Certains Congolais aiment souvent se vautrer dans la médisance et la haine lorsqu’il s’agit de confronter des idées, particulièrement dans le domaine de la politique. Cela s’observe de manière caricaturale surtout quand l’interlocuteur est une interlocutrice. Alors l’inclinaison à jeter l’anathème se manifeste de manière virulente. Plus d’une fois, des hommes même instruits et bien placés sur l’échelle sociale se laissent aller à traiter les femmes de manière condescendante. Souvent sans cause ou pour des raisons qui ne résistent à aucun examen rigoureux.
Les réseaux sociaux ont permis à certains esprits chagrins de pousser ce travers jusqu’à des dimensions déconcertantes. Pas une semaine ne passe sans qu’une femme congolaise ne soit insultée, dénigrée, vilipendée, critiquée, rabaissée, parfois pour un oui ou pour un non.
On s’en donne à cœur joie, comme si ces êtres humains doués pourtant de la même intelligence et jouissant des mêmes droits que l’autre sexe ne méritaient que mépris alors qu’elles donnent la vie et se battent à longueur de journées pour nourrir leurs familles, parfois dans des conditions dont la précarité devrait leur valoir plus de respect et de considération de la part de la gent masculine.
Celles qui ont choisi de faire carrière dans la politique se trouvent ainsi victimes d’insultes grossières chaque fois qu’elles émettent une opinion divergente de celle d’un contradicteur. C’est le cas Mme Jeanine Mabunda Mudiayi Lioko, présidente de l’Assemblée nationale et à ce titre deuxième personnalité du pays qui a été insultée copieusement dans un média audiovisuel par un quidam, membre du parti présidentiel, l’UDPS sans se faire recadrer.
Pourtant, cette dame devrait, plus que bien d’autres, faire la fierté de beaucoup de Congolais pour avoir notamment mené un combat très hardi pour retirer la RDC de la fameuse liste des pays champions des viols. Elle a, pour ce faire, réussi à obtenir la condamnation par la justice des centaines d’auteurs de crimes de violences sexuelles, quels qu’ils soient.
Si la deuxième personnalité du pays peut être traitée aussi violemment par un militant d’un parti politique à cause de ses opinions, on n’ose imaginer ce qu’il pourrait en être d’une maraîchère ou d’une vendeuse de beignets à la criée !
Le leadership féminin dérange-t-il certaines sensibilités machistes dans ce pays ?
Pour l’une des rares fois qu’une femme occupe le prestigieux poste de présidente de l’Assemblée nationale, le Congo ne devrait-il pas s’enorgueillir au regard des enjeux mondiaux dans la mesure où aujourd’hui, la valeur d’un pays se mesure aussi par la place que son élite accorde à la femme ?
Il est temps que les hommes congolais changent et accordent à la femme la place qu’elle mérite dans le respect des valeurs nobles et dans la dignité humaine loin de tout cliché en vue d’une société pleinement responsable.
Arnold Mvuete