En Janvier 2018, quand les experts, dont ceux de l’agence USGS, estimaient à 16 millions de tonnes les réserves mondiales de lithium, la RD Congo n’avait pas été citée par les potentiels producteurs de ce minerais à l’échelle mondiale. L’Australie, la Chine, le Japon, la Corée du Sud annoncent de gros moyens pour fouiner l’Est de la RDC.
Comme pour le cobalt, la RD Congo bouleverse le hit mondial du lithium, dont la Bolivie passait encore, il y a peu, comme possédant 58% du stock mondial, contre 27% à la Chine.
Quant à la production mondiale, elle s’est chiffrée à 43000 tonnes en 2017, compte non tenu des Etats-Unis qui n’ont guère daigné publier leurs productions pour des raisons stratégiques. De cette production, la Chine en était à 7%, l’Argentine a fourni 13% de la production mondiale, contre 33% pour le Chili et 43% pour l‘Australie.
Des experts s’accordent aujourd’hui sur le fait que la province du Tanganyika, principalement le territoire de Manono, grouille de lithium. Voilà qui explique sans doute le regain d’intérêts des investisseurs, des entreprises des pays asiatiques maniaques de l’électronique, pour la RD Congo.
La Corée du Sud veut s’assurer que Samsung, Hyundai, LG et autres géants industriels sud-coréens pourront poursuivre leurs activités.
Au Japon, majorité et opposition s’accordent sur la nécessité de contrôler le marché d’extraction et d’approvisionnement du lithium, du tantalum, du germanium, de l’indium et de dix-sept terres rares indispensables à la fabrication de ce que le pays du Soleil levant sait faire de mieux: l’électronique grand public, les véhicules à moteur hybride et les pièces de précision.
L’essentiel de la production de ces métaux est actuellement contrôlé par la Chine, ce qui commence à préoccuper sérieusement Tokyo.
L’Australie qui tient pourtant une position dominante sur le marché mondial du lithium lorgne aussi sur la RD Congo. En janvier 2019, la firme australienne AVZ Minerals s’est, on le sait, alliée le plus grand fabricant mondial d’électrolyte de batteries, le Chinois Guangzhou Tinci materials technology en vue du financement du projet Lithium Manono. AVZ Minerals a annoncé la levée de 10 millions de dollars australiens pour faire avancer son projet au Sud-Est de la RD Congo.
Le groupe Forrest s’y est aussi pré-positionné. Il a installé, en mars 2018, une impressionnante centrale de production d’énergie solaire qui a pu redonner vie à un bien vétuste réseau SNEL.
Comme le cobalt, peut-être plus, le lithium entre dans la production des piles et des batteries rechargeables ou à haute tension, des lubrifiants spéciaux, le traitement de l’air vicié par le gaz carbonique. Il est aussi utilisé dans la métallurgie, l’industrie du caoutchouc et des thermoplastiques, la chimie fine ou encore dans l’industrie du verre et des céramiques. Visiblement, des Etats industrialisés d’Asie ne lésinent pas sur les moyens et les pratiques pour s’assurer l’approvisionnement en lithium. Dans un style plutôt ironique, la presse occidentale a rapporté que Séoul a bombardé le président bolivien Evo Morales d’un doctorat honoris causa d’une de ses plus prestigieuses universités afin de caresser dans le sens de poils cet ancien gardien de lamas qui a quitté l’école très tôt, dont le pays regorge suffisamment de lithium. La RD Congo se ferait déjà caresser dans le sens de poils, elle aussi. Attendons voir.
POLD LEVI MAWEJA