L’affaire des 7 présidents des partis politiques membres de la majorité présidentielle qui ont quitté leur famille politique avec fracas à plus ou moins un an de la présidentielle est sur toutes les bouches depuis quelques semaines. En République Démocratique du Congo comme à l’étranger. Il y a deux semaines, Christophe Lutundula du MSR, Olivier Kamitatu de l’ARC, Charles Mwando Nsimba de l’Unadef, Gabriel Kyungu wa Kumwanza de l’Unafec, José Endundo Bononge du PDC, Dany Banza de l’ACO, adressaient un courrier contestataire au Président Joseph Kabila, l’autorité morale de la majorité présidentielle. Le courrier du Groupe de 7 ressassait l’essentiel des reproches de l’opposition à la majorité présidentielle, notamment, en rapport avec la fin de la mandature entamée en novembre 2011 et le processus électoral, et demandait au jeune Chef de l’Etat de quitter la scène politique. Etant entendu, dans leur logique, que eux peuvent y demeurer comme c’est le cas depuis plusieurs décennies.
Au sein de la majorité présidentielle, le G7 de 7 n’en était pourtant pas à son premier exploit du genre. De l’aveu de leurs anciens coreligionnaires, la fronde était dans l’air depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, puisque les frondeurs en étaient à leur troisième courrier du genre. Le coup semblait muri de longue date.
Le 29 septembre 2015, l’opinion en était encore aux conjectures autour de l’organisation de ce groupe d’acteurs politiques qui n’ont au finish que peu de choses en commun lorsque Moïse Katumbi Chapwe, l’ancien gouverneur de l’ex. province du Katanga, annonçait lui aussi avec pompe sa démission du PPRD. A l’appui de son argumentaire, les mêmes griefs qui tournent autour l’opacité du processus électoral, assaisonné de soupçons de glissement politique dans le chef de Joseph Kabila.
Pour Moïse Katumbi aussi, Joseph Kabila peut quitter l’arène politique, pas lui. Puissant opérateur minier de l’ex. Katanga, l’ancien gouverneur avait lui aussi annoncé ses couleurs depuis près d’une année. De retour d’un voyage à Londres, en décembre 2014, Katumbi Chapwe se félicitait au cours d’un meeting place de la Poste à Lubumbashi, de l’évolution politique au Burkina Faso où le Président Blaise Compaoré venait d’être chassé du pouvoir par la rue. Et ce, après que ce président du plus grand club de football de la RD Congo, le TP Mazembe de Lubumbashi, eut dénoncé toute prétention du Président de la République à un troisième mandat consécutif dans un langage imagé emprunté au football.
Défenseurs de puissants intérêts miniers
En fait, rapporte au Maximum une source bien renseignée, en quelque 10 ans à la tête de la riche province minière du Katanga, Moïse Katumbi s’est constitué un pactole suffisamment important pour s’acheter qui il veut, y compris dans la communauté internationale, parmi les puissances financières mondiales qui exploitent ou convoient les richesses naturelles du Katanga. Sans compter les acteurs politiques nationaux dont la principale caractéristique est qu’ils entendent demeurer aux affaires, quelle que soit la tête du client au sommet de l’Etat. De retour d’un séjour en Europe il y a six mois, un observateur politique confiait au Maximum que dans certains salons bourgeois de Bruxelles, le nom du gouverneur-opérateur minier était sur toutes les bouches. « Que pensez-vous de Monsieur Katumbi ? », lui suggérait-on plus qu’on ne le puisait de question, en réalité. D’autres sources, toutes aussi crédibles, assurent que l’ancien gouverneur s’est bâti une fortune tellement importante qu’il a changé de camp et compte désormais parmi toutes ces grandes entreprises qui écument le sous-sol du Katanga. En deux mots comme en mille, Moïse Katumbi représente désormais, au propre comme au figuré, de puissants intérêts miniers en RD Congo.
Tout le monde dans sa poche
L’ancien gouverneur du Katanga a également profité de la situation pour tisser une énorme toilé d’affidés à l’intérieur de l’establishment politique et économique rd congolais. Peu d’acteurs politiques au plus haut niveau, à Kinshasa comme dans les provinces, échappent au contrôle de cet habile homme d’affaire de père et de mère d’origine zambienne. Avant d’être nommé vice-premier ministre au gouvernement au gouvernement Matata II, un important acteur politique venait de se faire offrir 300.000 USD « d’argent de poche » par l’alors gouv’ du Katanga, confiait il y a quelques mois une autre source crédible au Maximum. Un peu pour suggérer que même au sein de la majorité kabiliste, il en est très peu qui ne jouissent de prébendes stratégiquement distribuées par Katumbi.
Les acteurs politiques de l’ex. province du Katanga n’échappent pas à la règle. Loin s’en faut. L’inénarrable Gabriel Kyungu wa Kumwanza, connu pour sa responsabilité dans le pogrom des Kasaiens dans l’ex province du Shaba sous le Maréchal Mobutu, en a été réduit à se ratatiner face à la montée en puissance financière de Moïse Katumbi, au point de se contenter des fonctions quasi honorifiques de président de l’assemblée provinciale du Katanga durant plus de 10 ans. C’est tout dire de cet homme qui ne manque pas d’ambitions de grandeur. Même Me Muyambo, l’ancien bâtonnier et néanmoins ennemi juré de Moïse Katumbi, a fini par se ranger derrière l’homme fort de Lubumbashi en cosignant la fameuse lettre des frondeurs.
Représentant des puissances occidentales
Le G7 apparaît donc comme la face d’in iceberg dont la dimension réelle se dissimule derrière un épais brouillard d’intérêts politiques et financiers mondialement ramifiés. Et la fronde des 7 patrons de partis politiques de la majorité, un complot ourdi de longue date par des personnalités politiques soucieuses de survivre aux échéances politiques de 2016.