDC comme une destination à haut risque et cela a inexorablement empêché certains investisseurs d’y faire des affaires. Les risques politiques sont de nature à bloquer ou à ralentir l’expansion du commerce intra régional, soutient l’ACA. Conscients de ce blocage des investissements, les ministres africains des Finances et du Commerce des différentes régions s’étaient réunis à Kinshasa, en 2010, avec les responsables de plusieurs organismes financiers pour discuter de l’impact des risques politiques sur les échanges commerciaux et les investissements étrangers directs en Afrique.
C’est notamment grâce à la couverture de l’ACA que des investisseurs ont pu bâtir des logements, améliorer le réseau téléphonique et apporter une assistance aux mines en RDC. Après le secteur des mines, l’ACA tourne son regard vers le tourisme.
La même source souligne que l’écotourisme est relativement facile et rapide à mettre en place via l’agrotourisme, le tourisme industriel, fluvial, historique, culturel. Par ailleurs, l’écotourisme ne requiert pas de gros investissements. Les parcs nationaux constituent le créneau idéal pour le développement d’un tourisme de vision (safaris), très porteur économiquement, et/ou d’un tourisme d’aventure (trekking, alpinisme, activités nautiques, etc.). Les experts recommandent au gouvernement de dégager les moyens nécessaires pour déployer des projets d’envergure et optimiser les immenses ressources en latence. Pour ces experts, il y a lieu aujourd’hui de se demander comment relancer cet important secteur quand on sait que la faiblesse du cadre normatif (administration défaillante, réglementation dépassée ou pas appliquée), le mode d’encadrement (absence d’infrastructures ou mal réhabilitées, réseau routier en chantier, déficit de sécurité, absence de formation aux métiers du tourisme) et les moyens d’accompagnement (déficit des supports de communication et de promotion) constituent des obstacles majeurs.
Mais le tourisme reste une matière fragile qui évolue dans un contexte international extrêmement concurrentiel. Ce qui ne permet pas à la RDC d’envisager un tourisme de masse. L’écotourisme est une déclinaison du tourisme qui se base sur le respect de l’environnement. Il est de plus en plus attractif en Europe et dans le monde. Certains pays comme le Costa Rica ont particulièrement bien réussi sur ce plan et récoltent aujourd’hui les fruits de cette volonté d’attirer des visiteurs tout en préservant leur environnement. L’écotourisme est particulièrement adapté aux pays dotés de grands espaces naturels. De plus, il ne nécessite pas d’infrastructures hypermodernes et très consommatrice d’énergie. Bien pratiqué, l’écotourisme sera complémentaire et non substitutif aux activités traditionnelles (élevage, pêche, agriculture). Il peut se développer au sein du monde paysan de manière communautaire avec une juste répartition des tâches et des bénéfices. C’est un tourisme qui combine rentabilité économique, épanouissement social et durabilité environnementale. Il va donc falloir innover, imaginer, être audacieux afin d’apporter des solutions réellement adaptées aux problèmes.
Par exemple, la Belgique participe à la protection de la faune et de la flore dans le parc des Virunga. La Belgique plaide pour un tourisme de vision florissant autour des espèces animales et là où les exploitants forestiers et miniers, l’agriculteur et l’homme ou la femme d’affaires appuient financièrement les réserves naturelles et le développement respectueux de l’environnement. Des investisseurs italiens, eux, s’intéressent à la promotion du tourisme à Kinshasa. Dans le guide touristique de la ville, l’Office national du tourisme subdivise la capitale en sites touristiques : le site de Nsele, dont le Fonds Italia, une institution bancaire italienne, devrait financer les travaux de réhabilitation.
Au Katanga, le tourisme est considéré comme l’un des secteurs alternatifs aux mines pour garantir l’avenir socio-économique. L’objectif est d’en faire l’une des principales activités génératrices de recettes en devises en partenariat avec des investisseurs privés.
PALM