Les signaux de la situation que traverse le secteur du sport en RDC sont au rouge. Et ils sont loin, alors très loin, de passer au vert. Malgré les immenses potentialités sportives du pays, rien ne rassure quant à un avenir brillant du sport au pays. Non seulement en termes de talents, mais aussi en ce qui concerne les infrastructures sportives où les joueurs peuvent s’exprimer.
Pour cause, le secteur traverse des moments pénibles depuis sa prise en charge utopique par les dirigeants politico-sportifs.
En effet, faute d’infrastructures appropriées, les athlètes sont contraints d’imaginer d’autres ressources en guise d’aires de jeu. Tout un parcours de combattant.
Pendant ce temps, des responsables politiques censés prendre en charge ce secteur de sport se fondent dans des discours démagogiques séduisants avec des promesses toujours non-tenues quant à l’amélioration des conditions de prestation de nos joueurs et autres athlètes.
Comme toujours, l’Etat sélectionne ses priorités et urgences sans jamais faire attention aux problèmes que pose les infrastructures sportives.
Le président de la République interpellé
Avec plus de 80 clubs affiliés dans ses différentes divisions, l’Entente urbaine de football de Kinshasa-Lukunga (EUFKIN-LUKUNGA) organise le plus difficile des championnats de football de la ville province de Kinshasa. Mais sur quels terrains ? Les seuls viables se trouvent dans des camps militaires (Camp Tshatshi et Centre supérieur militaire) où l’accès est réglementé. C’est en ces lieux que vivent les enfants de militaires (joueurs) et les arbitres (militaires).
Beaucoup dans le monde sportif estime que le seul à pouvoir décanter la situation, c’est le président de la République en sa qualité de commandant suprême des FARDC. Au nombre de ces aires de jeu viables, on note également le terrain de l’UPN (Université pédagogique nationale) qui dépend du bon vouloir des autorités académiques de cet établissement d’enseignement supérieur.
Le cas du terrain de Binza Delvaux
Ce terrain destiné à la jeunesse depuis l’époque coloniale a changé de statut, depuis qu’un quidam à décidé de l’exploiter pour ses propres intérêts. C’est désormais un terrain à problème. La jeunesse du quartier ne sait plus où évoluer.
Pourtant, c’est cet espace qui a produit de grands noms du football congolais à l’instar de l’actuel capitaine de l’équipe nationale de football, les Léopards Dieumerci Mbokani. Santos Muntubile Diela, Jean-Marc Makusu Mundele, Christian Luyindama, Zemanga et autres Basaula, Ndinga Mbote sont également passés sur ce terrain. Même Matthieu Tovo Mozande et Weple Makangu Unzola (président et secrétaire exécutif de l’Eufkin-Lukunga) y ont évolués.
Des enfants qui veulent eux aussi développer leur talent de footballeur jouent dans la rue au risque de connaître un accident de circulation. A Tshangu, la vaste superficie qui sert de terrains de football de la Place Sainte Thérèse, dans la commune de N’Djili a été sauvée d’une spoliation certaine, grâce à Trésor Mputu Mabi, rapporte-t-on.
Pour en revenir au terrain de «Delvaux», l’on espère que les ministres Pius Mwabilu de l’Urbanisme et Habitat et son collègue Sakombi Molendo des Affaires foncières prendront à bras-le-corps ce dossier pour réhabiliter le football à Lukunga. On rappelle à ce propos que le président de la République a récemment déclaré que «tous les stades du pays doivent arriver au même standard que le stade des Martyrs». C’est le lieu de se demander s’il s’embarrase d’avoir l’avis de la base. Etant donné que c’est à partir de cette base justement que l’on détecte les grands talents à l’instar de ceux qui lui ont fait honneur et à tout le pays dimanche 14 novembre dernier au stade des Martyrs face au Benin. Il faut faire remarquer aux autorités que des espaces pour ériger des infrastructures sportives dans la ville, il y en a à foison. Ils sont plutôt exploités par certains pour la construction des hôtels et des résidences particulières et des stations services pendant que la jeunesse, désireuse de déployer ses talents n’est pas prise en considération.
Il est vrai que le gouvernement doit s’atteler à des urgences, mais cela ne devrait pas l’empêcher d’offrir à la population des occasions de se divertir, notamment en mettant à sa disposition des espaces de récréation autant que les aires de jeux. L’organisation du sport, plus particulièrement le football dans le district de Lukunga, serait une contribution à ce genre de divertissement. Le sport étant un des besoins fondamentaux du peuple, il mérite un encadrement et une valorisation non seulement de la part des pratiquants, mais aussi de ceux qui sont censés le protéger et le promouvoir : les pouvoirs publics en mettant en place des mécanismes appropriés et mieux adaptés à cette fin.
HERMAN MALUTAMA